Une amende de 100.000 euros, partiellement assortie de sursis a été requise mardi 21 septembre contre Hubert de Boüard. Le copropriétaire du célèbre château Angélus est accusé d'avoir été juge et partie dans le classement des grands crus de Saint-Emilion par trois propriétés recalées.
"C'est un réquisitoire qui a considérablement réconforté les parties civiles avec la justice. On a des réquisitions de condamnation et de culpabilité à l'égard de monsieur Hubert de Boüard. C'est un énorme pas", a commenté Me Morain, avocat des parties civiles.
Ce mardi, le représentant du ministère public a requis une amende de 100 000 euros, partiellement assortie de sursis, contre Hubert De Boüard, qui répond avec Philippe Castéja de prise illégale d'intérêt. Face à eux, trois familles, (Croque-Michotte, les Corbin-Michotte et La Tour du Pin Figeac), recalées par le classement, réclament justice.
Une participation "parfois dynamique" au classement
"Monsieur de Boüard rentre dans le cadre de la prise illégale d'intérêt par sa participation, parfois dynamique, à ce long processus de classement, a ajouté le procureur, évoquant les nombreux mails échangés entre l'Organisme de défense et de gestion (ODG) des vins de Saint-Emilion et l'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité). Hubert de Boüard était membre de ces deux instances.
Concernant M. Castéja, qualifié de "bien plus en retrait", le représentant du ministère public a laissé une éventuelle sanction à "l'appréciation" du tribunal.
Il y a un grand soulagement d'avoir fait tout ça, pour qu'on arrive aujourd'hui à un tel réquisitoire. On attendra maintenant avec peut-être plus de sérénité, le délibéré qui sera rendu.
"Ces réquisitions sont à des années lumières de ce dont monsieur de Boüard est accusé dans la presse depuis des années, a commenté Me Antoine Vey, l'avocat d'Hubert de Boüard, qui avait demandé la relaxe pour son client. Rien n'a été démontré quant à la participation de monsieur de Boüard dans une décision qui aurait pu influencer le classement".
Certes, monsieur de Boüard est quelqu'un de dynamique, certes, il a voulu œuvrer pour son terroir, mais il n'a absolument commis aucune illégalité et il n'a rien à faire devant un tribunal correctionnel.
Délibéré en octobre
Hubert de Boüard, 65 ans, et Philippe Castéja, 72 ans, répondent depuis lundi à Bordeaux de "prise illégale d'intérêt" pour leur implication présumée, à des degrés divers, dans l'élaboration du prestigieux classement Saint-Emilion, qui garantit à ses heureux lauréats des retombées commerciales et financières colossales.
En 2012, Angélus, copropriété d'Hubert de Boüard avait été promu premier grand cru classé A, au plus haut, et Trotte Vieille, aux mains de Philippe Castéja, maintenu comme premier grand cru classé B. Sept autres propriétés, pour lesquelles M. de Boüard était consultant, avaient été récompensées au classement.
Le délibéré est attendu pour le 25 octobre.