Covid-19, un an après : créatrice de robes de mariée, elle jette l'éponge

Après s'être battue pendant un an pour relancer son activité mise à mal par la crise sanitaire et les confinements successifs, Marjorie Boyard, créatrice de robes de mariées à Bordeaux, jette l'éponge. Un choix douloureux, mais nécessaire estime-t-elle.

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Elle hésite. Se dit un peu perdue, mais pourtant sereine. Sûre de son choix. "Je ne veux plus subir, j'ai décidé de me retirer du jeu", affirme-t-elle, non sans émotion.

Voilà dix ans que Marjorie Boyard crée des robes de mariées sur mesure. Son atelier, situé cours de la Somme, elle le quitte dans un mois, "pour ce qui ressemble à une fermeture définitive". La créatrice a subi de plein fouet la crise sanitaire. Les mariages sont annulés les uns après les autres, l'absence de perspective ne permet pas à ses clientes potentielles de se projeter… Résultat : "Nous n'avons pas eu de saison 2021. Les mariés ne sont pas au rendez-vous", constate-t-elle, non sans amertume.

Un premier confinement dans la sérénité

Pourtant il y un an quand le premier confinement est arrivé, Marjorie Boyard n'envisage pas une seconde le scénario du pire. "Le 15 mars 2020, c'était le dernier jour de shooting pour la collection de la saison 2020-2021. J'étais pleine d'espoirs, de projets et d'envie, j'étais dans une énergie de battante", se souvient-elle. 
Lorsque son atelier ferme, Marjorie a alors l'idée de tapisser sa vitrine de croquis de robes. Histoire d'amuser les passants et de créer du lien en cette période si particulière. "Les enfants passaient devant, les petites filles choisissaient leurs robes préférées. Des enfants sont même venus m'apporter des dessins et on a fait un concours de dessins… c'était vraiment un moment qui était chouette"!

Un été sans mariage

La créatrice veut profiter de cette suspension du temps pour lancer une collection civile, plus moderne, en prêt-à-porter et en vente en ligne. Elle se souvient avoir "accepté" cette période. Viendra ensuite le déconfinement, puis l'été. Sans mariage. "Nous avons dû accompagner les futures mariées dans cette détresse. C'était difficile, déstabilisant, mais nous y sommes arrivées". Marjorie explique qu'environ un tiers de ses clientes ont réussi à se marier en 2020 comme prévu. Pour les autres, la date a été reportée, parfois aux calendes grecques. 

Proposer un nouveau service

Marjorie Boyard termine toutefois toutes les robes sur lesquelles elle s'était engagée, garde le contact avec ses clientes, lance un podcast et même un service de recyclage de robes.
"Puisqu'il n'y avait pas de nouvelles mariées, j'ai eu l'idée de contacter les anciennes mariées, pour leur proposer de transformer leurs robes. Mais elles ne sont pas suffisamment à avoir répondu présent, regrette la styliste. Je pense que ce n'était pas une mauvaise idée, mais ce n'était pas le bon moment"

"Encore une journée où il ne va pas se passer grand chose"

C'est au deuxième confinement que la motivation de Marjorie a commencé à flancher. "On est usée, fatiguée, on ne voit rien arriver… Après m'être adaptée, avoir proposé de nouvelles idées, je me suis épuisée", reconnaît-elle. 

C'est compliqué de se lever le matin et de se dire "encore une journée où il ne va pas se passer grand-chose" Le téléphone ne sonne pas, pas de mail, zéro client… Les jours se suivent et se ressemblent. J'ai perdu l'espoir de retrouver l'envie de rebondir sur tout ça. 

Marjorie Boyard, créatrice de robes de mariées

Séparation douloureuse

Après quelques jours de vacances hivernales, Marjorie revient avec la conviction que le choix qu'elle s'apprête à faire, certes douloureux, est le bon. "J'ai testé des choses, et c'était la solution la plus adaptée à la situation." Atelier confidentiel s'apprête donc à fermer ses portes. 
Marjorie ne camoufle pas ses larmes en contemplant d'anciens croquis, préparés pour des mariées de 2020.
"Ca me rappelle qu'il y a eu un temps où j'y ai cru, souffle-t-elle. C'est douloureux, et je travaille à ce que ça ne le soit plus. Même si c'est une décision avec laquelle je suis en accord, il y a des jours où c'est plus difficile que d'autres." 
 

C'est comme divorcer de quelqu'un, ce n'est pas simple, de quitter sa vie, ses habitudes, et de repartir dans le vide. Mais je sais qu'il se passera autre chose après.

Marjorie Boyard

Voir le reportage de France 3 Aquitaine

Soignants, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. 

 

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