​​​​​​Coronavirus : « SOS Amitié » se réorganise pour pouvoir faire face à une explosion des appels

L’association change ses modalités d’action pour faire face à la crise. Les bénévoles vont pouvoir travailler depuis chez eux et répondre ainsi à un plus grand nombre d’appels. « Les chiffres vont exploser », annonce la présidente de l’antenne bordelaise.
 

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« Nous sommes dans l’inédit », avoue Mireille Ferrand-Decourt. « Et nous pensons beaucoup en ce moment à tous ces bénévoles de l’association et qui ont les ailes coupées, SOS amitié pense a eux », explique la présidente de SOS Amitié à Bordeaux.

Pour ne pas avoir les ailes coupées et continuer à assurer sa mission, SOS Amitié met en place, le temps du confinement, un nouveau dispositif à l’échelle nationale. Les bénévoles vont pouvoir dès mardi travailler, ou plutôt écouter, à leur domicile. Ainsi, ils pourront continuer à répondre aux appels des Français : des soignants, plus largement des professionnels continuant à travailler, des personnes malades, mais aussi de tous ces hommes et ces femmes confinés.

Si récemment le traitement de ces appels avait été à la baisse, ils sont depuis plusieurs jours à nouveau en augmentation. Et clairement, les bénévoles de l’association s’attendent à une explosion de ceux-ci dans les prochains jours.

« SOS Amitié met son expérience d’écoute anonyme 24h/24 en priorité à tous ceux qui font face au coronavirus : les soignants, les familles endeuillées, les malades et leurs proches, les plus isolés et tous ceux qui continuent de travailler au service des autres et de leur entreprise », a fait savoir l’association dans un communiqué. 

« Ce qui revient le plus, c’est la peur »

Il existe 44 antennes de SOS Amitié en France. Toutes sont mobilisées. « Nous sommes très inquiets », avoue Mireille Ferrand-Decourt. « Nous nous attendons à écouter des gens qui sont entre la crise suicidaire, la détresse, et la décompensation, le choc post-traumatique à grande échelle. J’espère qu’on est alarmiste et que la réalité nous démentira ».

Avant la crise du coronavirus, SOS Amitié traitait 2000 appels jours au niveau national, c’est-à-dire un appel sur quatre. A partir du 15 mars, il y a eu une baisse de 50% des appels traités « car les écoutants ont dû rester confinés chez eux ». Mais depuis trois jours, ils sont de nouveau à la hausse. « Dans les jours à venir on va avoir plus de 2000 appels, les chiffres vont exploser », prévoit la présidente bordelaise.

« Ce qui revient le plus, c’est la peur d’être malade, le drame de ne plus pouvoir se rendre dans l’EHPAD où vit un père ou une mère, la difficulté de faire cours à la maison pour les enfants, le saut dans le vide dans le XXI siècle, l’effondrement de notre société, du monde occidental, plus les pathologies habituelles », explique Mireille Ferrand-Decourt.

           Certains baissent déjà les bras.

Mireille Ferrand-Decourt


Le confinement ? « Ils n’en peuvent déjà plus, des agacements qui font craindre des drames, des mésententes de couple,  certains baissent déjà les bras, on le pressent », confie Mireille Ferrand-Decourt, « après notre regard est biaisé, car les gens qui vont bien ne nous appellent pas ».

Daniel est bénévole pour l’association depuis plus de trente ans. Trois décennies passées à écouter les autres, à « mettre des mots sur les maux » comme il dit. Depuis une semaine, il traite les appels habituels mais aussi de toutes nouvelles problématiques.
« C’est beaucoup de problèmes d’angoisse : l’angoisse pour les proche, l’angoisse d’aller travailler sans masque, l’angoisse de ne pas savoir comment on va finir le mois, celle de perdre son travail, d’être malade, de mourir. Il y a ceux qui sont sur le terrain et qui ont peur d’en parler avec leurs proches de crainte de les inquiéter. On a eu des soignants, des personnes travaillant dans le domaine funéraire qui n’avaient pas de masque, des gens qui sont aussi en maison de retraite qui ont des masque mais pour combien de temps, des gens qui sont confinés chez eux et qui s’angoissent pour leurs proches qu’ils ne peuvent plus voir », détaille Lionel.

