Le mildiou touche 90 % du vignoble bordelais. Une cellule d’aide et d’écoute a été ouverte mercredi 12 juillet pour les vignerons par la Mutualité sociale agricole de la Gironde. Elle a déjà reçu de nombreux appels d'exploitants qui se disent "au bout du rouleau".
À peine ouverte, la ligne d'écoute mise en place par la Mutualité sociale agricole (MSA) pour venir en aide aux viticulteurs touchés par le mildiou reçoit des appels de détresse.
Au bout du fil, des vignerons très abattus. Certains comptaient beaucoup sur la récolte à venir. Après plusieurs années de crises, elle s'annonçait particulièrement bonne.
"On sait que cet évènement se rajoute au mal-être déjà connu dans cette profession, explique Isabelle Latrubesse, responsable du service recouvrement contentieux de la MSA Gironde, qui gère la cellule d'écoute. C'est pire qu'un évènement climatique qui est brutal, mais localisé. Là, cela touche tous les exploitants. Le moral est à zéro. Comment vont-ils s'en sortir ? Certains ont déjà d'énormes difficultés financières. Nous avons déjà des appels depuis hier de viticulteurs très abattus. On constate une forte dégradation morale et financière. C'est l'évènement de trop."
Avec le mildiou, les vignerons voient leurs vignes dépérir de jour en jour, c'est très dur moralement.
Isabelle Latrubesse, responsable de la cellule d'écoute MSA 33Rédaction web - France 3 Aquitaine
Ce numéro vert du MSA Gironde (voir tweet ci-dessus) avait déjà été lancé en 2017 après l'épisode de gel sévère dans le vignoble.
En alerte par rapport au suicide
De la pointe du Médoc dans le nord du département au sud Gironde, pas une exploitation n'est épargnée. Même le célèbre vignoble de Saint-Emilion essuie des pertes dans son vignoble plus ou moins importante. Dans l'Entre-deux-mers, certains vignerons ont d'ores et déjà tout perdu, ils n'auront pas de récoltes cette année.
La récolte allait être magnifique, et en quinze jours, elle s'est désagrégée. L'effet sur le moral est énorme. C'est l'épisode de trop.
Nicolas Morin, directeur de la MSA GirondeRédaction web - France 3 Aquitaine
Le directeur de la MSA assure que la cellule d'écoute est en alerte par rapport au suicide. "Comment un viticulteur qui a déjà des problèmes financiers va surmonter cette nouvelle crise ? comment ternir ?", s'interroge Nicolas Morin.
La MSA met en place à l'année des accompagnements à la fois pour l'entreprise, et pour la personne, notamment pour étaler les paiements et alléger la trésorerie. "En période de crise, nous proposons un droit au répit. La MSA prend en charge par exemple des séances avec un psychiatre. Nous incitions aussi les viticulteurs à prendre des vacances, car ce sont des personnes qui n'arrêtent jamais et sont au bout du rouleau."
Lors de la campagne d'arrachage, la chambre de l'agriculture a sondé les candidats qui sont nombreux à vouloir arrêter la viticulture. Avec cet épisode de mildiou, les demandes d'arrachage pourraient bien augmenter.
Plus d'infos sur le site de la Chambre d'agriculture de Gironde