Festival Bordeaux Rock, Saison 15

L’association Bordeaux Rock, créée en 2004, célèbre le très riche passé musical de Bordeaux. Et cela fait 15 ans qu’elle se projette résolument vers l’avenir en programmant des artistes locaux pour un festival qui fait désormais référence en la matière.

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Pour cette 15 ème édition, les organisateurs ont vu plus grand, plus large : Peter Hook et Thurston Moore ont été sollicités pour encadrer nos valeureux rockers locaux. Le Festival Bordeaux Rock 2019 a été une réussite. Qui avait dit No Future ?
 


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Mercredi 16 janvier. Une semaine avant le coup d’envoi des festivités prévues du 23 au 27 janvier, l’association Bordeaux Rock nous a conviés à une soirée inaugurale à la médiathèque du Grand Parc de Bordeaux autour de l’écrivain Diego Gil pour la sortie de son livre « Bordeaux Destination Rock, 33 albums indispensables ». Un livre très attendu et déjà essentiel pour ceux que Bordeaux et la musique intéressent.
 

Avec un set acoustique du toujours étonnant Kick de Strychnine
Le groupe Strychnine est le premier groupe cité dans cet ouvrage, avec son album « Jeux Cruels », sorti en 1980. Th Da Freak, avec l’album «The Hood » sorti en 2018, est le groupe que Diego Gil a choisi pour terminer sa liste non exhaustive. 38 ans d’une période riche et intense. 38 ans d’une histoire qui décidément ne fait que commencer. 
 
Voir et revoir toutes les pochettes d’albums exposées, écouter Kick et se remémorer les groupes passés. Surveiller du coin de l’œil les nouveaux venus, ce fut finalement une introduction parfaite pour le festival Bordeaux Rock qui a eu lieu du 23 au 27 janvier. 


BORDEAUX ROCK S15E02

Mercredi 23 janvier. « Mais enfin, comment a-t-il pu ? » entendait-on en 2010 lorsque Peter Hook décida de remonter sur scène et d’interpréter les chansons de Joy Division et de New Order. La nature de ses différends avec les autres membres historiques des deux groupes sont connus et ne nous intéressent pas. En revanche, son idée initiale de jouer les morceaux de Joy Division sur scène, à l’identique des enregistrements d’époque était, elle, inédite donc intéressante. C’est ce que nous avons pu vérifier mercredi 23 janvier à la Salle des Fêtes du Grand Parc pour la soirée inaugurale du 15ème Festival Bordeaux Rock, avec un set en deux parties. New Order en apéritif, plus sautillant et facile d’accès. Et Joy Division, après un bref entracte (!), moment qu’une grande partie du public attendait manifestement avec plus d’impatience. Essai réussi, ponctué çà et là de vrais moments de grâce. Le final Love Will Tear Us Apart, repris en chœur par le public dans un débordement d’enthousiasme, a su montrer à lui seul à quel témoin incontournable de la scène britannique (et plus tard instigateur de la folie Madchester) nous avions affaire.
Joy Division est mort. New Order n’est plus vraiment New Order sans Peter Hook et sa basse. Il ne nous reste plus qu’à célébrer Peter Hook and the Light. Bless him.
 


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Jeudi 24 janvier. Comment faire un choix parmi les nombreux groupes à l’affiche de la soirée itinérante « Rock en ville » du festival ? Nous voici partis pour un parcours musical urbain dans le quartier Saint-Michel avec l’intention de faire un minimum de kilomètres à pied et de voir un maximum de groupes. Notre première destination se trouve sur le cours de la Marne, sur le lieu-même de l’ancien Saint-Ex. Il est 19h30 et Cosmopaark – un tout nouveau groupe bordelais - vient de faire son entrée sur la scène de l’Astrodome. Cosmopaark et sa pop shoegaze virevoltante sont en train d’enchanter un public déjà nombreux, dont José Ruiz, le directeur du Festival Bordeaux Rock, planté devant la scène, un sourire aux lèvres. Le groupe a laissé traîner une chanson, «Mr Bigyellowsun (démo) » pleine d’espérance sur son bancamp. D’autres enregistrements vont bientôt nous arriver, nous ont-ils assuré. 
 
Nous quittons l’Astrodome à contre-cœur. Nous ne sommes qu’au début de la soirée, et quelques rues plus loin pointpointvirgulepointvirgulecrochetparenthèse est déjà à l’Avant-Scène, cours de l’Yser, sur une scène inexistante, à touche-touche avec le public. Un vrai test que Shay et Nina ont affronté avec beaucoup de gaieté. Communicative. L’electro-pop queer qu’ils revendiquent atteint son but, chacun y trouvant son univers personnel, son histoire. Entre amour et désespoir. Verre vide contre verre plein. L’euphorie est un dosage parfois subtil.

Une demi-heure plus tard, nous nous dirigeons vers le bar Quartier Libre pour écouter le rock sophistiqué de Yyellow. Nous les avions découverts quelques jours plus tôt à La Voûte. Où nous nous étions entretenus avec Vianney, le programmateur de la salle. 

A Quartier Libre, nous avons redécouvert Yyellow, visiblement plus à leur aise. Comme s’ils avaient gagné en maturité en l’espace d’une semaine. Et pourquoi pas. S’ils continuent à ce rythme… 

A quelques encablures de là, entre la Victoire et le marché des Capucins, le sous-sol de l’Antidote est plein à craquer. Bizmiz y délivre son post punk très énervé, comme si « la prochaine seconde (n’avait) jamais été vécue par personne », comme aimait à le dire Joe Strummer. Apothéose d’une soirée rock qui suinte sous les bras. 
Les quais de Bordeaux sont noyés dans l’obscurité. Seule reste audible la musique mixée par le photographe/DJ Toums qui rayonne de la Tencha. Ce fut une belle soirée.