« La question du suicide est sous-jacente », explique le bénévole. « On  sent en effet que les gens ne s’autorisent pas à en parler, mais ce rapport à la mort, il est présent. Si on nous appelle, ce n’est pas anodin et derrière chaque appel on peut imaginer que les idées noires sont là ».
 

Les bénévoles vont exceptionnellement travailler à domicile

Daniel a 53 ans et souffre de problèmes de santé. Il travaille dans le social et son employeur lui a demandé de ne plus venir travailler, le considérant comme « personne à risque ». « Mais je veux continuer à être à l’écoute de cette souffrance ». Et c’est via SOS Amitié qu’il le fait.

Daniel s’est rendu hier pour la dernière fois « à son poste ». C’est-à-dire au local de SOS Amitié à Bordeaux. Un petit local fait de plusieurs pièces isolées disposant chacune d’un téléphone. Un lieu équipé d’une cuisine et d’un lit pour se reposer. Aujourd’hui, il est chez lui et dès demain il devrait pouvoir reprendre des appels, mais cette fois à son domicile. « La technique va pouvoir prendre le relais », dit-il.

« On déploie des forces exceptionnelles avec les opérateurs pour que le plus grand nombre d’appels puisse nous parvenir à domicile», dit la présidente de l’antenne bordelaise.

« Beaucoup de nos bénévoles sont de jeunes retraités, donc des personnes fragiles avec parfois des pathologies, qui ont eu l’obligation de se confiner », explique Mireille Ferrand-Decourt. Il a donc fallu trouver des solutions pour préserver ces populations fragiles et appliquer les directives gouvernementales tout en continuant cette mission d’écoute.
 

Toujours le même respect de l’anonymat et de la parole donnée

"Jusqu’ici, les écoutants faisaient une permanence par semaine », explique Mireille Ferrand-Decourt, « désormais ils vont faire en sorte de se rendre quasiment disponibles tous les jours », et ce, grâce au travail à domicile.

Nos bénévoles ont un ardent besoin d’agir et vont se rendre disponibles sur des plages horaires beaucoup plus grandes.


«Ça change tout, on pourra à Bordeaux être à nouveau 40 écoutants, et ainsi, à domicile, nous serons respectueux des consignes des médecins qui invitent à rester chez soi, discours dont nous sommes totalement solidaires ». La présidence de l’association tient à préciser une information. « C’est important ». Les conditions resteront les mêmes. Aussi bien pour celui qui appelle que pour le bénévole. « Nos écoutants vont s’engager sur l’honneur à ne pas écouter sur un coin de table, à respecter confidentialité et tout les règles inhérentes à nos méthodes de travail. Aucun de leur proche n’aura accès à la salle où ils travailleront. Ils s’engagent sur l’honneur dans le respect de la parole donnée », précise-t-elle. Ce dispositif est mis en place seulement durant la période du confinement. Dès la fin de celui-ci, l’association recommencera à travailler comme elle avait l’habitude de le faire.
 

En immersion avec l'équipe de SOS Amitié à Bordeaux  il y a quelques mois

> ce grand format de Candice Olivari et Sébastien Delalot >
















 
Comment contacter SOS Amitié à Bordeaux ?
VOUS POUVEZ CONTACTER (APPEL GRATUIT) SOS AMITIE AU : 09 72 39 40 50
Si vous habitez Bordeaux ou sa région, voici le numéro : 05 56 44 22 22

Pour toute information sur SOS Amitié, cliquez ici : https://www.sos-amitie.com
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