Une étude menée par les chercheurs de la région Occitanie met en lumière les qualités du bois dans la construction. Face au dérèglement climatique, ce matériau pourrait bien avoir son rôle à jouer dans les années à venir dans le secteur des transports, de l'aérospatial et de l'aéronautique.
Disparu des composants de nos moyens de transport, le bois pourrait faire son retour au premier plan. C'est en tout cas ce que tend à montrer le projet de recherche BOOST, mené par quatre chercheurs en Occitanie. Ce dernier étudie la possible utilisation du bois pour les structures de véhicule.
Utilisé pour construire les bateaux il y a des milliers d'années et les premiers avions au début du 20ème siècle, le bois a peu à peu été remplacé par de nouveaux matériaux plus résistants. Un changement profond qui n'enlève pas au bois ses nombreuses qualités, permettant aujourd'hui de l'envisager comme un matériau de construction du futur.
Dans ce mouvement de redécouverte et de réemploi de ce matériau historique, l'université de Kyoto au Japon a même lancé le tout premier satellite en bois ce mardi 5 novembre.
De nombreuses qualités…
"Le bois n'aura jamais les mêmes qualités mécaniques que les matériaux utilisés aujourd'hui mais il possède de nombreux avantages", affirme Joël Serra, ingénieur et membre du projet de recherche aux côtés de Bruno Castanié, Florent Eyma et Arthur Cantarel.
Le plus important des avantages reste le coût écologique. Le bois demande bien moins de quantités d'énergie pour sa production que les autres matériaux, 70 fois moins que l'aluminium par exemple. "La quantité de CO2 généré est également bien plus faible", poursuit Joël Serra.
En France, le bois a aussi la capacité d'être un matériau local. La couverture forestière a doublé dans le pays en cent ans et le stock de bois a considérablement augmenté dans l'Union européenne (+ 30%) au 21ème siècle. Le matériau pourrait ainsi être avantageux économiquement.
Mais aussi des défauts
Néanmoins, le bois possède aussi des défauts. "Les propriétés de ce matériau vont se modifier avec l'humidité et la chaleur", souligne l'ingénieur-chercheur. Les insectes et autres champignons peuvent également devenir problématiques.
Malgré ces contraintes, le bois présente bien plus d'avantages que d'inconvénients. Il pourrait ainsi progressivement s'installer dans les composants de nos moyens de transport. Mais alors lesquels et comment ?
Dans les voitures
Le constat est simple. Aujourd'hui, seule la marque anglaise Morgan utilise encore le bois pour produire ses voitures en petite série avec la présence de frêne dans une partie de ses châssis.
Mais, dans le futur, le bois pourrait être davantage utilisé dans nos véhicules. "Il fallait tester sa capacité à absorber les chocs lors d'accidents", pointe Joël Serra. Le résultat des études est positif. Avec des structures mêlant le carbone et le bois, les chercheurs se sont rendu compte que le matériau absorbe une grande quantité d'énergie lors d'un éventuel crash. Il permettrait ainsi d'assurer la sécurité des usagers.
Dans les avions
Dans l'aéronautique, certaines utilisations du bois peuvent être observées en France. Basée à Toulouse, la société Aura Aéro a par exemple développé un avion d'acrobatie bois-carbone, en cours de certification.
Mais ces cas restent uniques. Tout le contraire du passé où les avions étaient construits en bois et en toile. Durant la Seconde Guerre mondiale, l'un des plus performants était le Mosquito. Capable de voler à 680 km/h, sa structure était notamment composée de bouleau.
Dans les satellites
Le bois se retrouve aussi dans l'espace. Deux études sont en cours, au Japon et en Finlande, pour utiliser le matériau dans la structure de petits satellites. L'étude japonaise a permis d'envoyer le premier d'entre eux dans l'espace au début du mois de novembre.
Ces engins possèdent deux atouts non négligeables. "Quand il sort de son orbite, un satellite en bois va se consumer complètement et éviter de laisser des particules polluantes dans l’atmosphère", explique Joël Serra. En plus de cela, le bois est un matériau transparent aux ondes électromagnétiques, permettant des transmissions plus efficaces et moins périlleuses avec la Terre.
Aujourd'hui, si les applications concrètes au niveau aéronautique et spatial commencent à voir le jour, il n'y a aucune application industrielle du bois. "Je pense que cela se faire progressivement", positive Joël Serra.