Lundi 28 septembre, les bars de la métropole de Bordeaux ont dû fermer leurs portes à 22 h, selon les règles édictées par la préfecture pour limiter la propagation de la Covid-19 en Gironde. Si la mesure semble avoir été plutôt bien passée, les professionnels s'apprêtent à manifester vendredi.
"Les gens étaient assez compréhensifs, et en même temps surpris qu'on coupe vraiment à 22 h" témoigne Romain Chabrier, manager du Rockwood situé sur les quais de Bordeaux, en rangeant son établissement."Les clients ne pensaient pas que c'était vraiment réel, qu'on allait dire 'à 22 h, tout le monde dehors'".Pour ce patron de bar, l'impact de la fermeture anticipée tous les soirs sera "énorme". "Les gens ont envie de faire la fête, ils consomment et dépensent surtout après 22h".
Du côté des clients, personne ne semble se faire vraiment prier pour quitter les lieux ce lundi, mais il faut préciser que c'est une soirée généralement peu festive en temps normal.
"On voit qu'il y a vraiment des priorités entre les loisirs et le travail. Les bars ferment à 22 h, mais les transports en commun restent ouverts, et les gestes barrières n'y sont pas toujours respectés" réagit quand même un client. Il estime que les Bordelais paient aujourd'hui "les pots cassés" après "l'afflux massif de touristes qui n'ont rien respecté cet été".
→ Regardez le reportage de Julie Chapman et Camille Becchetti :
Appel à la mobilisation vendredi
Si la fermeture des bars à 22 h semble avoir été plutôt pacifique hier soir à Bordeaux, l'entrée en vigueur de cette nouvelle mesure fragilise encore un secteur déjà très affecté par la crise.
Pour faire entendre leur désarroi, les restaurateurs, patrons de bars, discothèque, mais aussi tous les artisans et commerçants sont appelés à se mobiliser vendredi 2 octobre à 11 h 45 par l'UMIH.
Ils porteront un brassard noir devant leur établissement, "en signe de deuil", pour symboliser la mort de leurs entreprises, comme l'annonce le président de l'UMIH en Gironde, Laurent Tournier.
"Depuis mars, il y a moins de faillites enregistrées par le tribunal de commerce en Gironde que les années précédentes, grâce à la perfusion du prêt garanti par l'Etat et du chômage partiel. Mais c'est comme lors d'un tsunami, quand la mer se retire...la vague va arriver dans quelques mois, et beaucoup seront submergés, ce sera l'hécatombe", souligne-t-il.
Selon Laurent Tournier, les restaurants, bars et discothèques emploient directement près de 300 000 personnes en Gironde. "Et beaucoup plus si on compte tous les emplois induits, comme le brasseur dont la production n'est pas consommé, le bateau qui ne vend pas sa pêche au restaurant, etc." énumère-t-il.
Qu'espèrent aujourd'hui les acteurs de ce secteurs, que réclament-il concrètement en manifestant ? "Une baisse de nos charges patronales ou bien de la TVA" répond Laurent Tournier.
Et dans 15 jours ?
La mesure de fermeture à 22 h des bars est en vigueur pour 15 jours, dans un premier temps. "Mais c'est une spirale infernale : si les contaminations sont en baisse, on va dire que c'est grâce à la fermeture qui sera prolongée. Et si cela grimpe, encore plus de mesures restrictives seront adoptées" déplore le représentant de l'UMIH en Gironde.Il s'interroge aussi sur l'efficacité de cette mesure :"dans les restaurants et les bars, les gestes barrières sont majoritairement très bien appliqués, même s'il peut y avoir quelques rares dérives que nous déplorons. Mais si tout ferme, les gens feront la fête de toute façon et se regrouperont chez eux, dans la rue... sans faire très attention" .