Drogue : avec l'augmentation du crack à Bordeaux, tout un quartier est en détresse

Les consommateurs de crack en pleine rue sont de plus en plus nombreux dans le quartier Saint-Paul à Bordeaux. Riverains et commerçants dénoncent une augmentation des incivilités et pointent du doigt la présence d'une association d'aide aux toxicomanes.

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Le quartier Saint-Paul à Bordeaux. L’un des sites emblématiques du cœur historique de la ville. Logé entre Saint-Pierre et Saint-Michel, il séduit les touristes qui déambulent, à bord du petit train, dans les rues aux trésors architecturaux qui ont forgé sa notoriété.


Mais depuis quelques années, la quiétude des lieux est troublée par les consommateurs de crack sur la voie publique.

Une drogue dure, particulièrement addictive

Connu comme "drogue du pauvre", il s’agit d’ un dérivé bon marché de la cocaïne. Vendu sous forme de caillou ou de galette, il est dilué avec du bicarbonate de soude ou de l'ammoniaque. Ses effets sont puissants, mais plus rapides que ceux de la cocaïne, ce qui pousse les usagers à en vouloir toujours plus et à multiplier les prises.

Une situation qui cristallise les tensions


Beaucoup se disent démunis face à une augmentation des incivilités et dénoncent une image qui se dégrade.

Danielle Pendanx est la représentante des commerçants. "Moi ça fait 35 ans que je suis dans le même quartier, dans la même boutique. J'ai vu le quartier s’embellir et là depuis quelques années, je le vois s’enlaidir".


Chaque jour, elle voit les toxicomanes qui se rendent à "la Case", rue Saint James sous la Grosse Cloche. 


"Ils savent qu’ici, ils peuvent se doucher. La porte est fermée, il faut qu’ils sonnent, sauf que comme c’est tout petit, on ne les réceptionne pas correctement".

La commerçante ne conteste pas l’utilité de l’association, ni le fait que les toxicomanes doivent être accompagnés, mais elle dénonce son emplacement " inadapté " selon elle "dans un cœur de ville" et contre lequel elle s’est battue lors de son implantation il y a 10 ans.


Au quotidien, ils sont une centaine à frapper à la porte du Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues.

Ici, entre ces murs, des éducateurs, des infirmiers, et des assistantes sociales se relaient pour venir en aide aux toxicomanes.

Certains viennent y chercher des kits de base. "C’est la pipe sur laquelle on va venir poser le caillou et le faire chauffer" explique Olivier Capdeboscq, coordinateur CAARUD de la Case.

Explosion de la consommation de crack

S’il est difficile d'établir des statistiques, la distribution de ce matériel permet d’avoir une idée plus précise de la consommation de crack. Elle a tout simplement explosé ces trois dernières années.

+67 % de kits entre 2019 et 2020 constate la directrice générale, Véronique Latour.

Mais la rue ne se limite pas au crack. La plupart des usagers sont polytoxicomanes comme Bruno, 35 ans.

Le jeune homme vient souvent à la Case. Une sorte de refuge pour lui : "C’est tranquille ici, ils nous prennent pas la tête. On est accompagné, on peut aller chercher du matos pour faire ça proprement" et de préciser qu’il ne s’agit pas d’une salle de shoot.

Grande précarité, isolement social, accompagner les consommateurs de crack est très complexe. Les professionnels de santé réclament l’ouverture de haltes de soins addictions comme à Strasbourg et Paris.

Quelle solution ?

La mairie, interpellée par les riverains, renvoie l’Etat à ses responsabilités. Isabelle Faure, adjointe au maire chargée de la prévention et de l'accès aux soins, ne dit pas autre chose.
"On se rend bien compte que l’espace est un peu trop concentré autour de la Case et du Cours Victor Hugo. On demande à l’Etat d’appliquer l’arrêté. "

Il a été publié le 23 févier 2022 et il définit un cahier des charges qui encadre leurs missions.

L’ouverture d’une salle de consommation pourrait voir le jour à l’hôpital Saint-André, mais elle est soumise à autorisation de la préfecture.

Reste que ce ballet dans le quartier Saint-Paul est devenu bien difficile à supporter pour les riverains.
Irrités par les nuisances, ils sont désemparés et démunis.

Certains se disent victimes d’agressions et n’osent plus sortir de chez eux.

"Quand on passe en voiture, ils tapent sur la voiture nous crachent dessus" confie un habitant pour qui la vie est devenue difficile.

" Il faut les prendre en charge convenablement" précise-t-il mais "ailleurs".

Il aimerait que les pouvoirs publics se saisissent de la situation. "Ce n’est pas parce qu’ils sont malades que l’on doit, nous, subir des nuisances".

Selon l’association La Case, le nombre de consommateurs a augmenté de 50 % en seulement 3 ans.

Enquête sur la consommation de crack à Bordeaux : le reportage d'Olivier Prax et Guillaume Decaix

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