La marque de petits trains Jouef fête ses 80 ans. Si l'entreprise emblématique du Jura a depuis quitté le pays, à Champagnole, une association continue de faire vivre la légende des petits trains "made in France". Un millier de visiteurs sont attendus pour leur exposition annuelle.
Comme Alexandre, ils sont parfois venus de loin pour admirer les plus beaux modèles de petits trains de Jouef. Le jeune homme a fait deux heures de route pour chiner dans les allées de "Jouefissimo", l'expo-bourse annuelle de l'association "Jouef-39" : "je suis un passionné !" revendique-t-il. Comme lui, ils sont un millier à être attendus pour ces deux jours de démonstration, et de chinage.
"C'est la nostalgie : c'est des produits qu'on m'a offerts quand j'étais petit, à Noël, à mon anniversaire, se souvient Alexandre, c'est quelque chose qui m'a fait grandir". D'ailleurs, s'il a pris la peine de se déplacer jusqu'à Champagnole, c'est avec un projet précis en tête : "je collectionne le dernier catalogue que Jouef a créé dans le Jura", explique-t-il. "Chaque modèle présent dans le catalogue, je vais essayer de le retrouver".
Une institution jurassienne
Si l'entreprise a quitté la France il y a plus de 20 ans, Jouef, une contraction de "Jouets" et de "Français", a longtemps été un fleuron de l'industrie dans le Jura : "Jouef est né ici, à Foncine-le-Haut et à Champagole" rapporte Jean-Michel Garnier, membre de Jouef-39. Fondée en 1944, l'entreprise est rapidement devenue un géant du modélisme et des petits trains.
"Dans les années 70-80, c'était quand même la deuxième société du Jura, derrière Solvay, et il y avait plus de 1 200 employés" rappelle Christian Grenier, co-président de Jouef-39. Lui-même a passé "28 années dans la boîte", en tant que chef d'atelier. "On était une famille, on a connu les joies et les larmes" raconte-t-il. "On fait ce qu'il faut pour que l'image reste, pour le bien local".
"Pour tous ceux qui sont du Jura, on est nés dans Jouef, et on continue dans Jouef" ajoute Jean-Michel. Plus loin, Gérard, un visiteur, confie avec émotion : "ma grand-mère, elle travaillait à domicile, comme beaucoup, elle faisait des montages de petits tracteurs". "Quand Jouef a fermé, tout le monde a pleuré" se souvient le Jurassien. Mais il a un motif de satisfaction : "mon fils travaille à Alstom, il est dans la fabrication de TGV". Une sorte de continuité.
"C'était costaud !"
L'expo-bourse fait la belle part aux pièces de la marque fabriquées dans la région. Des circuits précieusement conservés par l'association sont exposés. "Ce sont des trains qui ont 40 ans et même plus" s'émerveille Jean-Michel. "Le petit vert, ajoute-t-il en pointant un modèle du doigt, il a une soixantaine d'années. C'était costaud à l'époque, ça continue de tourner !"
"Depuis qu'ils ont été rachetés et que c'est fait en Chine, c'est plus moderne", concède Alexandre le passionné, "mais il n'y a pas le côté Made in France".
Dans les allées de la bourse, où d'autres marques et tous les types de modélismes sont représentés, les wagons Jouef se chinent pour des prix allant de 15 à 150 euros.