Le jour de la réouverture des boites de nuit, vendredi 9 juillet, une soirée était organisée dans un club de Bordeaux, le Hangar FL. Ce mardi 20 juillet, il s'avère qu'au moins 81 participants à cet événement, et à deux soirées suivantes, y ont été contaminés au Covid-19.
Une semaine après la réouverture des boites de nuit, un cluster a été identifié après une soirée organisée vendredi 9 juillet au Hangar FL à Bordeaux. Ce mardi 20 juillet, l'ARS de Nouvelle-Aquitaine nous annonce que 81 participants à la fête ont été testés positifs. Au total, la soirée rassemblait "moins de 750 personnes" selon les organisateurs. Dans son communiqué du jour l'ARS parle 2000 participants.
De nouveaux cas décelés depuis dimanche
Dans un nouveau communiqué ce mardi 20 juillet, l'ARS indique que ce sont désormais 81 personnes qui ont été testées positives à la covid-19, après avoir assisté "à des soirées organisées le week-end des 9, 10 et 13 juillet par l’Etablissement Hangar FL à Bordeaux." Concrètement, 14 nouveaux cas ont été décelés ce dimanche. Elles sont soumises à un isolement strict de 10 jours, ainsi que leurs contacts proches (7 jours). La situation est suivie de près par l’ARS et la préfecture qui pourront déclencher, si besoin, des mesures complémentaires.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux fêtards accusent le club de ne pas avoir correctement contrôlé l'entrée. Ils déplorent aussi ne pas avoir été alertés par les organisateurs ou les autorités sanitaires.
Contact tracing : les 2 000 participants vont être contactés individuellement
Le contact tracing pour identifier les chaînes de transmission est assuré par l’Assurance Maladie. Les 2 000 personnes qui avaient acheté leurs places via la billetterie en ligne sont contactées cette semaine par sms ou par courriel afin qu’elles se fassent tester et vacciner très rapidement. Un rappel des gestes barrières et des mesures de précaution à adopter dans leur vie quotidienne leur sera signifié, selon le communiqué du 20 juillet de l'ARS.
Compte tenu de l’évolution de la situation, la direction de l’établissement a décidé d’annuler deux soirées qui étaient prévues le week-end prochain les 23 et 24 juillet, en concertation avec la Préfecture et l’ARS.
"Personne ne nous a prévenus"
Thomas est arrivé dans le club à 23h15 vendredi 9 juillet, "il y avait déjà beaucoup de monde à l'entrée", nous explique-t-il par téléphone ce dimanche 18 juillet, alors qu'il est encore alité et fiévreux. Deux vigiles sont postés aux portes, l'un est chargé de scanner les QR codes des pass sanitaires. "J'ai montré mon pass, mais ma carte d'identité n'a pas été vérifiée", témoigne-t-il, ajoutant que deux de ses amis sont arrivés plus tard, et que leur pass a été regardé, mais non scanné.
Lundi, Thomas ressent les premiers symptômes de la maladie, et part se faire tester dans une pharmacie. Le verdict tombe, il est positif, comme un autre de ses amis dans son groupe de quatre personnes. "Personne ne m'a prévenu, j'ai du remonter la piste de la contamination tout seul", déplore-t-il, dénonçant l'absence de communication de la part du club.
Selon le jeune homme, un des membres du personnel du club est lui aussi positif, mais aurait pu être contaminé lors de la soirée en question. Pour rappel, les salariés et les prestataires extérieurs, comme les artistes, ne sont pas soumis à l'obligation du pass sanitaire.
"C'est un copain qui m'a alerté"
Après avoir participé à la soirée, un ami de Marvin s'est avéré positif. "Je suis allé me faire tester, je suis négatif, mais cas-contact", témoigne-t-il par téléphone ce dimanche 18 juillet.
Quand il est arrivé dans le club vendredi, vers 23h30, "il y avait une énorme queue à l'entrée. Il y avait un premier vigile chargé de vérifier tous les certificats de tests, et un deuxième qui scannait les QR codes pour contrôler leur validité. Il nous a fait rentrer, sans vérifier notre carte d'identité". N'importe qui, selon lui, aurait donc pu présenter le pass d'une autre personne...
