La victime avait porté plainte à deux reprises contre son ex-conjoint pour violences conjugales. Il avait été condamné, en 2006, pour tentative d'assassinat. Ce samedi, c'est toujours l'incompréhension dans la petite commune de Saint-Laurent-d'Arce en Gironde.
Ce samedi matin, les voisins de la victime semblent choqués par le drame. L'aide à domicile Cathy Martin vivait avec sa sœur dans cette maison de Saint Laurent D'Arce. " Deux dames très gentilles, sans aucune histoire", d'après leurs témoignages, "toujours à dire bonjour, en promenant le chien...". "Des gens très calmes, ils ne racontaient pas leur vie et ne faisaient pas parler d'eux". Les voisins ont indiqué n'avoir jamais croisé l'ex-compagnon de la victime.
Le maire de la commune, Jean-Pierre Suberville, réagit au lendemain du drame. Parlant des deux sœurs, il explique ne pas les connaître personnellement, mais que "c'était une famille de Prignac-et-Marcamps, qui habitait à Saint-Laurent-d'Arce depuis un moment".
En tant que maire, il a été appelé sur place par les pompiers où il a rencontré les deux sœurs de la victime, dont celle qui l'a découverte, sans vie. "On est une commune très calme, il n'y a presque pas de délinquance. C'est inhabituel (...) Un féminicide, que ce soit à Paris, à Bordeaux ou dans un petit village, c'est un féminicide de trop".
"Elle savait que ça allait finir mal..."
Madeleine, une amie proche de la victime témoigne à son tour. "Elle m'appelait Tatie" explique-t-elle, parce qu'elle connaissait aussi sa mère, avant. "Je connais bien Cathy. Ce sont des amis de longue date. Très gentille, aimable et conviviale. Toujours prête à rendre service". Dans sa voix, en plus de la tristesse, il y a comme de la résignation.
Elle raconte que la veille du drame, le jeudi, elle lui avait raconté s'être rendue à la gendarmerie porter plainte, selon elle, pour la quatrième fois. "Je ne peux rien faire de plus", disait-elle, "je viens de porter plainte". Et l'amie de la victime d'ajouter, impuissante, "elle comptait sur la protection des gendarmes".
Avec elle, on en sait plus sur la relation entre René, l'ex-compagnon qui l'aurait assassinée ce vendredi, et la victime, Cathy. On comprend que cet homme est le premier amour de l'aide à domicile. Ils auraient fait connaissance "sur internet" alors qu'il était encore en prison. "Elle allait le voir tous les quinze jours à la prison de l'Île de Ré (...) Il était déjà jaloux". La relation a continué à sa sortie de prison. "Au début, ça se passait bien (...) Au fil du temps, il était plus agressif".
Ces derniers temps, elle confiait craindre sa violence. "Elle savait que ça allait se finir mal (...) Il lui faisait des scènes. Il ne voulait pas qu'elle le quitte. Elle commençait à avoir peur..."
Regardez le reportage d'Elise Galand et Clémence Rouher.
Connu de la police
D'après le procureur de Libourne, Olivier Kern, l'homme avait été condamné, en 2006, à 20 ans de réclusion criminelle, pour tentative d'assassinat sur une précédente compagne, en 2003. Libéré en 2017, il n'avait plus fait parler de lui jusqu'à récemment.
Cathy Martin avait porté plainte à deux reprises, en février dernier, pour avoir diffusé des images d'elle dénudée, mais également pour violences conjugales. Le couple était séparé depuis la mi-janvier.
Tuée à l'arme blanche
Ce vendredi 3 mars, le corps de cette femme de 54 ans avait été découvert, à son domicile de Saint-Laurent-d’Arce en Gironde.
Le drame s'est déroulé à la mi-journée au domicile de la victime. Selon nos informations, la victime a donné l'alerte en voyant son ex-conjoint rôder autour de son domicile. Elle a téléphoné à son actuel compagnon. Mais celui-ci, habitant loin, a prévenu sa sœur qui s'est rendue sur place, mais trop tard pour empêcher le drame.
Son ex-compagnon, âgé de 62 ans, l'avait poignardée puis égorgée avant de se pendre dans le garage attenant.
Darmanin demande une enquête interne
Ce samedi matin, le ministre de l'Intérieur réagit. Gérald Darmanin demande une enquête administrative de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), suite au meurtre de l'aide à domicile qui avait déposé deux plaintes contre son ex-conjoint.
Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.
Avec AFP