Ce matin, 350 auditeurs de justice ont fait leur rentrée à la prestigieuse ENM de Bordeaux. Pas de grande nouveauté côté enseignements, mais un accent porté sur la déontologie. Vendredi, ils prêteront serment devant la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
Pour cette rentrée, l’Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux compte l’une des plus importantes promotions de ces dernières années avec 350 auditeurs de justice (345 l’an dernier). Sa physionomie, une majorité de filles à 74% et 28 ans de moyenne d’âge pour l’ensemble de la promo. Les plus jeunes se retrouvant bien sûr issus du 1er concours réussi par 245 auditeurs de justice.
Pour eux,c’est toujours un instant d’émotion comme en témoigne Mona PINZAN de Rennes :
On est tous très content, c’est beaucoup de fierté et un aboutissement de tout ce que l’on a fait pour arriver ici.
Laurie Lesniewski de Lille précise :
Ce qui m’a motivé à passer le concours, c’est vraiment la place centrale du juge, son rôle de pacificateur social.
Apprendre le doute
Depuis le procès en appel à Paris d’Outreau en 2005, qui a vu l’acquittement des accusés de l’affaire, l’institution s’est pas mal réformée. Elle a « appris le doute », selon les termes employés à l’époque par l’ancien directeur et par la suite avocat général de Bordeaux Gilbert Azibert.Parmi les mesures les plus visibles, ce fut la mise en place d’un stage obligatoire de 6 mois chez un avocat, ramené à 3 mois aujourd’hui (car considéré comme trop long au final).
Le jeune auditeur Pierre Lecharte de Paris explique :
Je pense que le doute, il est essentiel dans cette profession. Un magistrat qui ne doute pas, qui ne doute à aucun moment dans sa carrière, dans ses jugements... Ce sera difficile d’être un bon magistrat, après cela reste un métier de décision.
Le savoir-être aussi
Mais, en plus du doute, l’accent est mis cette année un peu plus sur la déontologie, qui doit s’exprimer dans le savoir être comme l’explique Olivier Leurent, le directeur de l’ENM :La déontologie qui est au cœur du métier de magistrat est désormais enseignée dès le début de l’arrivée des élèves magistrats à l’école, par des ateliers concrets, et aussi par des conférences données par le Conseil Supérieur de la Magistrature, sur les questions d’éthique, de statut, de responsabilité, d’impartialité et de conflits d’intérêts.
Le directeur, lors de son discours de bienvenue, leur a rappelé que leur comportement devait être digne, loyal, mesuré, respectueux de la loi et des institutions républicaines. Il a aussi mis en garde les auditeurs de justice sur la mauvaise utilisation des réseaux sociaux car « Vous n’êtes plus des citoyens comme les autre, cette charge vous appelle à plus de prudence. »