Les différents syndicats du CHU de Bordeaux ont annoncé deux mouvements de grève, mardi 26 et jeudi 28 mai, sur les ronds-points du CHU de Bordeaux et de Haut-Levêque, à Pessac.
"Nous avons choisi de faire un mouvement, statique pour respecter les mesures sanitaires, entre 12h et 15h, pour éviter aux agents de poser des jours de grève", précise Alain Es-Sebbar, secrétaire général de la CGT CHU de Bordeaux Pellegrin.Suite aux annonces gouvernementales, FO, la CGT, Sud Santé ainsi que la CNI se sont donc alliés pour alerter sur la situation des soignants girondins. "Le mouvement n’impactera pas les patients ni le fonctionnement des hôpitaux", promet tout de même Pascal Gaubert, responsable FO du CHU de Bordeaux.
Prime pour tous
Annoncée en début de semaine par le gouvernement, les soignants devraient recevoir une prime de 1500 €, pour leur engagement pendant le confinement. Une enveloppe va donc être envoyée à l’ARS de Nouvelle-Aquitaine, qui se chargera de la distribuer."Un jour, tout le monde va l’avoir, une semaine plus tard, elle pourrait ne concerner que 40 % des agents. Ils ont été adulés et applaudis pendant deux mois, mais cette prime serait une véritable marque de respect", assure Alain Es-Sebbar.
L’intersyndicale appelle donc à "l’équité" entre toutes les professions. "Un ambulancier, une ASH, les brancardiers ou les administratifs ont eux aussi été exposés aux risques du Covid et sont venus travailler. Si l’enveloppe est insuffisante, on ne veut pas d’arbitrage", explique Pascal Gaubert.
Manque d'effectif
Les syndicats, qui alertaient déjà avant la crise sanitaire sur l’état du milieu hospitalier, pointent également un manque d’effectif. Certains agents ont, en effet, été affectés à un autre service, en fonction des besoins du Covid-19. Cependant, alors que la reprise des activités se profile, leur nombre risque d’être insuffisant."Pendant la crise sanitaire, on a concentré les troupes autour des services Covid-19, mais maintenant, certains services sont en sous-effectifs, comme en gérontologie par exemple", précise Pascal Gaubert, secrétaire général FO du CHU de Bordeaux.
Une situation d’autant plus difficile à gérer que les mesures sanitaires imposent une surcharge de travail. "Ils doivent faire leur travail habituel et le protocole qui a doublé avec les mesures sanitaires", explique Alain Es-Sebbar.
Pouvoir s'arrêter
Sur le pont depuis le début du confinement, les soignants sont aujourd’hui épuisés. L’intersyndicale craint désormais que les soignants ne puissent pas poser des congés, pourtant très attendus. "On a peur que les soignants décompensent dans les prochaines semaines. Ils n’ont pas pu s’arrêter depuis le 25 février, maintenant, nous demandons le droit aux congés pour tous, de trois semaines", explique Pascal Gaubert. Mais à l’hôpital, le personnel est inquiet : aucun planning de l’été ne leur a été communiqué. "On ne sait pas combien de personnes seront en remplacement, dans quel service, c’est encore très flou", regrette Pascal Gaubert. L’intersyndicale rappelle aussi sa vigilance quant à la majoration des heures supplémentaires à hauteur de 50 %, annoncé par le gouvernement.
En parallèle, les syndicats demandent la requalification des arrêts maladies de certains agents en ASA, une forme de mise en disponibilité. "La grande différence, c’est qu’en ASA, vous ne perdez rien sur votre salaire. Ces agents ont été affectés par le Covid-19 et ne pouvaient pas faire autrement", détaille Alain Es-Sebbar.
Rationnement du matériel
Enfin, l’intersyndicale continue d’alerter sur le manque de matériel adéquat pour tous les soignants. "Nous demandons à ce que les agents puissent travailler dans de bonnes conditions et en sécurité. Ils embauchent encore aujourd’hui la boule au ventre", martèle Alain Es-Sebbar.Rationnement de masque, sur-blouse faite en draps, les syndicats dépeignent une situation difficile. "À l’heure actuelle, les agents sont encore rationnés en masque FFP2 et chirurgicaux, surtout dans les secteurs administratifs. Rien n’est sécurisé, on ne passe pas un jour sans alerter la hiérarchie", regrette Pascal Gaubert.Au-delà de ces mouvements, Sud santé a déposé un préavis de grève illimitée dès demain. De son côté, la CGT a annoncé des mouvements de grève, tous les mardis, jusqu’au 16 juin. "Ce sont des mouvements pour marquer le coup, il n’y aura pas forcément de mouvement, mais nous voulons rappeler que nous sommes là", explique Alain Es-Sebbar.
Aux revendications locales, s’ajoutent les points nationaux, comme la revalorisation des salaires de certaines professions, aujourd’hui précaires. "On reconnaît qu’une infirmière payée au SMIC ce n’est pas normal, maintenant, il faut agir", conclut Alain Es-Sebbar. Même son de cloche du côté de FO : "Les médailles, les soignants n’en veulent pas. Ce qu’ils veulent, c’est un salaire décent", promet Pascal Gaubert.