Entre opérette et comédie musicale, le "Candide" de Bernstein cultive l'optimisme, la gaieté et l'insouciance sur la scène du Théâtre du Capitole à Toulouse, avant de poursuivre sa quête du "meilleur des mondes possibles" à l'Opéra national de Bordeaux en janvier prochain.
Soixante ans après sa création à New York, presque jour pour jour, et dix ans après sa première en France, Toulouse puis Bordeaux font renaître l'oeuvre dans une autre version, celle du Britannique John Caird, créée à Londres en 1998 et produite pour la première fois dans l'Hexagone.
Pièce inclassable, tantôt parlée, tantôt chantée, Candide emprunte autant au "musical" de Broadway qu'à l'opéra et à l'opérette. "Candide contient des éléments de ces trois genres", résume l'Américaine Francesca Zambello, qui revisite ici le pamphlet de Voltaire pour sa mise en scène originale. Mais "pourquoi avons-nous toujours ce besoin de classifier les oeuvres d'art? (...) Ce qui est important" selon elle "c'est le côté universel de l'histoire qui nous est racontée".
Avec nombre d'artistes débauchés de Broadway, cette nouvelle coproduction du Capitole, de l'Opéra de Bordeaux et du Festival américain de Glimmerglass (où elle a été créée en 2015) est venue tout droit du Nouveau Monde, à l'image du voyage initiatique de Candide.
L'Orchestre national du Capitole sous la direction de l'Américain James Lowe entraîne le spectateur dans le tourbillon des pérénigrations de Candide, jeune homme d'origine modeste livré à lui-même après s'être vu refuser la main de son amour Cunégonde.
A la fois grave et hilarante, l'oeuvre donne à voir le militantisme social du compositeur américain Leonard Bernstein, un an avant son "West Side Story" dont on retrouve ici les accents rythmés.
Dans un décor de vieil entrepôt du XVIIIe siècle, le mot "OPTIMISM" tracé en lettres géantes est déployé telle une banderole syndicale.
Le naïf et candide héros, incarné par le ténor américain Andrew Stenson, s'efforce de rester optimiste. Car "le doux miel vient d'abeilles qui piquent", se persuade-t-il. Malgré la guerre, la maladie, la mort, malgré un naufrage, un tremblement de terre ou la violence de l'Inquisition qui envahissent tour à tour la scène, "Life is happiness indeed" (la vie est un vrai bonheur) et finalement "this is the best of possible world" (c'est le meilleur des mondes possibles), chantent les artistes, en anglais surtitré en français.
L'odyssée s'achève avec la meilleure des morales possibles "en ces temps chaotiques", estime la metteuse en scène: "pour vivre dans un monde meilleur, chacun de nous doit essayer de créer un monde meilleur" et "cultiver son jardin".
Jusqu'au 31 décembre dans la Ville rose puis à Bordeaux du 19 au 26 janvier. Cliquez ici pour reserver.