La troisième ville la plus embouteillée de France a retrouvé son rythme de croisière. Depuis la rentrée, le niveau des embouteillages dépasse désormais légèrement celui de 2019 selon la direction de la circulation et du stationnement de Bordeaux Métropole. Les causes semblent être multiples.
Les embouteillages et Bordeaux, c'est déjà une longue histoire. Mais depuis la rentrée, les usagers de la route font le même constat : accéder à l'agglomération bordelaise et s'y déplacer est devenu infernal. Tôt le matin, tard le soir, souvent même en journée, les bouchons ou les ralentissements sont légion. La rocade et ses accès, les grands axes ou les boulevards bordelais roulent au ralenti, quand ils ne sont pas à l'arrêt. Il est bien loin le temps d'une circulation fluidifiée durant la crise sanitaire.
A la direction de la circulation et du stationnement de Bordeaux Métropole, on constate que le niveau des embouteillages de 2019 est légèrement dépassé depuis la rentrée. Deux principales raisons sont avancées :
Certaines entreprises ont augmenté le travail en présentiel. Et on constate surtout que le réseau de transport collectif TBM a un déficit de fréquentation de 20 % par rapport à 2019
Plus d'habitants sur un réseau déjà saturé
La métropole de Bordeaux gagne près de 10 000 habitants chaque année (+1,2% par an). Leurs déplacements sont venus gonfler en partie les embouteillages quotidiens dans la métropole bordelaise et ses alentours.
D'autres facteurs contribuent également à engorger le réseau routier : la ceinture des boulevards de Bordeaux, principal axe entrant et sortant de la ville, est desormais réduite en quasi-totalité à une seule voie pour les voitures.
Sur la rocade, débutent seize mois de travaux pour boucler la mise à deux fois trois voies.
Et la flambée des prix de l'immobilier dans Bordeaux et dans les grandes villes limitrophes repoussent de plus en plus loin les girondins travaillant dans la métropole.
Selon l'INSEE, 1/4 des emplois est occupé par des habitants hors métropole qui se déplacent en voiture pour 90 % d'entre eux (chiffres de 2017)
Un nouveau schéma des mobilités critiqué
Dans la métropole, 3 millions de déplacements par jour de métropolitains étaient recencés en 2017 par l'INSSE. Et ce nombre ne cesse de croitre.
Pour tenter de décongestionner la métropole, les élus de la nouvelle majorité métropolitaine ont adopté en septembre un schéma des mobilités 2020-2030. Il représente un investissement de 3,3 milliards d'euros au cours de la mandature.
Premier objectif : réduire de 10 % le trafic automobile au profit des transports en commun, du vélo et de la marche.
Selon les études menées par la métropole, 30 % des déplacements en voiture font moins de deux kilomètres.
1/2 ?♀️?♀️ Quels objectifs #marche #vélo ?
— Bordeaux Métropole (@BxMetro) September 10, 2021
? part modale #marche = 32% en 2030
? trottoirs désencombrés, apaisement des quartiers/zones marchables pic.twitter.com/coEKAAr9cN
Parmi les autres priorités : fluidifier les liaisons rive-droite / rive gauche de la Garonne ou proposer "des alternatives attractives" aux liaisons entre la métropole et les territoires voisins, notamment en optimisant l'offre ferroviaire et en déployant une offre de car-express.
Un schéma des mobilités vivement critiqué par les élus de l'opposition. Ils y voient un manque d'ambition et dénoncent (entre autre) le coup de frein sur le développement du réseau de tramway et l'abandon d'investissements dans de vastes infrastructures de transport. Les élus de la droite et du centre militent aujourd'hui pour un métro.
En 2030, avec la hausse de population, le réseau des transports en commun de la métropole TBM devra transporter 800 000 passagers par jour contre 550 000 aujourd'hui.
Quels effets auront les 30 km/h généralisés à Bordeaux ?
Dès janvier 2022, les 30 km/h seront généralisés à Bordeaux. 89% des rues seront concernées contre 37% actuellement.
A cela s'ajouteront durant la mandature : de nouveaux couloirs bus/vélos (35 km contre 10 aujourd'hui), de nouvelles pistes cyclables (28 km supplémentaires) ou encore 25 hectares d'espaces piétons supplémentaires en ville.
La voiture, plébiscitée aujourd'hui pour les déplacements dans et hors métropole, aura moins de place dans Bordeaux. Quels effets auront ces choix politiques dans l'une des métropoles les plus embouteillées de France ? L'avenir nous le dira.