Depuis 2013, la « crise de la pilule » a remis en question le contraceptif préféré des Françaises. Effets secondaires, risques pour la santé, ou ras le bol des hormones, le désamour envers la pilule est grandissant, surtout chez la jeune génération.
"Le 13 juin 2006 je me suis effondrée, victime d'un AVC massif. Et tout de suite, on a vu que c'était la pilule", la Bordelaise Marion Larat continue de témoigner 13 ans après son accident.
Handicapée à 65%, Marion ne peut plus réaliser certains gestes du quotidien. Sa main droite est paralysée et elle souffre d'épilepsie.
2013 : crise de la pilule
En décembre 2012, Marion est la première femme à porter plainte contre un laboratoire pharmaceutique et contre l'Agence Nationale de la Sécurité du Médicament. Avec ses parents, ils se sont lancés dans cette bataille juridique après avoir compris que sa pilule contraceptive était à l'origine de l'AVC. Les médias s'emparent de l'affaire : le scandale autour des pilules de 3e et 4e génération éclate. "J'ai encore beaucoup de colère et c'est normal en tant que lanceur d'alerte", se confie Marion.Les pilules de 3e et 4e génération apparaissent dans les années 90 et sont censées réduire les effets secondaires. Mais dans les faits, elles représentent jusqu'à quatre fois plus de risques de provoquer un accident circulatoire grave.
Dans le sillon de Marion, une trentaine d'autres victimes portent plainte et Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, fait dérembourser ces nouvelles pilules.
Méfiance envers la pilule
Cette décision entraîne la chute des ventes des pilules 3e et 4e génération et les femmes sont de plus en plus méfiantes envers la contraception hormonale. En 2010, 40% de femmes prenaient la pilule contre 33% en 2017.Au CHU de Bordeaux, le Professeur Horovitz gynéco-obstréticien proche de la retraite a constaté cette baisse de la consommation de la pilule. Pour lui, c'est seulement un effet de mode : "C'est un effet sociétal, on a fait peur aux gens donc les gens ont peur."
Symbole de libération
Pour certain, il est très difficile de remettre en cause la pilule : son arrivée en France a été une vraie libération pour les femmes. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception en France, c'est une révolution dans les foyers."Avant la pilule, il n'y avait rien du tout. Donc ça a été une manière fabuleuse de contrôler son corps. La pilule ça a été une telle libération que ca ne me vient pas à l'esprit de la critiquer", souligne Nicole Blet, militante féministe au Planning Familial de Bordeaux.
Nouvelle vague de féminisme
Mais en avril 2019, Sabrina Debusquat remet en question cet acquis avec un manifeste féministe : "Marre de souffrir pour ma contracetion."Elle demande une concetation nationale pour que les femmes puissent accéder à une contraception épanouissante. "Si on veut se diriger vers un monde où plus personne n'ait à souffrir, à mourir ou à êtrehandicapé pour sa contraception, il faudra forcément que ça passe par des budgets d'état.", martèle-t-elle.
Aujourd'hui, la parole des femmes se libère, notamment sur les réseaux sociaux. Des milliers de témoignages révèlent un vrai malaise. 52 ans après l'arrivée de la pilule en France, la majorité des femmes réclament une contraception fiable, indolore et qui ne serait pas dangereuse pour la santé.