Ce mercredi 5 juillet 2023, à minuit, heure française, et si tout se passe bien, c'est le dernier vol de la fusée Ariane 5 depuis Kourou en Guyane. Retour sur cette aventure de 27 ans, dont une pièce importante est produite en Gironde où Ariane Group est désormais tourné vers Ariane 6.
Ce mercredi 5 juillet, la fusée Ariane 5 va tirer à minuit sa révérence après 27 ans d'une carrière qui a fait les grandes heures de l'Europe spatiale. Le vol est à vivre grâce au CNES (centre national d'études spatiales).
Initialement programmé pour le 16 juin, le tir avait été reporté en raison d'une anomalie technique.
Le 117ᵉ décollage sera chargé d'émotion pour les équipes du Centre spatial guyanais (CSG) et pour les personnels de plusieurs sites d'ArianeGroup en France, dont ceux de Gironde, au Haillan et à St-Médard-en-Jalles qui travaillent en partie sur le lanceur. 3400 personnes y sont présentes.
Gilles Fonblanc, directeur des sites en Gironde et secrétaire général d'ArianeGroup revient sur ce programme et la suite.
- Que gardez-vous en tête du programme Ariane 5 ?
On a tous en Gironde un souvenir marquant ! Je repense notamment au télescope James Webb de la Nasa envoyé grâce à Ariane 5 en 2021. Le programme total a été extraordinaire. Une aventure humaine et technologique unique. Cette fusée de 50 mètres de haut qui pèse 800 tonnes, vole à 8000 km/heure.
J'ai pu assister à plusieurs décollages en Guyane et on ne s'habitue pas aux vols avec ce bruit assourdissant et le silence du public. Elle parcourt 100 kilomètres en trois minutes !
Gilles Fonblanc, secrétaire général d'ArianeGroupA France 3 Aquitaine web
Pour s'arracher du sol, il faut des moteurs, les boosters qui ont des pots d'échappement particuliers, les tuyères, que l'on fabrique en Gironde. Et plus de 300 entreprises sous-traitantes travaillent pour le programme en Aquitaine.
- Quelle est l'ultime mission ?
Son dernier vol embarquera un satellite de communications militaires français (Syracuse 4B) et un satellite expérimental allemand.
Ariane 5 a vraiment été d'une grande fiabilité. Par rapport à Ariane 4, elle a été capable d'emporter des charges plus lourdes, de doubler la capacité de lancement, de lancer même plusieurs satellites en même temps. Ces avantages ont permis à l'Europe de s'imposer sur le marché des satellites. C'est un aspect important de la souveraineté de l'Europe.
- ArianeGroup est désormais tourné vers Ariane 6 ?
Parallèlement à Ariane 5, nous travaillons sur Ariane 6 depuis 2016. Nous sommes dans la dernière ligne droite pour aller vers le vol de qualification et la montée progressive en cadence.
Ce nouveau lanceur sera encore plus compétitif, capable d'emporter du satellite classique comme de la constellation. Les besoins sont là avec 28 commandes déjà passées à notre filiale Arianespace.
Gilles Fonblanc, ArianegroupA France 3 Aquitaine web
Le coût global sera aussi divisé par deux. On espère neuf à dix lancements par an.
Contexte de concurrence
L'ultime lancement d'Ariane 5 sera suivi de longs mois de vide en attendant Ariane 6, au mieux fin 2023. Ariane 6 a été conçue pour résister à la sévère concurrence sur le marché des lanceurs, dominé par l'américain SpaceX, qui réalise plus d'un tir par semaine. La société d'Elon Musk, fondée en 2002, collabore activement avec la Nasa.
"Ce sont des temps difficiles", a indiqué tout récemment au salon du Bourget le directeur-général de l'ESA Josef Aschbacher, assurant à l'AFP que l'ensemble des acteurs "travaillent intensément" pour qu'Ariane 6 et Vega-C volent au plus vite.
Les essais pour la qualification d'Ariane 6 battent leur plein. Lors d'une "répétition générale" à Kourou le 22 juin, le lanceur a été dévoilé sur son pas de tir avant un test d'allumage du moteur.