Il y a un an, l'incendie du sud Gironde, parti de Landiras, détruisait plus de 30 000 hectares de forêt. Élus, comme habitants, restent profondément marqués par cet épisode. La surveillance des sols, de l'humidité et du moindre comportement suspect fait désormais partie de leur quotidien.
Ce 11 juillet 2023, certaines parcelles de la forêt de Landiras sont d'un vert éclatant. Une couleur rassurante, mais trompeuse. Un an après l'incendie dévastateur qui a détruit plus de 30 000 hectares en sud Gironde, la crainte d'un nouveau départ de feu reste dans tous les esprits. Et la surveillance est accrue. "On a des fougères qui paraissent verdoyantes, mais dessous, la végétation qui est morte pendant l'hiver, ne demande qu'à s'enflammer", note Bruno Lafon, président de la DFCI en Aquitaine, l'association de défense des forêts contre les incendies.
Bruno Lafon sait de quoi il parle, et pour cause. Pendant l'été 2022, c'est lui qui coordonnait la lutte contre les feux en Gironde. Des feux monstres, attisés par le vent, la canicule et la sécheresse. Un an plus tard, il pose son regard d'expert sur la forêt qui l'entoure. "Là, on a des conditions qui sont quand même meilleures que celles que nous avions l'an dernier."
La végétation est verte, il y a de l'humidité à certains endroits, mais il faut être vigilant.
Bruno Lafon, président de la DFCIà France 3 Aquitaine
"Plus grand chose à brûler"
Lui aussi, a vécu les incendies de 2022 de plein fouet. Vincent Dedieu, le maire d'Origne, dans le sud Gironde a dû organiser l'évacuation de sa commune. Il se souvient des nuits blanches passées sur le front des flammes, avec son adjoint. Aujourd'hui, il scrute en permanence l'état des sols de sa forêt, décimée. "On parle beaucoup du sol, de la sécheresse, de savoir si l'humidité va nous permettre d'être dans une situation plus favorable. Ce sont des sujets dont on parle avec mon adjoint et en conseil municipal", explique le maire. "Cette année, l'avantage, malheureusement, c'est qu'il n'y a plus grand-chose à brûler", ajoute-t-il. La parcelle sur laquelle il se trouve, auparavant entièrement recouverte de pins, est entièrement dénudée.
Des habitants marqués
Il y a un an, 76% de la commune d'Origne est parti en fumée. Pour le maire, le souvenir reste vivace, et la vigilance de mise, d'autant plus en cette période estivale. "On sait que c'est un moment critique, que c'est une période où les feux vont reprendre un peu partout. Chaque habitant est vigilant."
C'est notamment le cas de Gary Sprengnether, habitant de Guillos, commune voisine d'Origne, elle aussi évacuée en juillet 2022. Pour lui, rien n'est plus comme avant, à commencer par la végétation, qui entoure sa maison. "Là où les fougères commencent, il y avait les pins", explique-t-il, en désignant une parcelle vide de tout arbre, en face de chez lui.
Alors que l'origine de l'incendie de juillet 2022 était criminelle, Gary Sprengnether reconnaît être durablement marqué par ce terrible épisode et se tient en permanence sur le qui-vive. "La moindre personne que je vois en voiture, qui s'arrête le long du fossé ou qui se gare dans le chemin, je vais la voir, lui poser des questions. Au début, je notais même toutes les immatriculations", reconnaît-il.
Cette vigilance et cette prise de conscience pourraient bien faire la différence : 90 % des départs de feu sont d'origine humaine.