L'homme de 35 ans a été condamné par le tribunal de Bordeaux pour un seul incendie. Il était suspecté d'être à l'origine de trois départs de feu en septembre dernier sur la commune du Teich.
Il est décrit par l'avocat général "comme un petit gars du pays, qui a la culture de la forêt, la culture de l'incendie", mais aussi comme quelqu'un "qui porte en lui une dangerosité criminologique". Au terme d'une audience de plus de 10 heures au tribunal de Bordeaux en comparution immédiate, le dossier de Damien B. a enfin été examiné vers minuit et demi, ce vendredi 11 novembre.
Les faits se sont déroulés en septembre 2022 : Alors que les incendies font rage en Gironde, trois départs de feu sont signalés les 16 et 17 septembre au Teich, sur le bassin d'Arcachon. L'enquête de la brigade de recherches d’Arcachon et de la brigade de Gujan-Mestras aboutit à l'interpellation d'un résident de la commune, le 28 septembre. Le trentenaire reconnaît les faits devant les gendarmes.
Mais lors de l'audience au tribunal vendredi, ses aveux ne sont pas pris en compte, en raison de l'absence de son avocat lors de sa garde à vue. Damien B. est donc condamné à deux ans de prison ferme et à une injonction de soins pour un seul départ de feu, celui où une vidéosurveillance le confond.
Dans son box, l'homme de 35 ans, regarde ses pieds, s'exprime parcimonieusement. Il est décrit par l'expert psychiatre comme d'une grande immaturité et fragile affectivement. Pour beaucoup, ses motivations restent encore floues. "Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ma tête, concède lui-même l'accusé, j'ai beaucoup bu, j'étais très alcoolisé."
"Ça tient de la pathologie, ils ont du mal eux-mêmes à expliquer pourquoi ils se dirigent vers ça pour exprimer quelque chose, malheureusement c'est incontrôlable", avance son avocate maître Chloé Vidal. Elle est également revenue sur "un parcours semé d'embuches" et sur son passage à l'acte comme "un exutoire de son mal-être". "Une sorte de défoulement, une pulsion qui intervient par une mise à feu, au lieu d'évacuer ses malheurs et d'essayer de les résoudre de façon constructive", a conclu l'avocate au micro de France 3 Aquitaine.
Ces départs de feu avaient d'autant plus choqué qu'ils arrivaient juste après les incendies géants de Gironde, à Landiras et à la Teste-de-Buch notamment.
Il ne pouvait pas ignorer ce qu'il s'était passé dans la région cet été, il est lui-même originaire de cette région.
avocat du Sdis, partie civileFrance 3 Aquitaine
Le représentant des pompiers a tenu à rappeler les risques pris par les soldats du feu tout l'été pour contenir les flammes. "Les pompiers se sont engagés corps et âme, on ne peut pas exclure le fait qu'ils puissent se retrouver gravement blessés, gravement brûlés, pendant ces interventions", a-t-il conclu.
Présent à l'audience, l'adjoint au maire du Teich en charge de la forêt, Luc Tharaud s'est dit "soulagé".
Le vrai soulagement, c'est qu'on avait une personne malveillante sur la commune et que cette personne a été identifiée.
Luc Tharaud, adjoint au maire du TeichFrance 3 Aquitaine
Il a également salué les mesures de suivi et de soin pour les cinq prochaines années ordonnées par le tribunal. "Ça me parait essentiel, a-t-il estimé. À chaque fois que cette personne a été simplement en prison, il n'y a pas eu d'effet derrière, et il a recommencé." L'incendiaire avait déjà été condamné à trois reprises pour des faits similaires. Sous le coup de plusieurs peines, il devrait rester en prison jusqu'en 2026.