Tout juste réélue à la tête de l'université de Poitiers, Virginie Laval doit faire face à d'importants défis économiques, entre hausse des coûts et des restrictions budgétaires. Alors que le nombre d'étudiants a fortement augmenté, sa présidente cherche des solutions pour maintenir de bonnes conditions d'accueil.
Confirmée pour un second mandat par le conseil d'administration ce lundi 2 décembre, la présidente de l'université de Poitiers Virginie Laval ne cache plus son inquiétude pour le futur de son établissement. En raison de l'inflation, son établissement fait face à une hausse des coûts et des charges. Elle craint que les coupes budgétaires qui doivent toucher l'enseignement supérieur compliquent encore davantage l'accueil des étudiants.
C'est un second mandat qui s'ouvre pour vous, quelle est votre priorité ?
Virginie Laval. Alors malheureusement, la priorité aujourd'hui, comme pour tous les présidents et présidentes d'université, c'est la finalisation du budget 2025, dans un contexte national très contraint et avec des impacts sans précédent sur le budget de l'université de Poitiers.
On l'entend partout, le gouvernement cherche à réaliser des économies pour boucler le budget de l'État, donc des coupes sont prévues pour les universités. Certains de vos confrères alertent effectivement sur un risque de faillite, comme votre homologue de La Rochelle, Jean-Marc Ogier. Qu'en est-il à Poitiers ?
V. L. Nous n'en sommes pas là en 2025, mais j'alerte sur une situation très dégradée pour 2025, 2026, nous n'avons pas les reins si solides que cela malheureusement.
Très concrètement, depuis que j'ai été élue en 2020, l'université de Poitiers a absorbé à peu près 25 millions d'euros de charges supplémentaires entre l'énergie, l'augmentation des coûts des produits, des mesures salariales prises par l'État et non compensées. On nous annonce encore des transferts de charges, avec le CAS (Compte d'Affectation Spéciale, NDLR) pension. Le CAS pension qui est tout simplement la prise en charge de la retraite des fonctionnaires et des mesures salariales non compensées, c'est encore 6,5 milliards d'euros supplémentaires et là, la marche est vraiment beaucoup trop haute. On a aidé, on a été dans l'effort national, mais aujourd'hui beaucoup d'universités vont être en difficulté.
Vos capacités à investir se retrouvent impactées ?
V. L. Ce sont nos capacités à investir, mais pas uniquement. Nos capacités à recruter de l'humain pour venir porter notre offre de formation et nos recherches aussi.
Le nombre d'étudiants poitevins est en hausse ces dernières années. C'est un poids, une chance, ou les deux ?
V. L. C'est une chance, et aujourd'hui c'est un poids puisqu'on doit accueillir ces étudiants, plus de 30 000 étudiants, avec une augmentation d'environ 20 % sur les dix dernières années, même si ça stagne désormais un peu, mais sans compensation non plus par rapport à l'augmentation. Mon objectif, c'est de les accueillir et de leur permettre de réussir dans des conditions décentes.
La ville de Poitiers est régulièrement classée parmi les villes où il fait bon étudier, notamment en raison de loyers assez modérés. C'est aussi une université où le taux de réussite en licence est élevé. Ces dernières années, vous êtes régulièrement parmi les cinq ou six premiers. Quelle valeur attribuez-vous à ces classements ?
V. L. Pour moi, c'est très important parce que cela témoigne à la fois de l'engagement des équipes pédagogiques concernant la réussite de nos étudiants, mais c'est aussi le témoin d'une université bien implantée sur son territoire avec une énergie au niveau partenarial. Nous travaillons de concert avec le CROUS de Poitiers, avec la ville, Grand Poitiers, la Région et c'est cette impulsion collective qui fait le charme de faire ses études à Poitiers.