Je chante, tu chantes, il chante, elle chante, nous chantons.... Oui mais ni sous la pluie, ni dehors et encore moins en choeur. Confinement oblige, depuis le 17 Mars nous voilà contraints à chanter, gratter ou taper à la maison.

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Mais qu'en est-il de ceux qui en ont fait leur métier, leur gagne-pain qu'il soit fait-maison ou pas ? Car oui, pour les artistes, aujourd'hui le "fait-maison" est devenu obligatoire. Qu'ils soient rockeurs ou violonistes comme nous tous, ils sont confinés.
Pour se libérer, se délivrer, ils ont fait de la Toile et de leur canapé leur nouvelle scène. Et c'est la même chanson pour toutes les institutions culturelles qui ont dû s'adapter à la situation et proposer un nouvelle offre.


Une nouvelle offre culturelle


Passées la sidération de l'annonce du confinement et les annulations en cascades de tous les concerts et spectacles, structures officielles et artistes se sont peu à peu organisés. Depuis le 1er avril, l'un des principaux réseaux sociaux a lancé le festival #Jerestalamaison.
 
Tous les jours jusqu'au 7 avril, de 16 heures à minuit, la plateforme propose aux artistes de se produire depuis chez eux. Plusieurs groupes ou formations originaires d'Aquitaine participent à l'événement. C'est le cas de Botibol (lundi 6 avril à 19h), de Yodimah (samedi 4 avril à 17h30) ou des Blackbird Hill qui se sont produits le premier jour.

 

Ces trois artistes aquitains ont tous un point commun : ils sont lauréats de la Pépinière (une sorte d'accompagnement des groupes locaux vers la professionnalisation ) du Krakatoa. Cette salle historique de la Métropole bordelaise a dû elle aussi s'adapter à cette situation inédite. Tous les concerts sont annulés ou reportés.

"Un coup dur" pour Alice Duboé, responsable de la communication du Krakatoa.

Le dernier concert que nous avons pu assurer était celui de Nada Surf le 9 Mars dernier et depuis nous avons fermé nos portes.

Mais la structure ne compte pas rester les bras croisés. "Le but est de rester là, présents pour les musiciens et les spectateurs" rappelle Alice Duboé.
L'accompagnement aux artistes via la Pépinière est toujours actif mais avec quelques aménagements. Les entrevues se font par téléphone ou en vidéo conférence.
Par ailleurs, le Krakatoa propose sur son site des idées, des liens "pour continuer à entretenir le lien culturel, et permettre l'accès à une offre artistique, en particulier pour le jeune public".
Occuper ses enfants pendant le confinement peut parfois se montrer compliqué pour ne pas dire périlleux. Cliquez sur la rubrique "Blottis" ... Peut-être une source d'inspiration salvatrice pour vous et votre progéniture en manque d'occupations et de culture!

Les grands orchestres français font face à cette nouvelle donne. Avec parfois des idées originales, la version du Boléro de Ravel par l'Orchestre National de France est virale
 

L'orchestre National de Bordeaux prend aussi sa part dans ce moment si particulier. Contraint à la fermeture depuis la mi-Mars, l'ONB propose sur son site 3 spectacles captés cette année.

Ce confinement est aussi l'occasion de s'interroger sur ce que nous proposons et comment nous le proposons.
Olivier Lombardie - administrateur général de l'ONB -

Les professionnels sont face aujourd'hui à deux défis : ne pas perdre la cadence, l'excellence artistiques et garder un lien avec le public. Du jamais vu.
Alors que le directeur du Ballet de l'ONB organise des sessions à distance avec ses danseurs, les musiciens eux postent régulièrement des vidéos de leurs répétitions à domicile.
 
L'occasion pour ces artistes de créer un lien nouveau avec le public et pourquoi pas d'aller toucher de nouveaux spectateurs jusque là éloignés de la musique classique.
Mais comme nous tous, le musicien est un animal social et rien ne remplacera jamais le contact. C'est évidemment à distance et par téléphone qu'Olivier Lombardie précise avec beaucoup de passion et d'émotion que pour lui et les musiciens de l'orchestre sa vision.

Ce confinement est une vraie contrainte, parce que notre ADN c'est le spectacle vivant et la musique sur un plateau, avec ces moments uniques où la chair de poule nous vient collectivement à l'écoute d'une grande oeuvre interprétée devant nous. L'émotion collective est irremplaçable.

Le collectif, le partage sont également les raisons d'être de l'association de médiation culturelle "Les Caprices de Marianne". Dans l'idée que la musique classique doit se rendre accessible pour tous, l'association vient de lancer l'opération croque-musique. Tous les mercredis et samedis à 16 heures, rendez-vous est donné sur le site  pour " découvrir l'histoire de la musique classique de manière ludique et poétique". Chaque épisode permet de découvrir un nouveau compositeur. 
 

