Le nombre de victimes de violences conjugales enregistrées par la police a augmenté de 21%. À Marmande, une association d'aide aux victimes explique que toutes les femmes ne portent pas plainte, par peur des représailles.
C'est un triste constat pour le département. Le Lot-et-Garonne fait partie des ceux qui enregistrent le plus de signalements pour violences conjugales.
Plus globalement, en France, la police a enregistré 208 000 victimes de violences commises par le partenaire ou ex-partenaire, soit une augmentation de 21 % par rapport à 2020.
Cette hausse significative intervient "dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie", écrit l'étude. Plus d'un quart des faits signalés sont d'ailleurs anciens, c'est-à-dire qu'ils ne datent pas de 2021.
Depuis 2016, le nombre d'enregistrements a presque doublé, toujours selon le ministère. Et les jeunes femmes sont particulièrement touchées. Ainsi, en 2021, 87 % des victimes de violences conjugales sont des femmes et la moitié des victimes ont entre 25 et 39 ans.
Le Lot-et-Garonne, frappé par les violences
Dans certains départements, les signalements sont plus nombreux. Parmi eux, un département de Nouvelle-Aquitaine : le Lot-et-Garonne. Le 47 fait partie des dix départements français les plus touchés.
Ainsi, sur 1000 Lot-et-Garonnaises de 15 à 64 ans, 10,8 femmes ont signalé des violences conjugales en 2021. La moyenne nationale est de 8,4 victimes pour 1000 femmes de 15 à 64 ans.
Les autres départements avec le plus de signalements sont : la Seine-Saint-Denis, le Nord, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, la Guyane, la Réunion et la Guadeloupe.
Les appels se multiplient à Marmande
À Marmande, dans le Lot-et-Garonne, une association écoute et protège les femmes victimes de violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. La fondatrice de SOS Accueil Maman Enfants, Annick Cornaggia note une forte augmentation des appels à l'aide. "Rien qu'hier, j'ai eu trois appels, aujourd'hui, je suis partie sur ma pause midi pour emmener une femme à la gendarmerie", raconte-t-elle, même si cette hausse est également due à la notoriété grandissante de l'association sur le territoire.
On reçoit vraiment beaucoup d'appels, ça explose par rapport aux années précédentes, je le ressens vraiment.
Annick Cornaggia, SOS Accueil Maman EnfantsFrance 3 Aquitaine rédaction web
Alors pourquoi le Lot-et-Garonne est-il particulièrement concerné par les violences conjugales ? Annick Cornaggia a du mal à l'expliquer. "Le fait qu'il y ait plus de chômage, plus de difficultés peut peut-être jouer, et puis on est un département où il y a du bon vin", avance-t-elle. L'alcool, et plus généralement les addictions, sont très présents dans les cas de violences conjugales.
"Il y a de plus en plus de drogues et d'alcool, ils sont tous dépendants, ils ne sont pas nombreux ceux qui frappent sans addiction."
Annick Cornaggia, SOS Accueil Maman Enfants
La directrice de l'association tient à préciser que les violences conjugales concernent toutes les classes sociales. Les hommes violents sont parfois des personnalités reconnues dans le quartier. "On a l'impression que certains se prennent pour les rois du monde à cause de leur bonne situation", assure-t-elle.
Toutes ne portent pas plainte
Si les signalements ont augmenté de 21% cette année en France par rapport à 2020, ils ne représentent encore qu'une infime partie des victimes. "Les victimes de violences conjugales signalent rarement aux services de sécurité les faits qu’elles ont subis", écrit l'étude du ministère de l'Intérieur. Ainsi, moins d’une victime de violences conjugales sur quatre a porté plainte en 2020, d’après l’enquête de victimation Genese.
Et Annick Cornaggia voit tous les jours sur le terrain pourquoi les femmes ne vont pas à la gendarmerie. "Elles savent qu'il sera mis en garde à vue puis il sortira au bout de quelques heures. Il saura qu'elle a porté plaine et il se vengera sur elle."
"Elles me disent qu'elles n'osent pas parce qu'elles vont s'en prendre plein la tête, et le pire, c'est que je les comprends"
Annick Cornaggia, SOS Accueil Maman EnfantsFrance 3 Aquitaine rédaction web
Selon elle, la seule solution pour lutter contre ces violences, c'est de soigner les hommes violents. "Le procureur ne les garde pas parce que les prisons sont pleines, il leur faudrait des obligations de soins à ces gens, combien sont relâchés et ne sont pas suivis...", se désole-t-elle.