Il déplore aussi le manque d'information sur la situation. "Le club aurait pu faire une annonce via les réseaux sociaux pour dire aux gens d'aller se faire tester par précaution" estime le jeune homme.
"Sur 15 amis, 11 sont positifs"
Avec sa conjointe, Morgan est venu de Toulouse pour profiter de cette première soirée Hardcore. Il y a rejoint quatorze amis, venus de Niort et Poitiers. Son témoignage va dans le même sens que celui de Marvin et Cyril. "À notre arrivée à 23h30, la fouille a été très sommaire, et nous n'avons eu qu'à montrer le mot 'négatif' sur notre pass pour pouvoir rentrer, il n'a pas été scanné", dénonce-t-il.
Après profité de la soirée, il apprend lundi sur les réseaux sociaux qu'un jeune homme qu'il a côtoyé pendant la soirée est positif. Il fait alors un premier test, puis un second quelques jours plus tard, comme sa conjointe. "Nous avons eu la première dose de vaccin, et nos deux tests étaient négatifs, comme ceux de nos deux amis déjà vaccinés. En revanche, les onze autres ont été testés positifs dans la semaine".
Lui non plus n'a pas été informé par l'Assurance Maladie ou bien le club, ce qu'il déplore. 'C'est à cause de soirées aussi mal gérées qu'on va de nouveau se retrouver à ne pas sortir pendant un an" regrette-t-il.
"L'ARS ne nous a pas contactés"
Nous avons tenté de joindre la direction du club. L'organisateur de la soirée a répondu ne pas avoir été contacté par les autorités sanitaires et avoir découvert la survenue du cluster via nos confrères de Sud-Ouest ce samedi 17 juillet.
Il ajoute que l'Assurance Maladie ne lui a pas demandé la transmission de la liste des participants afin de pouvoir les prévenir et leur enjoindre de se faire tester.
Au sujet des contrôles effectués pour rentrer dans la boîte, l'organisateur indique, comme c'est précisé sur la page facebook du club depuis le 2 juillet : "il vous sera demandé à l’entrée du club un Pass PCR ou Antigenique négatif de moins de 48h vérifiable par un QR code, une présentation de votre carte d’identité, permis de conduire ou passeport."
►Voir la réaction de Bénédicte Motte, directrice de la délégation Gironde de l'Agence régionale de santé :
Quelle information pour les participants ?
Samedi 17 juillet, l'ARS avait confirmé l'identification du cluster lié à cette boite de nuit, en indiquant que quatre personnes avaient été testées positives jeudi 15 juillet, puis 21 à la date de samedi.
Ce dimanche, dans un communiqué, l'ARS précise donc que 35 personnes sont désormais testées positives avec ce cluster, lié à trois soirées organisées dans le même club, avec 14 nouveaux cas décelés dans la journée.
"Le contact tracing assuré par l’Assurance Maladie se poursuit pour identifier les chaînes de transmission" précise l'ARS.
L'agence régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine indique aussi avoir demandé "à l’établissement de diffuser des messages de vigilance pour inviter les personnes ayant participé à ces soirées à se faire tester et à se faire vacciner, si elles ne l’étaient pas encore."
Gérald Darmanin exige plus de contrôle
En réaction, le ministre de l'Interieur Gérald Darmanin, a, selon l'AFP, écrit ce dimanche aux préfets pour leur demander de la fermeté dans l'application des nouvelles mesures anti-Covid, en réclamant notamment des fermetures administratives pour les boîtes de nuit ne respectant pas le contrôle du pass sanitaire.
"Vous veillerez tout particulièrement au respect du contrôle du pass sanitaire par les établissements le requérant dès à présent, et notamment les établissements de nuit", écrit le ministre dans cette note consultée par l'AFP. "La fermeture administrative des établissements n'y procédant pas, ou de façon lacunaire, sera prononcée à brève échéance", a-t-il ajouté.