Partout en France, les enseignants sont en grève ce jeudi 5 décembre. En Gironde, une centaine d'établissements seront fermés, incluant les services de cantine et d'accueil périscolaire. Parmi les raisons de cette colère, le durcissement des indemnisations des arrêts maladie et la suppression de 4 000 postes pour la rentrée 2025.
"Professeurs des écoles, c'est six mois dans l'année, 24 heures de travail par semaine." Ces propos polémiques, lâchés début novembre par l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, n'ont pas tardé à "mettre le feu aux poudres" dans le monde éducatif. "Ça a été un détonateur", confirme Samatha Fitte, co-secrétaire FSU-SNUipp, en Gironde.
Un préavis de grève a été déposé par les principaux syndicats annonçant une forte mobilisation jeudi 5 décembre. Le mouvement devrait être massivement suivi sur tout le territoire, et particulièrement dans le département avec une centaine d'écoles complètement fermées.
Grève et manifestation
La manifestation devrait paralyser une partie du centre-ville de Bordeaux. Un cortège devrait s'élancer, dès 14 heures, place de la République, et se dirigera vers la place de la Comédie en passant par le cours d'Albret, la rue Nancel-Pénard, la place Gambetta, le cours Clémenceau, la place Tourny et les allées de Tourny.
Le réseau TBM a déjà annoncé des perturbations sur l'ensemble du réseau, notamment dans les secteurs Gambetta, Mériadeck et Quinconces. Du côté du tramway, "des arrêts momentanés en station, voire des interruptions de trafic seront à prévoir sur les sections du centre-ville". Sur les lignes de bus, des déviations seront mises en place pour contourner le cœur de Bordeaux. Le réseau prévoit des mises à jour des conditions de circulation tout au long de la journée.
Carence pour les arrêts maladie
Un cri de colère et un fort sentiment d'injustice. "Les collègues travaillent en moyenne 43 heures par semaine et dans des conditions parfois difficiles qui affectent leur santé", peste Samantha Fitte. La réaction des enseignants s'explique surtout par l'annonce, dans le cadre du projet de loi de finances 2025, d'une perspective de durcissement des conditions d'indemnisation en cas d'arrêts maladie, avec le passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires. "Pour un enseignant en milieu de carrière qui attraperait la grippe, cela représente une perte financière de 250 euros dans le mois, on a l'impression d'être punis de tomber malade."
Certains travaillent malades, car il y a un manque de remplacement alors que c'est une profession au contact de jeunes enfants avec une forte circulation des microbes et des virus.
Samatha Fitteco-secrétaire FSU-SNUipp, en Gironde
Et pourtant, selon un rapport annuel sur l'état de la fonction publique en 2023, le corps enseignant dépose moins d'arrêts maladies que le reste du secteur public, avec onze jours d'absence en moyenne, contre dix-huit pour le reste de la fonction publique. "Il y a plus de présentéisme que d'absentéisme", relève la secrétaire départementale du syndicat majoritaire enseignant.
Suppression de postes
En octobre, le gouvernement a également annoncé la suppression de 4 000 postes d’enseignants pour 2025, dont 3 000 dans le premier degré, justifiée par la baisse des effectifs scolaires. "Mais c’est une erreur", rétorque Samantha Fitte. Les besoins restent criants, notamment pour les élèves en difficulté ou en situation de handicap."
En Gironde, une centaine d'élèves seraient ainsi dans l'attente d'une place dans le dispositif Ulis, et plus de 800 dans des établissements spécialisés. Pour le syndicat, l'accompagnement de ces élèves et leur intégration au sein des groupes dépendent d'un ensemble de "postes indispensables en dehors de la classe". "Les ASH sont en première ligne de cette dégradation des conditions de scolarisation des élèves en condition de handicap. On leur demande de suivre de plus en plus d'élèves sur moins d'heures."
Les enseignants, qui demandent également la revalorisation des salaires, pointent du doigt "une baisse de pouvoir d'achat tous les ans". "Certains ASH vivent avec 800 euros par mois et ne s'en sortent pas", illustre Samantha Fitte. Dans le premier degré, deux enseignants sur trois seront donc en grève jeudi 5 décembre. Une centaine d'établissements seront entièrement fermés, y compris les services de cantine et de garderie. Mais la mobilisation a déjà commencé en Gironde, avec une mobilisation ce mercredi 4 décembre devant la Dasen, à Bordeaux.
Écoles orphelines
Ce mouvement, qui s'ancre dans l'élan de revendications nationales, s'intéresse plus particulièrement au cas des écoles orphelines. Ces établissements, au nombre de huit en Gironde, ont subi le jeu du remaniement des cartes scolaires en 2015 et ne disposaient plus de la labellisation éducation prioritaire.
Dans le département, ces écoles bénéficiaient toutefois, jusqu'ici, d'un statut particulier, au même titre que les écoles de REP et REP+, grâce à leur situation dans "des territoires marqués par de fortes inégalités sociales et économiques". "À ce titre, les classes de GS, CP et CE1 sont
dédoublées et les autres classes bénéficient d’un taux d’encadrement maximum de 25 élèves."
Or, à l'issue d'un groupe de travail avec la Dasen, les syndicats ont appris que ces écoles pourraient bientôt perdre ces aménagements pour la rentrée 2025. "On leur a demandé si ces classes allaient quand même garder leur dédoublement et on a eu droit à une réponse évasive, des propos pas rassurants", indique Samantha Fitte. Ce mercredi 4 décembre, une quarantaine d'enseignants, élus et parents d'élèves, ont donc appelé à un rassemblement. Ils devaient être reçus par la directrice académique à partir de 15 heures.
Ce jeudi 5 décembre, des rassemblements sont également prévus dans tous les départements de l'Aquitaine. Outre le secteur de l'éducation nationale, d'auters crops de la fonction publique devraient également grossir les rangs. Ainsi les personnels hospitaliers, les policiers municipaux, et certains services publics territoriaux feront également partie du cortège.