Les entreprises de Gironde s'adaptent au déconfinement

Alors que le ministère du Travail publie un protocole nationale de déconfinement, sorte de vade-mecum du bon retour au travail face à l'épidémie de Covid-19, les entreprises girondines doivent adapter ces "modèles" à leur activité propre...  parfois aidées par la CCI de Gironde.

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Le ministère du travail a publié ce dimanche son Protocole national de déconfinement pour les entreprises pour assurer la sécurité et santé des salariés

Ce protocole vient en complément de 48 guides métiers déja disponibles sur le site du ministère.
Si chaque entreprise n'a pas attendu ce guide pour réfléchir à sa propre situation, il permet une évaluation exhaustive des interrogations que chaque chef d'entreprise doit se poser pour la reprise ou la continuité de son activité dans le cadre du déconfinement même si, la ministre Muriel Pénicaud l'a répété : le télétravail doit rester la règle chaque fois qu’il peut être mis en œuvre.


Parmi les préconisations, sept thèmes sont abordés :

  • les recommandations de "jauge" en open space
  • la gestion des flux de personnes (travailleurs ou clientèle)
  • les équipements de protection individuelle 
  • les tests de dépistage
  • le protocole de prise en charge d’une personne symptomatique et de ses contacts rapprochés
  • la prise de température 
  • le nettoyage et désinfection des locaux
En terme de distanciation physique, il a été évalué que chacun devrait pouvoir disposer d'un espace de 4m², une aire "nécessaire pour permettre à des personnes présentes simultanément dans le même espace (salariés, clients, etc.) d’évoluer dans le respect des règles de distanciation physique". Ces 4m² doivent permettre de garantir une distance minimale de 1 mètre autour d’une personne (dans toutes les directions).
On y explique le mode de calcul de cette jauge permettant l'accueil de salariés, du public

Pour les grande entreprises, cela signifie que même un ascenseur pourrait être proscrit ou seulement utilisable par un voire deux salariés...

Aussi, le port du masque sera obligatoire quand la distanciation n'est pas possible.
 

En Gironde

Elles sont plus de 80 000 entreprises en Gironde. Depuis le début du confinement, la CCI de Bordeaux a mis en place une cellule de crise. Et d'après une de ses enquêtes, 40% des entreprises consultées pourraient être menacées par la cessation d'activité.

D'après Philippe Garcia de la CCI de Gironde: 

On  a redéployé 54 salariés sur cette plateforme dédiée qui traite près de 200 appels par jour.

Dans les faits, les personnes se connectent sur le site internet et c'est, ensuite, quelqu'un de la CCI qui rappelle pour, apporter des réponses. "On nous a beaucoup interrogés (2500 demandes) sur les dispositifs gouvernementaux et de plus en plus il y a maintenant des demandes d'acompagnement renforcé, personnalisé (2770 entreprises)".

Il faut dire que beaucoup font déjà face à de gros problèmes de trésorerie. Dans une enquête de la CCI, 88% des entreprises répondant au questionnaire disaient avoir une baisse du chiffre d'affaires et parmi elles, 68 accusaient une baisse de plus de 50%...


Dans ce contexte, la CCI a aussi ouvert un groupe de soutien via Facebook, avec déjà une communauté qui compte à ce jour plus de 1700 membres. 

Grâce à ce groupe, on peut aussi répondre aux questions mais le principe, c'est aussi de permettre de trouver des solutions grâce à l'entraide.

On suppose qu'au-delà de solutions concrètes, c'est aussi le lieu pour partager ses interrogations, ses inquiétudes... Mais aussi sans doute de trouver du réconfort en partageant avec d'autres qui traversent ces mêmes moments difficiles.


Groupe de soutien entreprises et commerces en Gironde
https://www.facebook.com/groups/COVID19.Soutien.Entreprises.Commerces.Gironde/
 

Déconfinées ?

Pour l'instant, l'organisme relaie les préconisations du ministère et vient en soutient grâce à la plateforme via le site internet. 

