Désormais seul maître à bord après le rachat des parts de GACP, King Street entend s'inscrire dans la durée aux Girondins de Bordeaux. Mais la situation est plus complexe.
Il en a retrouvé le sourire. Mardi, lors de sa traditionnelle conférence de presse d'avant match, Paulo Sousa a fait part de son soulagement après l'annonce du rachat des 13, 6 % des parts du club appartenant au GACP de Jo DaGrosa par King Street.
Depuis lundi, la société mondiale de gestion de placements, qui pèse dix-neuf milliards de dollars, est propriétaire du club bordelais. "Je suis heureux que ce processus soit fini. C'est une étape importante pour avoir de la stabilité. Maintenant, on doit laisser les intentions et les paroles pour passer aux actes. J'espère qu'en janvier, l'équipe pourra être renforcée pour qu'on continue notre croissance" confie l'entraîneur portugais.
Le marché hivernal des transferts en janvier sera très révélateur des intentions à court terme du nouveau propriétaire.
Objectif 20 Millions d'euros de ventes
En raison de son déficit d'exploitation, entre 30 et 35 millions d'euros, Bordeaux est sous haute surveillance depuis l'été dernier du gendarme financier du football français, la Direction Nationale du Contrôle et Gestion.
La DNCG, qui a demandé et obtenu de King Street une lettre s'engageant à combler le trou en cas de besoin, a fixé la feuille de route. Elle a été respectée l'été dernier puisque Bordeaux devait acheter au maximum pour 10 Millions d'euros et vendre pour 40 Millions d'euros.
A la clôture du marché des transferts, seuls 7 millions d'euros avaient été dépensés pour des recrues. Les ventes avaient rapporté 35 millions d'euros. Avec un gros bémol concernant le transfert de Lerager au Genoa.
Lors des négocations, prêt avec option d'achat à 7 millions d'euros, l'hiver dernier, les négociateurs bordelais n'avaient pas exigé de garantie bancaire. Résultat, le club italien n'a pas payé la première échéance de deux millions d'euros, pourtant prévue en septembre. Cet hiver, donc la DNCG souhaite voir le club continuer à dégraisser son effectif et vendre pour environ 20 millions d'euros.
Paul Baysse, Jonathan Cafu ( 130 000 euros bruts mensuels), Raoul Bellanova, entre autres sont sur le départ. Mais ils ne sont pas les seuls. S'il faut mettre sur le compte de la colère d'après défaite contre Strasbourg dimanche, l'envie du coach d'avoir beaucoup de sang neuf, un ou plusieurs joueurs clés pourraient changer d'air en janvier.
Ainsi la porte n'est pas fermée pour Otavio, si le club récupère suffisamment d'argent pour en mettre une partie sur son remplaçant. On peut aussi penser que Kamano et Pablo, sollicités l'été dernier par plusieurs clubs, vont encore regarder le marché. Des agents ont été mandatés pour trouver des points de chutes à plusieurs Bordelais.
Côté renfort, Paulo Sousa souhaite l'arrivée d'un buteur. La piste de l'international brésilien Pedro, qui joue les utilités à la Fiorentina en Italie, a été relancée. King Street pourrait faire un effort pour attirer un ou deux joueurs attractifs afin de valoriser le club.
Quant à l'entraîneur portugais, il devrait terminer la saison sur le banc bordelais. Dans son contrat, il ne possède pas officiellement de clause libératoire, illégale en France, mais selon nos informations un accord stipulant qu'il peut partir si un club met 2,5 millions d'euros sur la table, ce qui y ressemble. Le Milan AC et le Benfica Lisbonne, entre autres, sont à l'affût.
Que va faire Kingt Sreet ?
Dans le communiqué publié lundi soir sur le site du club, "King Street entend rassurer sur son engagement dans la durée au sein du club". Une position claire qui pourrait mettre un terme aux spéculations sur les réelles intentions du fonds d'investissement désormais en première ligne alors que ce n'était pas prévu il y a un an lors du rachat des Girondins.
Trois de ses représentants siègent désormais au conseil d'administration. Et l'un des patrons exécutifs de King Street a récemment rencontré au Haillan le staff technique et les joueurs pour les rassurer. Mais dans les milieux du football business, on est moins affirmatif. La porte d'une revente n'est pas fermée à moyen terme.
Seulement, il faudra y mettre le prix. King Street a mis 60 millions d'euros au pot pour acheter le club, plus au moins 2 millions d'euros pour racheter les parts de GACP. Avec le montant du déficit, on arrive à une somme astronomique de 100 millions d'euros pour racheter les Girondins, ce qui peut en décourager plus d'un.
La hausse des droits TV à partir de la saison prochaine, va normalement engendrer des recettes supplémentaires. King Street compte en partie dessus pour remettre les finances à flot.
Par ailleurs dans les coulisses du club, il se murmure que des glorieux anciens ont été approchés pour revenir aux Girondins dans un rôle à définir. Alain Giresse s'était entretenu il y a un an et demi avec Jo DaGrosa pour tenir un rôle d'ambassadeur. Mais le légendaire milieu offensif bordelais n'avait jamais été recontacté, à son grand regret.
Aujourd'hui, le nom de Bixente Lizarazu, entre autres, circule. Le Basque coche toutes les cases : sa carrière ( formé au club, champion du monde et d'Europe avec l'équipe de France notamment), sa personnalité, son très fort attachement aux Girondins et sa cote de popularité très élevée chez les fans font l'unanimité.
Rien ne dit que Liza", même s'il se tient informé de l'actualité du club sur et en dehors du terrain, accepterait car il est très attaché à ses différentes activités professionnelles et à sa liberté. Mais pour l'heure, il ne s'agit que de bruits de couloir, à modérer donc.
Le dossier explosif des Ultras
Le premier dossier à régler pour King Street est celui du conflit avec les Ultramarines. Ces derniers ne veulent plus de Frédéric Longuépée. Mais ce dernier est désormais Président Directeur Général des Girondins et donc conforté comme l'homme fort de Bordeaux.
Dans le communiqué de lundi, le club réitère sa volonté de renouer le dialogue avec les fans historiques. Mais les profondes divergences de vue, sur fond de politique du club et de refonte du département sécurité qui gère les relations avec les Ultras sont profondes. Et le virage Sud est suspendu à titre conservatoire par la commission de discipline de la Ligue depuis les incidents lors de Bordeaux-Nîmes. D'ici le 3 janvier et le prochain match à domicile contre Le Mans en coupe de France, la situation se sera peut-être apaisée. Mais il est permis d'en douter.