Féminicide de Mérignac : trois ministres saisissent l'inspection générale de la justice

Après la mort de Chahinez D. brûlée vive par son mari violent mardi 4 mai, Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, et Marlène Schiappa saisissent l’inspection générale de l’administration et l’inspection générale de la justice pour faire toute la lumière sur cette affaire.

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La mobilisation de trois ministres pour saisir conjointement l’inspection générale de l’administration et de l’inspection générale de la justice sur les faits criminels survenus à Mérignac, est une procédure exceptionnelle. Cette saisine pose la question sur des manquements dans cette affaire de féminicide.

Y-a-t-il eu des défaillances dans le suivi du conjoint ?

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la justice et Marlène Schiappa, Ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté saisissent l’inspection générale de l’administration et l’inspection générale de la justice afin qu’une mission d’inspection de fonctionnement soit diligentée sur les faits criminels survenus ce mardi 4 mai 2021 à Mérignac, indique un communiqué du gouvernement du jeudi 6 mai.

Cette mission aura pour objet : de vérifier les modalités de mise en œuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet, d’examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie, d’analyser les suites réservées à la plainte du 16 mars 2021 déposée par la victime, précise le communiqué.

Ce n'est pas acceptable qu'une femme meure brûlée vive en pleine rue à Mérignac en France en 2021. Cette mission d'inspection va nous aider à voir lucidement la situation.

Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté

Les inspecteurs, qui se rendront sur place dès ce jeudi 6 mai devront remettre les premières conclusions de leur mission le mardi 11 mai 2021.

Marlène Schiappa à Mérignac

Par ailleurs, Marlène Schiappa, a rencontré jeudi 6 mai à 15 heures les policiers du commissariat de Mérignac qui sont intervenus lors du drame et leur a assuré de son soutien ainsi que celui du ministre de l'Intérieur. La ministre déléguée a rappelé aux policiers "que les femmes victimes ont besoin d'eux, il y a 400 interventions par semaine en France pour des faits de violences conjugales".

Marlène Schiappa, qui a aussi rendu hommage au policier tué à Avignon, a ensuite participé à une réunion à la Préfecture de Bordeaux. Elle a présidé une rencontre avec des associations de lutte contre les violences conjugales et des députés. A l'issue de cette réunion, Marlène Schiappa a affirmé lors d'une conférence de presse que l'accueil des victimes s'est amélioré et que l'objectif est "de déployer un maximum de bracelets électroniques anti-rapprochement". Les téléphones grave danger ( TGD) font aussi partie des outils pour protéger les victimes. "Leur nombre est passé de 3 à 24 TGD mobilisés à Bordeaux", selon la ministre.

Cette visite ministérielle sur les lieux du drame survenu mardi 4 mai se déroule alors que la polémique enfle autour d'éventuelles failles dans le suivi de de son compagnon auteur présumé du féminicide. Le syndicat Alliance Police nationale a dénoncé "le laxisme de la justice", et les critiques envers le gouvernement pleuvent depuis le drame. Des responsables politiques de gauche et de droite ont appelé le gouvernement à agir fermement contre les féminicides.

"L'ex-compagnon est un malade" 

Depuis le drame, le syndicat policier Alliance dénonce "le laxisme de la justice" qui aurait dû prononcer une peine de prison "plus lourde" à l'encontre de l'ex-compagnon de la victime".

La faille, on la constate encore une fois. Cet individu a été seulement condamné à neuf mois de prison et a été libéré rapidement. Pas de contrôle judiciaire à sa sortie ni de bracelet électronique.

Sylvain Charemat, secrétaire départemental Alliance police nationale

"Un téléphone grand danger aurait dû être remis à la victime également", déplore le secrétaire départemental Alliance police nationale de Gironde.

Pour le syndicat Unité SGP Police Fo 33, "une peine plus lourde n'aurait rien changé". Selon le policier bordelais Philippe Roland, cet individu est "malade".

Tirer sur sa femme puis la brûler, ce n'est pas l'acte d'un délinquant, mais d'un individu malade qui relève de la psychiatrie. Malheureusement, on pouvait s'attendre à une récidive.

Philippe Roland, syndicat SGP Police Fo 33

Pour Philippe Roland, la question est de savoir "comment on arrive à gérer ce type d'individu. On ne peut pas mettre un policier derrière chaque personne recherchée. C'est impossible, nous ne sommes pas assez nombreux. Et nous n'avons pas de moyen d'action contre une personne qui n'est pas passée à l'acte. Encore une fois, pour ce type de profil, la question de la récidive se pose". Le syndicaliste fait le parallèle avec Romain Dupuy, interné depuis 16 ans dans une unité pour malades difficiles, à l'hôpital psychiatrique de Cadillac, en Gironde. En 2004, le jeune homme avait tué deux soignantes à Pau (Pyrénées-Atlantiques), dont une par décapitation.

Mardi 4 mai, devant le domicile de Chahinez D. , Mounir B, 44 ans, déjà emprisonné pour violences conjugales en 2020, a poursuivi sa femme.

Il a tiré plusieurs coups de feu dans ses jambes jusqu’à ce qu’elle s’effondre, l’a aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et l’a immolée par le feu.

Malgré une interdiction, le mari est entré en contact avec la victime

Selon le parquet de Bordeaux, le 25 juin 2020 à Bordeaux, le quadragénaire avait été condamné à 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis et mandat de dépôt à l’audience pour « violences volontaires par conjoint » en récidive, sur la même victime. Il avait obtenu à compter du 5 octobre une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales. Libéré le 9 décembre 2020, "il était depuis suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Gironde".

Cette mesure comprenait notamment une obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et l’interdiction de paraître à son domicile. Selon le parquet de Bordeaux qui a donné des précisions sur les faits et le suivi judiciaire dans une déclaration jeudi 6 mai à 16 heures, Mounir B. "a honoré les quatre rendez-vous fixés par la justice" depuis sa libération.

Interpellé et placé en garde à vue depuis le 4 mai, il a reconnu être "entré en contact plusieurs fois avec la victime" malgré l'interdiction tout en minimisant son intention de la tuer, "je voulais la punir", a déclaré Mounir B. lors de son audition qui pensait que "son ex-compagne avait un amant".

Le 15 mars 2021, Chahinez D. avait déposé plainte suite à une nouvelle agression de son ex-compagnon. Depuis cette plainte, Mounir B. avait disparu des radars de la police.

Chahinez ne disposait pas de téléphone grave danger (TGD) et son époux ne s’était pas vu attribuer de bracelet anti-rapprochement, "pas effectif " à l’époque.

Vous pouvez écouter l'intégralité de l'intervention de la ministre devant la presse ce jeudi 6 mai à 17 H 30 >  (Live Facebook France 3 Aquitaine)

 

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