Fermeture des urgences de Sainte-Foy-la-Grande : "on sait très bien que des gens vont décéder, faute de moyens"

Depuis le 12 juillet et jusqu'à la mi-août, les urgences de l'hôpital de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) sont fermées. Sur place, élus et soignants ne cachent pas leur inquiétude.

Une nouvelle fois, les soignants vont devoir faire sans. Le service des urgences de Sainte-Foy la Grande, dans le nord Gironde, gardera portes closes une grande partie de l'été. Sa réouverture n'est pas programmée avant le 17 août. La décision prise par l'Agence régionale de Santé est justifiée par une pénurie de personnel. Mais, pour la maire, socialiste, de Sainte-Foy la Grande, c'est l'épisode de trop. Le service de l'hôpital de la commune a connu plusieurs fermetures ponctuelles ces deniers mois. Cependant, jamais sur un temps aussi long : deux semaines en 2022, déjà plus d'un mois cumulé en 2023. Pendant ce temps, les urgences sont transférées à l'hôpital de Libourne, dont dépend l'établissement de Sainte-Foy la Grande. 

"Une nouvelle fois, ce sont les Foyennes et les Foyens, ainsi que les habitants des territoires éloignés des grandes villes ou des grands centres touristiques, qui ne bénéficient pas d'une couverture médicale digne et équivalente à celle de Bordeaux ou du bassin d'Arcachon", dénonce Christelle Guionie dans un communiqué.

 "Je suis très en colère, confie la maire, ce 18 juillet, à France 3 Aquitaine. Cette situation est inacceptable pour les habitants du pays foyen. Cela fait plusieurs mois que nous attendons une solution de la part des services de l'État".

En mai 2023, déjà, avec une soixantaine de maires et élus du pays foyen, Christelle Guionie avait pris la plume pour écrire au ministre de la Santé François Braun et l'alerter sur la situation, sans résultat.

Un remaniement ministériel va se tenir. J'appelle de mes vœux que le nouveau gouvernement puisse mettre ce sujet prioritaire sur la table. 

Christelle Guionie, maire PS de Sainte-Foy la grande

à France 3 Aquitaine

Une équipe paramédicale d'urgence

Coté soignants, cette énième fermeture suscite également de nombreuses inquiétudes. "Les urgences, c'est une antenne de l'hôpital de Libourne qui a toujours plus ou moins bien fonctionné", note Carole Palus, aide-soignante à l'hôpital depuis une trentaine d'années et élue CGT. Le fait qu'il ferme a des répercussions sur le service de médecine, qui a, lui aussi, des lits qui ferment de plus en plus régulièrement". 

Depuis le 13 juillet, à défaut de médecins urgentistes, une équipe paramédicale d'urgence a été déployée par l'hôpital de Sainte-Foy. Constituée d'un(e) infirmier(e) et d'un(e) aide-soignant(e) ambulancier(e), cette EPMU est déclenchée par le 15 pour se déplacer sur les lieux d'intervention. "Cette équipe a été formée très rapidement et a énormément travaillé sur tous les protocoles, salue Carole Palus. Ce sont des agents qui sont très expérimentés aux services d'urgence. Pour autant, ce n'est pas la même offre que celle qui existait auparavant".

On part sur des situations d'urgences à l'extérieur comme pouvait faire le SMUR, sauf que là, il n'y a pas de médecin dans l'équipe. Et les EPMU fonctionnent avec un accueil d'urgence qui est fermé, les patients ne sont donc plus accueillis.

Carole Palus, aide-soignante, élue CGT à l'hôpital de Libourne

à France 3 Aquitaine

"Ce que je crains, c'est une urgence vitale"

La commune de Sainte-Foy la Grande, à la frontière entre la Gironde et la Dordogne, est à une cinquantaine de minutes de Libourne, trente de Bergerac et une heure vingt de Bordeaux. Son hôpital accueille des patients de tout le territoire.

"C'est un bassin de population très âgé, avec beaucoup de travailleurs agricoles qui n'ont pas beaucoup de moyens. Une personne de 70 ou 80 ans qui va devoir prendre sa voiture pour aller aux urgences de Sainte Foy et rouler sur 5 ou 10 km, elle le fera. Par contre, si elle doit rouler jusqu'à l'hôpital de Libourne, elle ne le fera pas", prédit Carole Palus.

Installé à Pineuil, la commune voisine de Sainte-Foy, Henri Garra, médecin généraliste, reconnaît être "stressé" par la situation. "Pour nous, et encore plus lorsque nous assurons nos gardes, les urgences, sont très, très importantes, insiste-t-il.  Lorsqu'on a un problème aigu, on a besoin d'avoir les urgences à côté pour transférer les personnes rapidement".

Ce que je crains, c'est une urgence vitale type infarctus massif ou un accident de la route très grave. En tant que médecin généraliste, je n'ai pas les moyens de sauver une vie qui doit absolument être prise en charge dans la demi-heure.

 Henri Garra, médecin généraliste à Pineuilh,

à France 3 Aquitaine

Questions sans réponses

"Il ne faut pas se le cacher, on en parle entre collègues : on sait très bien que des gens vont décéder par fautes de moyens, de soins ou de rapidité ", poursuit le médecin généraliste qui assure faire face quotidiennement à l'anxiété de ses patients. "On a des questions tous les jours. Comment on va faire, en combien de temps vous serez là ? Les patients sont angoissés et les médecins généralistes le sont au moins autant qu'eux". 

"Est-ce que le personnel va être redéployé sur Libourne, est-ce que les EPMU vont perdurer ? s'interroge de son côté Carole Palus. On espère que non, mais il y a beaucoup de questions auxquelles nous n'avons pas de réponses", regrette-t-elle.  

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