Être musicien et enfermé


Si cette émotion collective est irremplaçable, la vie des musiciens ne s'arrête pas en période de confinement. Stéphane Rougier est premier violon de l'ONB. Avec humour il se souvient :

Ce confinement, on le connait depuis notre adolescence.

et de rajouter :

Nous sommes habitués à rester à la maison pour travailler et encore travailler sur notre instrument, pendant des heures et des heures.

Pour ce virtuose qui a posé son étui à Bordeaux en 1999, cet enferment forcé est aussi l'occasion "d'avoir le temps d'avancer sur mes projets personnels, comme un futur album en collaboration avec mon épouse pianiste ou encore trouver ce temps si précieux dont parfois je manque pour approfondir ma technique et ma gestuelle sur mon instrument. "  Le couple en a profité pour mettre en ligne des répétitions sur les réseaux sociaux.
Finalement, Stéphane Rougier conclut ainsi :

On le savait, mais là on le vit tous les jours, définitivement la musique nous permet de nous évader.


Le confinement et la création artistique


Certains ont même poussé le bouchon plus loin en se servant de ce confinement comme d'une expérience artistique. L'idée nous vient d'une lointaine contrée où l'on parle encore la langue de Molière : le Québec.
Là-bas un Bordelais exilé depuis 2003 à Montréal postule pour participer à cette expérience unique. Lignes parallèles n'est ni plus ni moins qu'une résidence d'artistes virtuelle. Avec cette question : le confinement est-il favorable à la composition musicale ou plus largement à la création artistique ?
Notre Montréalais/Bordelais, Jérôme Rocipon, auréolé de deux Félix (l'équivalent de nos Victoires de la Musique au Québec) en 2006 et 2009 pour le meilleur album électronique de l'année, s'est donc lancé dans le défi. Confiné, il s'est filmé au quotidien lors de son processus de création.
 
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« ...je finis un truc là et j’arrive... »

Une publication partagée par Jerome Rocipon (@jeromerocipon) le

 

Dis moi ce que tu écoutes, je te dirai ce que tu éprouves

 

S'évader. Artiste confirmé et confiné, ou simple béotien enfermé, pour nous tous, ce verbe, ce mot prend tout son sens aujourd'hui.

Ne dit-on pas que la musique adoucit les moeurs ? Adoucirait-elle le confinement ? Qu'on la pratique ou qu'on l'écoute tout simplement la musique est-elle une arme efficace pour lutter contre un effet secondaire de l'épidémie de Covid-19 : l'anxiété ?
On a envie de dire oui mais pour le savoir, donnons la parole, ouvrons nos oreilles à l'éclairage apporté par LE spécialiste français des effets de la musique sur notre moral, Jean-Michel Vivès. Psychanaliste, et professeur à l'Université de Nice en psychologie, il est aujourd'hui considéré comme une référence sur ce sujet, notamment grâce à son livre "La Voix sur le divan".

A la question qu'avez-vous à dire sur musique et confinement, le spécialiste est sans détour.  

C'est peut-être paradoxal mais historiquement, en situation de confinement la musique a souvent été utilisée comme un instrument de torture. Dans la tristement célèbre prison américaine de Guantànamo, située à Cuba, les Américains utilisaient la musique pour empêcher leurs prisonniers de dormir ou leur imposer cette culture qu'ils rejetaient et combattaient.

Aïe! Non ne jetez pas tout de suite vos disques ou votre smartphone qui fait office de lecteur ! Au-delà de l'aspect anecdotique, cet exemple nous rappelle juste la force, l'impact et l'influence de la musique sur notre corps. L'Universitaire rajoute :

Une étude menée par un grand neurologue américain (Oliver Sacks, dans son ouvrage Musicofilia) démontre que le cerveau met plus de zones en action pour le traitement de la musique qu'il n'en utilise pour le langage.

Donc OUI !  La musique est bonne pour notre organisme et notre mental. Elle vibre en nous et convoque nos émotions, notre affect.

En cette période de confinement, propice au stress, à l'anxiété ou même parfois à un état dépressif, le psychologue nous invite à être attentifs à nos choix musicaux.
Ils en disent plus qu'on ne le pense de notre moral. Comme l'amoureux éconduit n'aura pas envie de se précipiter sur l'intégrale de la Compagnie Créole, le "confiné" va malgré lui choisir une musique qui parle à la place de son inconscient. Le spécialiste nous invite donc à nous laisser pénétrer par la musique qui "plus qu'un message devient un massage" de notre corps et de notre âme.
Voilà qui est dit. Laissez-vous masser par le son, c'est bon !
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