Les chauffeurs de VTC bordelais vont rejoindre, ce mardi 26 novembre, le mouvement national de protestation apparu il y a deux semaines, avec l'annonce de la hausse des commissions retenues sur chaque course par la plateforme Uber. Au programme, une opération escargot qui devrait paralyser partiellement Bordeaux, toute la matinée.
Ils sont à bout et veulent le faire entendre. Ce mardi 26 novembre, une opération escargot organisée par les chauffeurs de VTC partira à 8 h 30 du stade Matmut Atlantique, direction la gare, via les quais. Après un premier point de blocage devant la gare, le convoi reprendra à son allure de gastéropode la direction de l'aéroport, pour un nouveau point de blocage, avant de revenir vers le centre-ville de Bordeaux, la mairie et la préfecture. "On n'a aucun moyen de se faire entendre à part manifester", explique Hicham Abarkan, représentant syndical FO des chauffeurs VTC bordelais.
200 euros par jour
Journée sans fin, salaires infimes, les chauffeurs de VTC veulent alerter sur leurs conditions de travail qui, avec l'augmentation des commissions des plateformes, s'annonce encore plus difficiles. "Je commence parfois à 4h et demi du matin, et je peux finir à une heure du matin, pour essayer de faire au moins 200 euros la journée", explique Eric Arnal, chauffeur VTC à Bordeaux depuis huit ans. Quand il a débuté en 2016, la commission de la plateforme Uber s'élevait à 16% du montant de chaque course. Ce mardi, il sera dans le cortège, pour dénoncer l'escalade de ces prélèvements.
Avec les 45% de commission qu'ils nous font maintenant, ça devient vraiment difficile.
Eric Arnal,Chauffeur VTC
Principale pourvoyeuse de courses, la plateforme Uber a annoncé l'augmentation de sa commission avec des variations de 3% à 45% selon les courses. “Nous allons progressivement mettre en place un nouveau système de tarification basé sur la demande en temps réel et qui permettra aux chauffeurs de fixer leurs prix de manière individuelle. En parallèle, les chauffeurs continueront à bénéficier des protections des revenus mises en place par les accords sectoriels issus du dialogue social", précise de son côté la direction d'Uber. "Ça nous a été annoncé comme une bombe, sans nous laisser le choix, raconte cependant Hicham Abarkan. Si vous n'acceptez pas la nouvelle charte, ils vous déconnectent de leur plateforme."
À Bordeaux, trois plateformes proposent des courses en voiture de transport avec chauffeur : Bolt, Heetch et Uber, qui jusque-là appliquaient toutes un taux unique de 25% de commission sur chaque course. Leader mondial, l'américaine Uber dispose du plus gros panier de clients. Difficile donc quand on est chauffeur de s'en passer. "Ça reste le plus gros prestataire. Uber, c'est une des premières ressources d'un chauffeur VTC", constate Hicham Abarkan.
Selon les syndicats, les représentants de la société Uber en France restent sourds à la grogne et aux demandes de concertation des chauffeurs. "Quand on manifeste, ils ferment les locaux, c'est tout", regrette le représentant syndical.
Pour un numerus clausus
Le seul espoir de la profession repose sur une évolution de la législation, entrée en vigueur en 2015 et précisée en 2018."Tout comme il a imposé la carte professionnelle ou le revenu minimal, le ministère des Transports pourrait décider d'un plafond des commissions appliqué par les plateformes", souhaite Hicham Abarkan.
Les chauffeurs VTC revendiquent aussi l'instauration de numerus clausus dans les grandes villes afin de limiter le nombre de chauffeurs. "À Bordeaux, on est au moins 3 000 chuaffeurs. C'est un secteur d'activité très précaire et déjà saturé", déclare Hicham Abarkan.
Cette demande n'est pas nouvelle, elle a déjà fait l'objet d'une manifestation à Bordeaux en janvier dernier. Mais la préfecture et le ministère des Transports se renvoient la responsabilité de la mise en place d'une telle limitation du nombre de chauffeurs VTC. Sans mouvement de leur part, les chauffeurs VTC assurent reconduire leur mobilisation "chaque mardi" jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues.