Face à la pénurie d'infirmiers, trois cliniques de Bordeaux misent sur le job-dating

Le métier d'infirmier est-il toujours aussi attractif ? Après la crise sanitaire, près de 40% d'entre eux veulent changer de métier, selon l'Ordre national des infirmiers. Afin de pourvoir trente postes, trois cliniques de Bordeaux organisent un job-dating, du 8 au 10 juin. 

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Pour recruter des infirmiers et infirmières, trois établissements bordelais du groupe Elsan misent sur le job-dating. Il s'agit de la clinique Saint-Augustin de Bordeaux, l’hôpital Saint-Martin à Pessac et la polyclinique Jean Villar à Bruges. 

Ces trois hôpitaux cherchent à recruter 30 personnes, en menant des premiers entretiens rapides de quelques minutes. Le prochain job-dating aura lieu jeudi 10 juin à la clinique Saint-Augustin de 13h à 16h. 

Une procédure rapide 

"On offre l'opportunité, à des professionnels ou futur professionnels, une aide pour changer de parcours, plus rapide qu'avec l'envoi d'un cv dans un établissement" souligne Delphine Berc, Directrice adjointe en charge des soins à la Polyclinique Jean Villar - Bruges

"En quatre à cinq minutes, on peut élaborer un projet professionnel avec quelqu'un qui veut intégrer un établissement, selon ses appétences, en terme de spécialités, et en tenant compte de l'organisation personnelle. C'est important aujourd'hui d'allier vie personnelle et professionnelle." ajoute-t-elle. 

Julie Lesca, infirmière depuis 13 ans, a vu passer l'annonce sur les réseaux sociaux : "j'ai un projet professionnel au long terme d'être cadre de santé, mais comme j'ai passé huit années en libéral, je préfère dans un premier temps réintégrer des services généraux en tant qu'infirmière, avant d'avoir des opportunités d'évolution si possible".  

"Aujourd'hui, nous avons une multitude de postes à proposer, de jour ou de nuit, au sein de nos établissements sur Bordeaux. Après la crise sanitaire, on s'est rendu compte que certaines de nos infirmières, qui étaient venues sur Bordeaux parce que la ville est très attractive souhaitent repartir auprès de leur famille" explique Caroline Larrouy, reponsable RH de la Polyclinique Jean Villar

→ Regardez le reportage de Marie Neuville et Thierry Gardet.

Pourquoi cette pénurie ? 

Selon des chiffres révélés par l'Ordre national des infirmiers après une consultation après de 30 000 professionnels, 40% des infirmiers interrogés indiquent vouloir changer de métier après la crise sanitaire. Ils sont également 64% à estimer que leur profession est ingrate, et même 90% jugent que la profession "n'est pas reconnue à sa juste valeur au sein du système de santé". 

"Notre métier, ce n'est pas uniquement de soigner, c'est de prendre soin. Aujourd'hui, on soigne, mais on n'a plus le temps de prendre soin, car on n'a pas les effectifs." relève Murielle Lamourelle, représentante CGT, et infirmière aux urgences du CHU de Bordeaux 

"Notre profession est basée sur le rapport humain qu'on entretien avec les gens et avec nos patients. Notre prise en charge est globale, elle ne se cantonne pas à poser une perfusion, appliquer des prescriptions médicales, etc. C'est beaucoup plus vaste", précise-t-elle. 

"Aujourd'hui, les charges de travail et le manque d'effectif font qu'on a moins le temps de se consacrer à cela. Quand vous avez choisi ce métier, il y a une désillusion, c'est-à-dire la sensation que vous passez à coté d'une partie de votre travail", ce qui explique le manque de satisfaction et les désirs de reconversion. 

Comment améliorer la situation des infirmiers ? "La reconnaissance passe par le salaire, mais pas que. Elle passe aussi par le fait qu'on est dans une profession en constante évolution, mais nos décrets n'évoluent pas avec. On se retrouve a faire des choses qui ne rentrent pas vraiment dans notre cadre de compétences. Cela ajoute une charge de travail à un champ de compétence figé, qui n'évolue pas, et les jeunes infirmiers ont l'impression de ne pas être reconnus dans ce qu'ils font. "

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