CARTE. Érosion et montée des eaux : où se trouvent les logements les plus menacés ?

L'érosion côtière le long de la côte Atlantique menace désormais un nombre croissant d'habitats. D'ici vingt-cinq ans, des centaines de logements sont menacés. Devant de nouvelles projections scientifiques, des mesures urgentes sont nécessaires pour s'adapter à cette menace.

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(Cet article a été initialement publié le  5 avril 2024)

L'océan Atlantique gagne du terrain, et le scénario a de quoi inquiéter. Les projections sont pour le moins pessimistes. Campings, maisons individuelles, bâtiments publics et même voies ferrées seront touchés à plus ou moins long terme. En Aquitaine, 269 logements sont menacés.

À la demande du gouvernement, les experts du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) se sont penchés sur l'évolution du recul du trait de côte à trois horizons : 2028, 2050 et 2100. Un phénomène inéluctable et naturel, amplifié par le réchauffement climatique qui génère une hausse du niveau des océans et augmente l'intensité des tempêtes.

Où se situent les logements menacés ?

En Gironde, 175 logements seraient menacés. Du nord au sud du littoral du département,les communes du Verdon-sur-mer, Soulac-sur-mer, Vendays-Montalivet, Lacanau, Carcans, Lège-Cap Ferret, Arcachon et La Teste-de-Buch sont en première ligne.

Dans les Landes, 42 logements ont été identifiés. Les communes de Biscarrosse, Mimizan, Veille-Saint-Girons, Seignosse, Hossegor, Capbreton, Ondres sont à risque.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, 52 logements sont aussi menacés à Anglet, Biarritz, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz, Ciboure et Bidart.

Prise de conscience des habitants

"Ce sont des territoires très engagés et il y a une grosse prise de conscience des élus, mais aussi des habitants", précise Sophie Panonacle, députée de la Gironde, qui président le comité national du Trait de côte, réuni en assemblée plénière jeudi 4 avril. Les représentants de sept territoires français qui ont un PPA, un plan partenarial d'aménagement, s'y sont retrouvés. "Le PPA permet à l'État d'apporter un soutien financier dans les opérations d'aménagement pour la recomposition du territoire. Il y avait notamment Bidart, Guéthary et Saint-Jean-de-Luz, qui ont une côte rocheuse avec des falaises qui tombent", explique la députée qui s'investit sur le phénomène majeur pour le littoral depuis sept ans. 

La Gironde est très vulnérable.

Sophie Panonacle,

Députée Renaissance de la Gironde, Présidente du Comité national du trait de côte

Le scénario 2050 du Cerema est basé sur une hausse d'un mètre du niveau de la mer, intégrant aussi le recul chronique du trait de côte, soit la limite entre la mer et la terre. Ci-dessous, la carte de la France métropolitaine des projections pour 2050. Avec ses DOM-TOM, l'hexagone possède 20 000 km de côte. La Guadeloupe et la Corse du sud sont les plus touchées.

"La facture sera énorme"

Cette érosion marine a déjà un coût, qui se chiffre par plusieurs dizaines de millions en Nouvelle-Aquitaine. Lors d'un colloque organisé le 28 mars dernier à Lacanau, commune très exposée au recul du trait de côte et où des travaux sont en cours, le président de Région Alain Rousset a lancé un appel à la solidarité nationale demandant à l’état de mettre la main à la poche. 

Sophie Panonacle argumente, elle, en faveur d'une "solidarité partagée". "C'est un enjeu à cent ans qui aura un impact sur l'économie touristique, l'ostréiculture et les espaces naturels. La Région et le Département devront participer au financement des travaux d’aménagement. Tout le monde participera. Même l'Europe, qui le fait déjà à Lacanau (où des fonds européens Feder ont été injectés à hauteur de treize millions d'euros, NDLR ). Et peut-être même aussi les particuliers via leur imposition", précise-t-elle, car "la facture sera énorme".

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Chaque année, l'océan avance sur les terres. Et chaque nouvelle tempête aggrave le phénomène un peu plus. Le constat est alarmant et inéluctable. Certaines communes, comme celle de Lacanau dans le Médoc, est l'une des plus touchées. Plusieurs chantiers sont en cours pour limiter le recul du trait de côte. ©France 3 Aquitaine

Au total en France, 5 200 logements (dont 2 000 en résidence secondaire) sont concernés, pour une valeur vénale de 1,1 milliard d'euros. 1400 locaux d'activités sont également menacés (120 millions d'euros), essentiellement des bureaux et des commerces, selon les experts.

Des zones menacées dès 2028

Les experts du Cerema qui travaillent avec le comité national Trait de côte, ont aussi établi des projections à cinq ans. À cette échéance,  70 bâtiments sont déjà menacés, du nord au sud du littoral aquitain, comme l'indique la carte ci-dessous. 

À ces chiffres, le Cerema ajoute 14 maisons d'habitations et 46 appartements dans les Pyrénées-Atlantiques, une maison et un appartement dans les Landes, et deux maisons en Gironde identifiées comme à risque.

Certains bâtiment, proches de la mer et très exposés aux aléas côtiers, devront être détruits, car la protection sera atteinte à brève échéance. La valeur vénale des bâtiments s'élève à près d'une trentaine de millions d'euros selon les premières estimations. "Les rapports du Cerema ne dressent pas la liste précise des habitations menacées, pour ne pas semer la peur parmi les habitants des zones concernées", précise Sophie Panonacle du Comité national du trait de côte (CNT).

"Des zones inhabitables"

Le ministre de la Transition écologique a tiré la sonnette d'alarme au niveau national. Invité du journal de TF1 jeudi 4 avril, Christophe Béchu a annoncé que 500 communes françaises seront impactées d'ici à 2050 par la montée du niveau de la mer et l'érosion marine.

"Il y aura des zones qui seront inhabitables" sur le littoral, dont 20 % sont grignotés par l'érosion côtière, a alerté le ministre. "On a identifié 500 communes et on a commencé à travailler avec les maires", pour mettre en place " des plans sur mesure", a-t-il ajouté.  "Les documents d'urbanisme" vont être "révisés" sur la base de nouvelles cartes  des territoires menacés, qui seront publiées ce vendredi sur le site du Cerema.

Le Cerema apporte "un point de vigilance" à ces projections. Le recul du trait de côte dépend des conséquences des tempêtes et des éboulements ou glissements de terrain sur les côtes et les falaises. Et l'étude ne considère pas les submersions marines, qui sont des inondations temporaires de la mer par fortes tempêtes. En tout cas, le gouvernement a jugé ces prévisions "très réalistes".

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