Mis à jour régulièrement, « Les Essentiels de la reprise » est disponible sur le site. Au sommaire, les règles à respecter sur la sécurité sanitaire ou l’organisation interne et même des tuyaux pour optimiser internet. Le tout par secteur d’activité (commerces, CHR, entreprises de services, ...).

Cette actualité a reçu 1 000 visites en moins d’une semaine sur le site.

Comment se procurer des masques? Des protections individuelles? Des plexiglass...? Autant d'interrogations et de mises en place à configurer selon la vocation, la taille et surtout la fréquentation de son entreprise. 
Devant la difficulté ou le constat d'incompatibilité, certaines entreprises se verront dans l'incapacité de rouvrir le 11 mai prochain.


Pour les commerçants
Grâce à leur enquête et des dernières prises de contacts, la CCI devrait être en mesure de proposer, avant la fin de semaine, un autre accompagnement à ce déconfinement, notamment vers les commerçants qui pourrait rouvrir dès lundi prochain.
La CCI, en collaboration avec les associations de commerçants,  a mis en place 900 kits expérimentaux « J’aime mon commerçant » mis à disposition dès les 6 et 7 mai ou distribués aux commerçants qu’ils auront identifiés.
Dans chaque « colis », des masques chirurgicaux, un flacon de 500 ml de gel hydro alcoolique avec diffuseur, du ruban de marquage au sol pour le respect des distances de sécurité sanitaires, des affiches « Les bons conseils pour se protéger et protéger les autres » et un sticker « J’aime mon commerçant » à apposer sur les vitrines.

Cette accroche sera reprise dans une campagne sur les Réseaux sociaux pour inciter les riverains à revenir consommer chez leur commerçant grâce au #jaimemoncommerce33. Une opération qui pourra être renouvelée si le résultat est concluant.

Quid des commerces non autorisés à ouvrir ?

Les 120 élus de la CCI Bordeaux Gironde sont mobilisés pour prendre contact avec des petites entreprises implantées sur leur territoire dans des secteurs plus particulièrement affectés (commerces non alimentaires, cafés, restaurants, hôtels, secteur du tourisme en général…) et dont la réouverture n’est pas programmée au 11 mai (cafés, restaurants).

Nous allons tenir un rôle de tuteurs, c’est d’ailleurs pour cela que nous avons été élus par nos pairs 

explique Patrick SEGUIN, Président.


Pour ces élus, bénévoles, il s'agit de proposer une écoute à des dirigeants qui ne se manifestent pas d’eux-mêmes et de les diriger le cas échéant vers la Cellule de crise.

Il existe aussi une "hot line", qui avait été ouverte pour les entrepreneurs en détresse :

0 805 65 505 0.

Un dispositif national porté par l’Etat avec le soutien du réseau des CCI et CMA et l’appui de l’association APESA (Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aiguë).
 

Des entreprises qui s'adaptent

Chacund de ces entreprises doit faire du mesure. Selon leur personnel, leur espace mais surtoute le type d'activité. Et force est de constater que c'est plus facile quand on n'accueille pas de public...
 

Pour le Chalet aquitain (ancien Mauduit) à Blanquefort,

Pour ce magasin spécialisé dans la vente de chaussures pour enfants, ce 11 mai c'est la réouverture.

Pour Marli Marchyllie, la directrice, c'est une bonne nouvelle. Elle va retrouver ses quatre collaboratrices.

Durant ces journées de confinement, en chômage partiel ou garde d'enfants pour les autres, elle a maintenu le site, la gestion administrative, "seul le capitaine reste à bord..." comme elle dit. Elle a pu depuis 15 jours organiser un "clic and collect" (des commandes à venir chercher à l'extérieur) qui a permis, " à la force du poignet", de générer 15% de "ce que l'on fait normalement au mois d'avril"...

Le plus important pour elle, "ce sont les salariées". Des mesures de distanciation sont prévues, une signalétique, un sens de déambulation des clients dans le magasin de 250m², une entrée, une sortie.

"Je me suis procuré des masques  mais aussi du gel hydro-alccolique auprès d'un producteur français, quand c'est possible car les masques viennent de Chine...

