Gérard Lopez compte-t-il vendre les Girondins de Bordeaux ? Une hypothèse "complètement crédible"

Gérard Lopez, propriétaire des Girondins de Bordeaux a formellement démenti toute intention d'abandonner son club. Mais pour Jean-François Brocard, économiste du sport et spécialiste du club, l'homme d'affaires prépare, au contraire, son départ. Il s'explique.

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"De mon point de vue, le départ de Gérard Lopez ne serait pas une mauvaise nouvelle". Le ton est donné. Jean-François Brocard, en sa qualité d'économiste du sport spécialisé dans le football, par ailleurs grand fan des Girondins, rappelle que l'homme d'affaires et actuel propriétaire des marines et blancs, est avant tout "un financier".

On sait très bien que ces personnes laissent les clubs en général dans des conditions exsangues

Jean-François Brocard

économiste du sport, spécialiste des Girondins

"Il n'est pas là pour les beaux yeux du club ou de la région. On sait très bien que ces personnes laissent les clubs en général dans des conditions exsangues. C'est ce qu'il avait fait à Lille, c'est ce qu'il fait une nouvelle fois aux Girondins", avance l'économiste. 

Situation inquiétante

En effet, la situation n'est pas des plus heureuses au château du Haillan. Gérard Lopez, qui s'était porté acquéreur auprès des propriétaires américains pour l'euro symbolique durant l'été 2021, n'a pas permis, trois ans plus tard, de redresser les finances et encore moins les performances sportives.

Les Girondins, relégués en 2022, voient se profiler une troisième saison en Ligue 2. Avec seulement six victoires en vingt journées, ils sont 15ᵉ du championnat. Leur aventure en Coupe de France vient de s'arrêter en 16e de finale (éliminés par Nice 3-2). Et, épinglés par la DNCG, le gendarme financier du football français, ils doivent urgemment se séparer de joueurs clés pour éponger un déficit de près de dix millions d'euros.

"C'est une lente agonie vers les abysses", se désole un supporter qui laisse éclater sa colère sur les réseaux sociaux.

"Ca fait six ans que Bordeaux a été vendu par M6, ça fait six ans que ma vie de supporter bordelais est un calvaire sans fin" dit-il. "Six ans qu'on espère et qu'à chaque fois, on est déçu (...). Aujourd'hui 15ᵉ de Ligue 2, à se battre pour le maintien contre Concarneau et Quevilly Rouen !" Un témoignage qui reflète le sentiment général dans les tribunes du Matmut Atlantique.

Un président sur le départ ?

Samedi 20 janvier, jour des 16ᵉ de finale perdue contre Nice, le journal Sud-Ouest avance l'hypothèse d'une vente. L'idée est démentie le soir même dans un communiqué du club.

"En aucun cas Gérard Lopez n'abandonnera le club" peut-on lire. L'objectif est de trouver de nouveaux investisseurs "avec pour but de donner de nouveaux moyens pour poursuivre le projet de redressement des Girondins".
Le propriétaire souhaite voir arriver de l'argent frais. Six groupes seraient potentiellement intéressés pour devenir actionnaires à ses côtés. Deux souhaiteraient prendre plus de 50 % des parts. Mais cette dernière hypothèse n'est pas privilégiée, précise le communiqué.

Pour Jean-François Brocard, un troisième scénario, celui d'un retrait à 100 % de Gérard Lopez, n'est pas à écarter. "C'est complètement crédible" estime-t-il. 
"Le club est dans le rouge, c'est évident que Gérard Lopez doit chercher une porte de sortie. On a parlé d'actionnariat minoritaire, d'un nouveau partenaire, mais peut-être que ces situations-là ont été épuisées et qu'il se tourne maintenant vers la vente". Pour l'économiste, la question aujourd'hui pour lui est plutôt de savoir dans quelle condition il va partir. "On sait que Lopez investit sur des courtes périodes, pour gagner de l'argent et réussir à faire une plus-value à la vente. Y arrivera-t-il aux Girondins ? C'est de moins en moins certain".

En quête d'investisseurs aux reins solides

L'actuel président a injecté 65 millions d'euros dans le club depuis 2021. À ce jour, il n'en a récupéré que 17. Il doit donc trouver un actionnaire capable d'éponger cette dette et enclin à mettre en place un projet pérenne. "Ce n'est pas du tout évident parce que la situation du club est vraiment très inquiétante aujourd'hui. Il perd de l'argent au quotidien, le déficit d'exploitation est abyssal et il y a très peu d'actifs. L'investisseur à venir a intérêt à avoir les reins très très solides".

L'aura internationale de la "marque" Bordeaux, qui a séduit les précédents financiers, sera-t-elle aujourd'hui suffisante pour en convaincre de nouveaux, sans aucune garantie de retour sur investissement ?

Gerard Lopez, quoi qu'il décide, doit faire vite. Car la menace d'une nouvelle rétrogradation sportive et/ou administrative existe bel et bien. Bordeaux, en National 1, risque de ne plus attirer grand monde...

 

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