"Certains impacts sont très difficiles à contrer" : la Nouvelle-Aquitaine face au défi du dérèglement climatique

Le 20 juin, le Haut Conseil du climat publiait son sixième rapport annuel. Malgré des avancées significatives, l'instance pointe l'impréparation de la France face aux effets du dérèglement climatique. Didier Swinguedouw, vice-président du conseil scientifique régional AcclimaTerra, décrypte les enjeux en Nouvelle-Aquitaine.

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50% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, neutralité carbone d’ici 2050… en France, les objectifs pour limiter le dérèglement climatique sont encore loin d’être atteints. Malgré des avancées positives, le sixième rapport annuel du Haut Conseil pour le climat plaide pour de meilleures mesures d’adaptation pour enrayer le phénomène. L’instance consultative pointe du doigt des politiques à court terme et incite les autorités à augmenter leurs efforts. 

En première ligne face aux aléas climatiques, la Nouvelle-Aquitaine est elle aussi impactée. Lancé en 2016, le Comité scientifique régional sur le changement climatique, AcclimaTerra, participe à l’élaboration de rapports pour anticiper les dangers liés au climat dans la région. Forêts, sécheresse, solutions…son vice-président, Didier Swinguedouw, revient sur les enjeux du territoire.

    “Un pays pas prêt”, même constat à l’échelle régionale ?

    "C'est compliqué d’être vraiment prêts, parce que certains impacts sont très difficiles à contrer", pose le vice-président d'AcclimaTerra. Parmi ces impacts, ceux liés à la sécheresse et cette année 2022, marquée par les incendies en Gironde. Une période "en forme de référentiel", selon Didier Swinguedouw, également chercheur au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Les incendies de la Teste-de-Buch et de Landiras avaient notamment ravagé près de 30 000 hectares dans le département.

    "On a beau avoir une gestion avancée de la forêt, cette vague de chaleur répétée dès le mois de juin, nous a prouvé que l’on n’était pas prêts. Et en même temps, tout était tellement sec qu’une seule allumette pouvait tout embraser. Comment répondre à ça ? C’est très difficile."

    Malgré une année 2023 moins chaude et un début d’été très tempéré dans la région, "cette période nous rappelle constamment à quel point le dérèglement climatique peut avoir des impacts massifs, souligne le vice-président d’AcclimaTerra. Il faut continuer à l’amortir pour éviter ce genre d’événement.

    Les forêts, seules concernées par le dérèglement climatique ?

    L’un des éléments essentiels du rapport du Haut Conseil pour le climat concerne également les puits de carbone, ces écosystèmes qui vont absorber le CO2 présent dans l’atmosphère. Les puits de carbone forestiers sont particulièrement malmenés par le changement climatique, à l’image de ceux présents en Nouvelle-Aquitaine. 

    "Ces puits sont mis à mal par les fortes chaleurs, et il y a une urgence assez claire, indique Didier Swinguedouw. Mais il y a un conflit sur notre territoire : pour certains, il faut limiter le risque d’incendie et donc débroussailler ; mais en débroussaillant, les puits de carbone se réduisent. C’est un vrai défi."

    Dans la région, l’agriculture est également en première ligne, compte tenu des tensions en eau. Au même titre qu’un autre phénomène, celui du retrait-gonflement des argiles (RGA), ces mouvements alternatifs du sol associés à la sécheresse et aux phases de grandes précipitations. 

    Le risque lié au retrait-gonflement des argiles reste non traité.

    Rapport du Haut Conseil pour le climat

    "Le retrait-gonflement, c’est trois milliards d’euros d’impact à l’échelle nationale", affirme le vice-président d’AcclimaTerra. En Nouvelle-Aquitaine, un tiers des maisons sont même concernées selon un rapport. "C’est un aspect majeur du territoire, mais le problème, c’est qu’il n’y a pas de solutions à proprement parler. On ne va pas détruire chaque maison. Donc il faut vraiment agir plus globalement pour éviter ces aléas climatiques."

    Comment progresser ?

    Didier Swinguedouw plaide donc pour une "atténuation" de ce dérèglement climatique, "la meilleure politique", selon lui. Pour le chercheur, des solutions ne peuvent être trouvées qu'après un réel échange entre toutes les parties prenantes : "Il faut que tous les acteurs dialoguent, et poursuivent ces discussions, ne jamais les prendre pour acquises."

    Et le chercheur d’ajouter : "On envisage encore les risques climatiques comme étant ceux qu’on a connus par le passé, mais il faut changer de référentiel parce que ça n’est plus du tout les mêmes phénomènes. Ils sont beaucoup plus forts."

    Un argument qui résonne avec l’une des grandes lignes du rapport du Haut conseil pour le climat : "Les aléas climatiques induits par le réchauffement climatique s’intensifient plus rapidement que les moyens mis en œuvre pour en limiter les impacts." En Nouvelle-Aquitaine comme ailleurs, l'urgence d'agir pour contrer le dérèglement climatique demeure.

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