Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé ce 14 octobre qu'il allait déposer plainte contre Philippe Poutou, qui avait affirmé qu'une "quinzaine de jeunes (étaient) tués par la police annuellement". "Une grossière tentative d'intimidation" répond le conseiller municipal de Bordeaux.
"La police tue, évidemment la police tue. Après, on peut discuter : assassinat, meurtre, accident ou bavure, ou légitime défense bien sûr". Ce sont ces propos de Philippe Poutou (NPA), tenus hier mercredi 13 octobre sur le plateau de France Info qui ont suscité la réaction de Gérald Darmanin.
Le conseiller municipal d'opposition à Bordeaux et candidat NPA à la présidentielle a développé sa pensée : "Steve (Maia Caniço) à Nantes, à Marseille pendant une manif des Gilets jaunes une dame qui fermait ses volets, Rémi Fraisse il y a quelques années... Il faudrait avoir les chiffres précisément mais dans les quartiers populaires, c'est une quinzaine de jeunes qui sont tués par la police annuellement", a-t-il poursuivi.
?️ "Évidemment que la police tue. Il y a une violence policière" affirme, ce soir dans #VIPol, @PhilippePoutou qui ajoute "qu'elle est armée et sur-armée"
— franceinfo plus (@franceinfoplus) October 13, 2021
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Dans son intervention, Philippe Poutou faisait référence à Steve Maia Caniço, un animateur de 24 ans, disparu après une opération policière destinée à faire cesser une soirée électro en bord de Loire à Nantes dans la nuit du 21 au 22 juin 2019. Son corps a été retrouvé le 29 juillet. Un sous-préfet et un commissaire de police ont été mis en examen pour homicide involontaire dans ce dossier.
A Marseille, début décembre 2018, Zineb Redouane, une Algérienne de 80 ans, est décédée après avoir été atteinte au visage par des éclats de grenade lacrymogène dans son appartement du 4e étage, lors d'une manifestation des "gilets jaunes". L'enquête, dépaysée à Lyon, est en cours.
Rémi Fraisse, un jeune militant écologiste, a été tué par une grenade offensive en 2014 lors de violents affrontements sur le chantier du barrage controversé de Sivens dans le Tarn. La Cour de cassation a définitivement validé le 23 mars le non-lieu rendu en janvier 2018 en faveur du gendarme ayant lancé la grenade.
La réplique du Ministre de l'Intérieur
Ce jeudi matin 14 octobre sur son compte Twitter, le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'il allait déposer plainte : "Les propos de M. Poutou envers la police sont insultants et indignes d'un élu de la République. Au nom du ministère, et pour défendre l'honneur de tous les policiers, je dépose plainte".
Les propos de M. Poutou envers la police sont insultants et indignes d’un élu de la République. Au nom du ministère, et pour défendre l’honneur de tous les policiers, je dépose plainte.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 14, 2021
La plainte sera déposée pour "injure publique", a précisé son entourage à l'AFP.
De son côté, Philippe Poutou a réagi dans un communiqué sorti deux heures plus tard. Il dénonce "une grossière opération d'intimidation"
[Communiqué du @NPA_officiel]
— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) October 14, 2021
"Gérald Darmanin porte plainte contre Philippe Poutou: une grossière opération d’intimidation"
https://t.co/2kfh7pv7tp
Le conseiller municipal d'opposition à Bordeaux détaille :
Une fois de plus, le ministre de l’Intérieur cède aux pressions des syndicats de policiers, qui étaient montés au créneau quelques heures plus tôt pour dénoncer les propos de Philippe Poutou. Une énième tentative d’intimidation en somme, venue de syndicats d’extrême droite et d’un ministre à leurs ordres, qui vise à faire taire toutes celles et tous ceux qui dénoncent les violences policières et les crimes policiers.
Philippe Poutou conclut vouloir attendre de voir si Gérald Darmanin dépose effectivement plainte avant de communiquer davantage et réaffirme refuser de se laisser "intimider par ce genre de manœuvres".