La réanimation au CHU de Bordeaux est à son maximum. 90 % des patients ont contracté le variant anglais. La situation reste tendue mais des signaux positifs laissent espérer une amélioration en Nouvelle-Aquitaine. L'infectiologue Charles Cazanave fait le point après dix jours de confinement.
C'est compliqué mais pas alarmant. Voilà comment Charles Cazanave, professeur en maladies infectieuses, résume la situation au CHU de Bordeaux où 150 patients sont actuellement hospitalisés pour des cas de la COVID-19, dont 50 en réanimation ou en soins continus.
La réanimation est à son maximum, nous restons sur des chiffres élevés. Il faut s'adapter pour trouver des places dans d'autres structures car on veut limiter au maximum les déprogrammations d'interventions pour d'autres patients.
[#COVID19 Situation en #NouvelleAquitaine au 13/04]
— COVID — 19 - Nouvelle-Aquitaine (@NA_Covid19) April 13, 2021
?Patients hospitalisés : 1 344 (+ 4 hospitalisations en 24h)
?Plus forte augmentation : Vienne (+ 10 hospitalisations en 24h)
?Plus forte baisse : Charente (- 7 hospitalisations en 24h) pic.twitter.com/WSBdh8u7yV
Variant anglais et surpoids
90 % des patients pris en charge au Centre hospitalier universitaire de Bordeaux ont contracté le variant anglais du virus, plus contagieux que d'autres formes. Quelques cas du variant Sud-Africain sont présents, le variant brésilien est lui rarissime.
En Nouvelle-Aquitaine, le variant anglais est en cause dans 85,2 % des infections, les variants sud-africains et brésiliens dans 2,6% des cas, selon Santé publique France.
La surcharge pondérale ou l'obésité sont des facteurs récurrents chez ces malades gravement atteints.
"Ce sont des éléments importants à prendre en compte et à signaler au grand public. Environ 15 % de la population française est en surpoids, il faut savoir que ce risque de forme grave existe, même s'il faudra des études en infectiologie pour l'expliquer", précise Charles Cazanave.
Par rapport aux précédentes vagues à l'hôpital, la moyenne d'âge de ces patients est dix à quinze ans plus jeune.
Les patients hospitalisés sont plus jeunes, ils restent donc moins longtemps en réanimation que des patients plus âgés, heureusement. Cela permet d'organiser un turn-over indispensable au vu de la situation mais très fatiguant pour le personnel.
Ces contaminations se sont produites lors de regroupements familiaux dans la plupart des cas, explique Charles Cazanave, parfois dans des situations de travail ou lors de contacts intergénérationnels, les plus jeunes contaminants alors les plus âgés.
Des lueurs d'espoir en Nouvelle Aquitaine
Malgré cette situation hospitalière tendue, une bonne nouvelle : le taux d'incidence (le nombre de nouveaux cas positifs à la COVID-19) est en légère baisse en Nouvelle-Aquitaine selon les chiffres de Santé publique France au 13 avril.
Il est de 196 pour 100 000 habitants. Il était de 225 la semaine précédente. Plus on monte dans le Nord de la Région, plus ce taux est élevé mais il reste partout inférieur à la moyenne nationale de 346 cas positifs pour 100 000 habitants.
Les premiers effets des mesures de confinement se font sûrmement ressentir, pas encore ceux de la vaccination. Un pic épidémique nous est promis dans quelques jours, on est optimiste pour le mois de mai en Nouvelle-Aquitaine mais il faut rester très prudent : il faut absolument mettre les bouchées double sur les vaccins.
[#COVID19 Situation en #NouvelleAquitaine au 13/04]
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?Taux d'incidence en Nouvelle-Aquitaine : 196,4 (↗)
?Seuil d'alerte : 3 départements
?Seuil d'alerte renforcée : 6 départements
⚫️Seuil d'alerte maximale : Haute-Vienne, Deux-Sèvres & Vienne pic.twitter.com/CetOp9tCbf
Notre région, plus épargnée par le virus que d'autres en France, permet aux hôpitaux de Nouvelle-Aquitaine d'accueillir toujours quelques patients transférés de régions sous forte tension.
Ainsi le 12 avril, un malade hospitalisé en Ile-de-France a été pris en charge au Centre hospitalier de Pau.
Ce mercredi 14 avril, un patient est arrivé à l'aéroport Bordeaux Mérignac avant d'être transféré au service réanimation de la polyclinique Jean Vilar.
#COVID19 | #TousMobilises
— ARS Nouvelle-Aquitaine (@ARS_NAquit) April 14, 2021
Arrivée d'un patient atteint du #COVID19 à Mérignac pour son transfert vers le service réa de la #polyclinique Jean Vilar. Une belle #mobilisation coordonnée public-privé qui font équipe dans la lutte contre le coronavirus??#SAMU33 @elsan pic.twitter.com/PGY1zeEnmy
Des vaccins qui interrogent mais pas de défiance
Les rares cas de thromboses en Europe après l'injection du vaccin d'AstraZeneca et maintenant les suspicions de cas graves de caillots sanguins avec Johnson & Johnson jettent le trouble dans l'opinion publique sur ces vaccins élaborés en quelques mois, contre parfois plusieurs années dans d'autres traitements.
Mais pas de "vaccinoseptisme" selon le Professeur Charles Cazanave. Le vaccin AstraZeneca est celui qui a été le plus prescrit, ajoute-t-il, il est donc normal que le nombre de cas signalés d'effets indésirables soit plus élevés.
Mes patients me demandent mon avis sur les vaccins. Je le leur donne en fonction des profils. Mais les gens sont conciliants, résilients. Je pensais qu'ils seraient plus réticents après ces derniers événements. Et finalement, le vaccin Pfizer avait initialement une mauvaise image en raison de l'ARN-messager, il sort aujourd'hui du lot. Cette technique innovante est sans commune mesure avec d'autres, c'est un grand progrès.
Seule une vaccination massive sera efficace, elle prouve son effet en Grande-Bretagne ajoute Charles Cazanave. Le nombre de nouvelles contaminations est désormais là-bas d'un millier par jour, nous en avons 20 à 30 000 quotidiennement en France.