Ce jeudi 8 avril, c'est la fin du délai accordé aux entreprises et propriétaires pour établir et signer les devis de travaux de sécurisation. Mais ces travaux bien spécifiques vont leur coûter cher. Une nouvelle réunion est prévue ce jeudi. En cas de défaillance, la mairie devra se substituer.
Ils sont une plus d'une centaine de locataires victimes collatérales de l'effondrement du 21 juin dernier des deux immeubles rue de la Rousselle. Car c'est toute la rue qui nécessite aujourd'hui des contrôles et expertises pour vérifier la solidité du bâti et assurer la sécurité de tous. Mais cela commence à faire long.
On parle dans un premier temps d'un délai de 10 jours pour que les devis soient présentés et signés avant les premiers travaux de sécurisation. Mais dans un premier temps, au niveau des immeubles effondrés, il s'agira d'enlever le remblai qui tient encore les murs...
Ce 7 juillet, la ville communique à nouveau. Malheureusement, ce sera plus compliqué. "Malgré de premiers contacts encourageants avec les propriétaires sur l’engagement rapide des travaux de sécurisation, la Ville ne peut que déplorer les freins de certains d’entre eux pour engager des frais, empêchant pour le moment de démarrer les travaux".
Le délai de dix jours, imparti aux propriétaires pour mettre en œuvre les prescriptions depuis la notification de l'arrêté de péril expire ce jeudi 8 juillet et les devis ne sont pas signés. Une nouvelle réuninon aura lieu ce jeudi entre laville, les propriétaires, les compagnies et les syndics de copropriété, "afin qu’ils fassent connaitre leur accord de prise en charge des travaux de sécurisation et trouver une issue rapide".
En cas de défaillance, si un ou des propriétaires ne peuvent assumer la part qu'il leur revient, la mairie de Bordeaux "réalisera les travaux indispensables à la mise en sécurité des bâtiments tels que prescrits par l’autorité de police". Et "conformément à la législation, les factures afférentes seront transmises en suivant aux propriétaires".
Locataires et propriétaires dans l'attente
Ce propriétaire possède l'immeuble au 25 de la rue Rousselle. Il se préoccupe des 11 locataires qui ont dû se reloger en urgence dans l'attente d'une solution. Lui aussi, attend avec impatience un retour à la normale. Mais ce n'est pas pour tout de suite. Il va d'abord devoir entreprendre des travaux mais avec quel argent ? Car bien-sûr, il ne percevra plus de loyers durant cette période
Regardez le reportage de Marie-Pierre d'Abrigeon et Thibault Grouhel.
Qui va payer ?
Dans un premier temps, il semble que les propriétaires n'aient pas le choix... Mais peuvent-ils prétendre à des aides, fonds de solidarité, des facilités de paiement pour affronter ces dépenses conséquentes et urgentes?
Pour l'adjoint au maire de Bordeaux, Stéphane Pfeiffer, en charge du logement "c'est non". Il explique que la loi dit que les propriétaires doivent entretenir le logement et qu'en cas de mise en péril, ils doivent également payer les travaux.
"La difficulté c'est que deux bâtiments se sont effondrés et ont fragilisé les autres... Les propriétaires de ceux-là disent " je ne suis pas responsable..."" C'est un cas compliqué. Il sait que certains se sont engagés dans des prêts assez longs et que ces travaux peuvent atteindre "plusieurs centaines de milliers d'euros". D'après lui, "certains sont couverts par leur assurance qui pourra participer en partie, d'autres pas du tout..." Cela dépend du contrat mais la mairie engage les propriétaires à se faire conseiller par la "maison de la justice et du droit" à Bordeaux, pour décrypter ensemble leur contrat d'assurance. Mais il n'existe pas de fonds de solidarité pour ce type d'effondrement.
Dans l'éventualité où un propriétaire ne pourrait pas payer ces jours-ci, la mairie devrait donc se substituer en réglant les travaux mais ne manquera pas de leur adresser, en suivant, la facture. Et même si la mairie de peut accorder d'aides dans ce contexte, l'adjoint au maire de Bordeaux indique que, face à un propriétaire "vraiment dans une situation financière difficile", il pourrait sans doute y avoir des facilitations de paiement.
L'expertise du 24 juin
A la demande de la Ville de Bordeaux, un expert technique a été désigné par le Tribunal administratif de Bordeaux le 24 juin pour examiner l’état des bâtiments effondrés rue de la Rousselle et les risques encourus pour les immeubles voisins, dans le cadre des procédures de mise en sécurité.
Il a constaté que l'effondrement des 19 et 21 rue de la Rousselle le 21 juin dernier entraîne un risque fort d’écroulement pour les immeubles mitoyens (15, 17, 23 et 25 rue de la Rousselle) par un effet domino.
Les immeubles en face, côté pair de la rue de la Rousselle (20 au 32), subissent et pourraient subir des impacts dus à l’effondrement et aux autres effondrements qui pourraient advenir.
L'expert préconisait de :
- sécuriser la zone et ses occupants (ce travail a d'ores et déjà été effectué par la ville et la métropole),
- démarrer les travaux de sécurisation avec :
- des préconisations d’étaiement des immeubles côté impair et de consolidation (et étaiement de certains garages) côté pair,
- l’évacuation des gravats,
- la purge des matériaux qui pourraient tomber,
- la réalisation de diagnostics de structures lors de l’avancement de la mise en sécurisation des immeubles afin de déterminer les mesures de sécurisation complémentaires éventuelles à mettre en oeuvre.
En attendant, la ville de Bordeaux et le CCAS accompagnent les habitants sinistrés et aide celles et ceux qui n’ont aucune solution de relogement. Cela concerne une quinzaine de foyers rue de la Rousselle.
Pour toute demande, la mairie de quartier Bordeaux Centre est à disposition des habitants au Tél : 05 24 57 68 90 - Proximite.centre@mairie-bordeaux.fr
Les sinistrés sont également invités à s’adresser à Vict’Aid qui peut les accompagner tout au long de la procédure pénale au plan juridique, psychologique et social.
Vict'Aid - 63 cours Georges Clémenceau - 33000 Bordeaux
Téléphone : 05 56 01 28 69
victaid@institut-don-bosco.fr