Colère des agriculteurs : les tracteurs de la Coordination rurale s'installent devant la préfecture de la Gironde

Après le feu de la colère embrasé ce lundi soir par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs sur les quais de Bordeaux, c'est au tour de la Coordination rurale de se mobiliser ce 19 novembre. Une vingtaine de tracteurs sont partis dès 6 heures du matin de Créon et se dirigent vers la préfecture de Bordeaux.

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Ce mardi matin, à l'appel de la Coordination rurale de Gironde, des agriculteurs de l'Entre-deux-mers sont partis tôt de Créon à bord de leurs tracteurs. Ils ont mis le cap sur la préfecture de Gironde dans le quartier de Mériadeck à Bordeaux. Ils ont un rendez-vous avec le préfet, Etienne Guyot, à 10 heures.

Vincent Colineau, agriculteur à Monségur et membre de la Coordination Rurale en Gironde, résume en quelques mots la raison de cette mobilisation :  "ce qu'on demande, c'est moins de charges, qu'on nous libère de la fiscalité, qu'on nous libère des normes !"

La problématique existait avant le Mercosur... S'ils nous rajoutent cet accord, on est enterrés !

Vincent Colineau

Agriculteur à Monségur (33), CR33

 "Vaches, moutons, vignes et arboriculture, kiwis", son activité est à la croisée de toutes les problématiques du moment. Côté élevage, il subit les différentes épizooties, mais aussi des problèmes de prédation, "blaireaux et loups sur le secteur".  "En viticulture, on a des problèmes sur le phyto, en arboriculture, on a des gros problèmes de ressources en eau ! Pour la céréale, c'est pareil !", déplore-t-il. Sans compter la fiscalité qui les assomme : "la MSA, l'assiette n'est pas bonne !"

Comme il produit des kiwis, la problématique de l'eau et de son coût font partie du casse-tête. " On nous fait payer l'eau trois fois plus cher qu'avant, il n'y a pas de raisons", s'indigne-t-il. Selon ce dernier,  "ce sont les agriculteurs qui ont financé les lacs pour retenir l'eau et assurer sa gestion. Pourtant, on a de plus en plus de taxes. Ce n'est pas possible !"

 J'ai payé 3 500 euros de droit à l'eau, j'ai pompé quasiment rien.

Vincent Colineau

Coordination rurale 33

Une rencontre à la préfecture

Une délégation des agriculteurs est reçue ce mardi à 10 heures par le préfet de Gironde et d'Aquitaine Etienne Guyot. Les agriculteurs ont déjà exprimé le fait qu'ils pourraient être "très énervés" s'ils ne sont pas véritablement entendus. "Le préfet est venu dans notre zone géographique en début d'année... J'espère qu'il va ressortir ses notes ! Il n'y a pas grand-chose qui a bougé. Nous, dans un an, on n'est plus là. Et la moitié des gens qui sont dans le cortège arrêtent leur activité".

Nous, dans un an, on n'est plus là !

Vincent Colineau

Coordination rurale 33

Il décrit le moral de ses collègues comme au plus bas, "certains ne se sont pas déplacés. Les gens sont à bout. Il y a ceux qui sont remontés encore plus fort qu'au printemps et ceux qui sont désabusés".

Le foie gras passe mal

Vers 8 heures, le cortège s'est arrêté à Pessac devant la mairie, où ils comptaient faire connaître leur mécontentement quant à la décision municipale de bannir le foie gras. Ils ont déversé une benne de déchets contre les murs de l'hôtel de ville et ont changé le drapeau de l'Union européenne pour hisser les couleurs de la coordination rurale.

On est allé à Pessac pour dénoncer l'interdiction de la mairie de servir du foie gras, en plein bassin de production. C'est une activité traditionnelle du Sud-ouest !

Vincent Colineau

Agriculteur à Monségur, CR33

Ils devraient ensuite reprendre leur route vers Bordeaux. Des difficultés dans cet axe-là sont à prévoir concernant la circulation des voitures, mais aussi du tram.

Un feu de la colère

Déjà lundi soir, ils étaient une quarantaine d'agriculteurs girondins à manifester à Bordeaux à l'appel de la FNSEA et des JA de Gironde. Ils avaient allumé "un grand feu de la colère".

Ce lundi soir, le préfet de Gironde était allé à la rencontre des manifestants.

Ces actions, tant celles de la Coordination rurale que celles de la FNSEA et des JA, s'inscrivent dans le mouvement social actuel de protestation contre le projet d'accord Mercosur. Celui-ci pourrait être signé lors du G20 qui a débuté ce 18 janvier. Emmanuel Macron et sa ministre de l'Agriculture, Annie Genevrard, se sont dits opposés au texte "en l'état".
La France pourrait avoir des alliés dans son désaccord sur les termes du traité de libre-échange avec l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, voire même l'Autriche.

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