Nous aurons aussi des visières parce que ce sera mieux avec les enfants. Car 60% de nos (petits) clients ont moins de 4 ans...
 Et nous pratiqueront sûrement des horaires étendus".

Elle reste positive même s'il restent quelques inconnues: 

Je n'ai pas de grosses craintes pour les mesures sanitaires que nous avons organisées... La vraie question, c'est "quelle sera la fréquentation?
 

Chez Jock, quai de Brazza à Bordeaux, l'activité n'a pas vraiment arrêté.

Il faut dire qu'au-delà de ses crèmes desserts familiales à faire soi-même qui ont fait sa renommée, l'entreprise fabrique d'autres produits tels que des levures, boulangères ou chimique, divers sucres et farines intervenants dans des préparations culinaires. Des produits très demandés en ce moment...

On n'a jamais autant bossé!

Le directeur Jean-Philippe Ballanger, l'arrière petit-fils du fondateur Raymond Boulesque, explique que chez eux, on s'est adapté dès le début aux gestes barrières. 

Mais c'est plutôt la forte demande qui a été "difficile à gérer"

On a connu +400% sur certains produits. On a vendu en six semaines ce qu'on vend habituellement en six mois!
 

Ici, dès le début, les postes de production ont été espacés dans cette usine de 3500 m². Et on a ajouté une plaque de plexiglass sur un poste où c'était nécessaire, en fin de ligne.
Le personnel administratif est en télétravail (une vingtaine de personnes) et la production, une soixantaine de personnes, a dû être réorganisée en fonction des absences  pour garde d'enfant ou fragilité (par rapport a une éventuelle exposition au virus). On a aussi instauré des primes.

Côté équipements de protection?

"Le gel hydroalcoolique, on en avait déjà. Des masques aussi, on est dans l'alimentaire...
Ils sont à disposition, je ne les ai pas rendus obligatoires car la moitié ne les supportent pas. Mais la distance, l'ergonomie des postes suffisent
".

Mais c'est avec cette explosion des demandes, en levures notamment (puisque l'entreprise est leader sur le marché français), que la production a été revue en 3x8: "aussi, pour ne pas que les gens soient trop nombreux sur le site en 
même temps"
. Et, finalement, ce sont deux équipes, une la semaine, une le week-end, qui se partagent le travail.

Décidément, cette épidémie demande à chacun de se réinventer. Pour survivre pour certains. Pour d'autres, comme ici, pour répondre à la demande et ne perdre aucun marché...


A La Compagnie du biscuit (Groupe Bouvard) à Pessac.

Alexis Dijoud, l'adjoint au responsable de production indique qu'ici aussi, les adaptations ont été organisées dès le début sur les chaînes de production.
Les postes de travail ont été espacés, la plupart du temps, et un plexiglass a été posé sur le poste où le face à face était inévitable. Une signalétique a été disposée et le port du masque, ici en tissu, est obligatoire.

Ici, sur 117 ETP (Equivalent Temps Plein), 90 personnes sont à la production.
C'est, dans un premier, temps les ressources humaines qu'il a fallu réorganiser avec 10-15% d'absentéisme (garde d'enfants ou maladie) palié avec des renforts en intérim.

Pour le 11 mai, ça ne changera rien pour nous.
On est, de toutes façons, dans une industrie agro alimentaire où les normes d'hygiène sont très présentes.

En revanche, les embauches comme la débauche se font de façon étalée pour que les gens se croisent le moins possible

Mais les choses se passent bien. On comprend...

Dans les vestiaires comme à la pause du midi, ils ont aussi demandé a chacun de respecter la distanciation et de n'être pas plus de cinq personnes dans chaque salle. Mais, d'après Alexis Dijoud, avec le rythme de la production, les pauses se font de façon décalée...

Un contexte particulier pour cette usine qui, il le rappelle, " a 85 ans"(Le Chat botté à l'époque).
Mais avec l'automatisation, la réorganisation de la cuisson, le conditionnement, ne ressemble plus à la fabrique de biscuits d'autrefois:

 Y'a encore 40 ans... ils étaient 300 ici, à produire...

Et on ne parlait sûrement pas, à l'époque, de ces "gestes barrière"...






 
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