Par solidarité avec son homologue de Saint-Brévin-les-Pins, qui a démissionné sous la pression, Catherine Vessy, la maire de Cénac, a décidé de renvoyer son écharpe tricolore à Emmanuel Macron, accompagnée d'une lettre dans laquelle elle dénonce la violence que subissent les élus au quotidien.
"Je n’ai rien trouvé de plus fort comme expression de l’incarnation de la République !" Le geste est symbolique, mais révélateur. En Gironde, Catherine Veyssy, maire de Cénac, a envoyé un courrier à l’Élysée, accompagné de son écharpe tricolore.
Violence inouïe
L’élue est en colère après la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique. Yannick Morez a décidé de jeter l'éponge après des mois d'intimidations de la part de groupuscules d'extrême droite, opposés à un centre d'accueil pour migrants dans sa commune. L'élu et sa famille ont été la cible d'un incendie criminel à leur domicile au mois de mars.
"J’ai été complètement bouleversée par ce qui est arrivé à mon collègue de Saint-Brévin, cette violence inouïe qu’il a subie. C’est inadmissible, quand on est un élu de la république, ou même un simple citoyen, d’être agressé de la sorte ! C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase".
En interpellant le chef de l’État, l'édile explique vouloir mettre en lumière la difficulté aujourd’hui d’exercer le mandat.
Le malaise des maires
Pour celle qui fut vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, les conditions de travail se sont dégradées ces dernières années. Les maires sont confrontés à des populations plus agressives et se sentent isolés face à l’ampleur de la tâche. Beaucoup déplorent le manque de considération, la question des compétences, des moyens financiers qui ne suivent pas.
"Dans cette lettre, je fais part à Emmanuel Macron de ce que je ressens, mais aussi ce que ressentent mes collègues maires. On se voit régulièrement, on discute, on ne cesse de dénoncer une charge de plus en plus lourde, la charge mentale est compliquée, on ne dort pas bien toutes les nuits !".
En tant qu’agent de l’État, nous avons une très grande pression et il faut impérativement restaurer cette relation entre l’État au plus haut sommet et les élus locaux.
Catherine Vessy, maire de CénacFrance 3 Aquitaine
"Le maire est toujours seul pour prendre tous les coups"
Catherine Vessy pointe aussi le fossé qui s’est installé entre le sommet de l’État et les corps intermédiaires.
" La réalité de l’exercice quotidien du mandat dépasse tout ce que chacun peut en imaginer tant qu’il ne l’a pas vécu personnellement. Le maire est toujours seul pour prendre tous les coups d’où qu’ils viennent, que ce soit dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Quoi que nous fassions, nous les maires, ça ne va jamais " écrit-elle dans sa lettre.
Depuis les dernières élections municipales en 2020, 1 293 maires ont démissionné, c’est-à-dire 40 maires en moyenne par mois. De nombreux conseillers municipaux ont fait le même choix.
Ce vendredi matin, Catherine Vessy a reçu un appel du conseiller territorial du président de la République. Ce dernier annonce vouloir la rencontrer.