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Vendredi 25 janvier. L’IBOAT, un des lieux de culture bordelais les plus en vue. La programmation de Benoît Guérinault saluée par tous. Ce soir, le talentueux et multi-casquettes Milos Asian avec son rock solide ouvre la soirée. Une parenthèse rock dans un univers polymorphe dominé récemment par le reggae, avec un nouvel album « Où est Hugo Berrouet ? ». Hugo Berrouet, nom du batteur du groupe. Batteur très connu dans le monde musical bordelais. Le rock c’est sérieux mais on peut rigoler quand même. 
 

Puis arriva Tender Forever. Et ce fut comme une apparition. L’Electro pop de Mélanie Valera avait connu un retour très apprécié lors de la soirée de concerts organisés pour la réouverture de la salle des fêtes du Grand Parc le 30 juin dernier. Ce soir, c’est comme si Mélanie voulait nous emmener encore plus haut, plus loin, plus près en s’adressant longuement à son public entre deux morceaux chargés d’émotion. Le besoin de se justifier, toujours. Avec son engagement pour la cause féminine et la volonté d’afficher sa liberté de vivre sa vie de femme qui aime sa femme depuis 10 ans. 
 


BORDEAUX ROCK S15E05

Samedi 26 janvier. De retour à la salle des Fêtes du Grand Parc pour l’avant-dernière soirée du festival. En guise d’apéro, Gordon, le bondissant premier groupe de la soirée démarre le buffet à 100 à l’heure. Avec un peu d’imagination, on croirait assister au retour des Housemartins. Ces Bordelais débordent d’enthousiasme, nous livrent une musique fougueuse. Avec une ferveur contagieuse. Le lendemain de Tender Forever, l’amour pour l’éternité. Paris 0 Bordeaux 4.
Suivent les Astaffort Mods, version française autoproclamée de Sleaford Mods. Le 47 est désormais dans la place - leur album AK47 se vend d’ailleurs très bien, dixit Martial Jesus Solis, de la boutique Total Heaven.

Astaffort Mods, trois torses bombés, l’accent fier et des phrases ciselées au canif mais aussi au stylo plume. Parce que oui, il y a de la colère et de la revendication dans leurs textes. Qui donnent un écho plein d’à-propos à l’heure des Gilets Jaunes et des Grands Débats. 

On a décidément beaucoup de chance. Le rock stoner de Mars Red Sky emplit l’espace de la salle des fêtes du Grand Parc. Dix ans après son premier album et après de nombreux passages remarqués de part et d’autre de l’océan, le groupe bordelais continue d’appuyer là où ça fait du bien en jouant des mélodies lourdes et planantes. Et lentes. Ça tombe bien, personne ne semblait pressé. Avec la voix impériale de Julien Pras pour couronner l’ensemble. 
"Mindreader", extrait de l’album "APEX III (Praise For The Burning Soul)" (2016)
Plus tard, certains n’avaient d’yeux que pour les membres des Magnetix, (Looch Vibrato et Aggy Sonora) présents ce soir avec King Khan’s Louder than Death. D’autres préféraient suivre la basse de Fredovitch (The Shrines).  Et une minorité tentait de s’approcher le plus près possible de la scène pour arracher le caleçon à paillettes du chanteur néo-berlinois. En vain. Heureusement pour tous. Côté musique, on appelle ça du punk rock garage. Très solide. 
 


BORDEAUX ROCK S15E06

Dimanche 27 janvier. Le sommet du festival. Avec la sensation bordelaise Th da Freak, qui passait ce soir un vrai test sur une grande scène. Thoineau Palis, tête pensante du groupe et grand admirateur de Thurston Moore, a joué comme si sa vie en dépendait. Th da Freak, avec sous le coude un nouvel album «Freakenstein» aux mélodies pop soyeuses et exigeantes, prévu pour mars 2019. 
 Avouons-le tout de go, assister à un concert du Thurston Moore Group est une expérience jubilatoire. Il avait été annoncé qu’il mêlerait les expérimentations soniques de son projet New Noise Guitar Explorations, de compositions extraites de son dernier opus « Rock n Roll Consciousness », histoire de nous donner des repères réconfortants pendant que nous baignerons dans un océan de mélodies inconnues. Il n’en fut rien, et finalement ce fut mieux ainsi. Thurston Moore, tel un chef d’orchestre dos au public dirigeant ses musiciens d’un regard, d’un signe de tête. Une heure de concentration sans interruption, le visage grave et soudain dans une fulgurance anticipée (ou pas, « les performances ne sont jamais identiques », nous a-t-il plus tard confié), un sourire adressé à ses musiciens, au public, à lui-même. 
La musique du projet New Noise Guitar Explorations résonne encore en chacun de nous comme une marche musicale à la cadence interminable, dont on ne souhaite décidément pas de fin. Ce fut une expérience complétement inédite. Preuve ici qu’un musicien comme Thurston Moore, même avec un tel pedigree, peut aller vers des contrées encore inexplorées. CQFD. Merci beaucoup Thurston Moore. Merci beaucoup Bordeaux Rock. 
 


A voir également, "Le Supplément" du mercredi 23 janvier 2019 de France 3 Aquitaine consacré à Bordeaux Rock, présenté par Olivier Prax et réalisé par Frédéric Vincent.

 
 
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