Gilet jaune gravement blessé à Bordeaux : le policier mis en examen

Presque un an après les faits, l'enquête de l'IGPN connaît une avancée. Le policier qui était soupçonné d'avoir gravement blessé un gilet jaune avec un tir de LBD a été mis en examen. "La justice française n’est pas si pourrie que ça", a réagit Olivier Béziade, le gilet jaune blessé.

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Lundi7jan, "ce gardien de la paix à la carrière irréprochable, soupçonné d’avoir tiré avec un lanceur de balle de défense (LBD) dans le visage d’un gilet jaune de Bazas, Olivier Béziade, a été convoqué par la juge d’instruction Cécile Simon en charge du dossier", annonce le quotidien sur son site.
 



Contacté par téléphone, Olivier Béziade n'a pas caché sa surprise : "Vous me l’apprenez ! Je suis content que, enfin, la justice soit bonne. Il y a tellement eu de blessures par la police, à tort ou à raison... J’ai vu que beaucoup de blessures passaient à la trappe et n’étaient pas reconnues, je dis enfin !" 

"La justice française n’est pas si pourrie que ca, je n’en reviens pas ! "


“ Je suis en colère ” : l'épouse de l'homme blessé samedi à Bordeaux envisage de porter plainte

Selon Sud Ouest, "le policier a été mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 3 mois." Il n'aurait pas été suspendu de ses fonctions ni placé sous contrôle judiciaire. Contacté par téléphone, le parquet n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.

Le 12 janvier 2019, lors d'une manifestation où sont mobilisés plusieurs milliers de gilets jaunes à Bordeaux, la tension monte. Olivier Béziade, père de famille et pompier volontaire de 47 ans, est dans la foule des manifestants. Il est rue bas de la rue Sainte-Catherine. Lorsqu'il voit des policiers équipés de LBD 40, il s'engage alors rue Daurade. Il tombe alors au sol, gravement touché à la tête, et perd connaissance.

►Gilets jaunes : le témoignage Olivier Béziade, grièvement blessé après un tir de flashball à Bordeaux

Gravement blessé, Olivier Béziade avait été plongé dans le coma, victime d'une triple fracture au niveau du crâne. Une information judiciaire avait été ouverte dès le 14 janvier par le procureur de la République de Bordeaux et confiée à l'IGPN.
 

"C'est une grande avancée", avocat d'Olivier Béziade

Maître Romain Foucard, conseil d'Olivier Béziade ne cache pas sa satisfaction. « C’est une grande avancée, un grand pas, une premiere étape dans le dossier, et dans la reconnaissance des responsabilités », explique-t-il.

Quant à savoir quel est précisément le policier mis en examen, "nous avons tous vu les vidéos, j’imagine que c’est celui qui a réalisé le tir de LBD qui a atteint Olivier Béziade, puisque le premier tir de LBD ne l'avait pas touché". "Manifestement c'est celui-là, pas celui qui a lancé la grenade de désencerclement, ce qui à mon sens pose une difficulté". 

"J’estime que devrait être aussi mis en examen celui qui a lancé une grenade en cloche alors que c'est totalement interdit", ajoute Romain Foucard.


Dans une enquête du journal Le Monde diverses sources vidéo avaient permis de reconstituer les faits. Selon cette enquête deux étapes se distinguaient. Un premier tir de LBD avait, en effet, été réalisé sans toucher Olivier Béziade selon Le Monde. Un tir de grenade lacrymogène avait suivi sans toucher là non plus le pompier volontaire. Puis un autre policier de la bac (situé un peu plus en retrait) avait à son tour tiré au LBD 40, atteignant cette fois-ci le client de Romain Fourcade, selon le quotidien. Ce tir avait été suivi, quasiment simultanément, d'un jet en cloche de grenade de la part d'un autre policier. "Lorsque celle-ci explose", explique le quotidien, "Olivier Béziade est déjà étendu au sol assommé par le tir de LBD".

"On ne sait pas s'il est poursuivi, poursuit Romain Foucard, mais il devrait à minima être mis en examen pour déterminer les responsabilités. Même s'il n’a pas atteint monsieur Béziade, il faut déterminer si cette grenade  pourrait avoir eu un impact sur les préjudices de mon client au moment où elle a explosé". "On va essayer de faire en sorte que ces deux policiers s’expliquent sur ce manquement aux règles".

Prochaine étape pour Olivier Béziade et son avocat, "on va peut-être faire une demande de confrontation" explique Romain Foucard, "il faut confronter les versions devant le magistrat instructeur, et maintenant avoir la copie du dossier, une fois qu'Olivier Béziade aura lui aussi été entendu, pour pouvoir travailler sereinement". Une expertise médicale est en cours et va se poursuivre, car Olivier Béziade n’est pas "consolidé". 

"On a mis 9 mois pour avoir une mise en examen, on imagine que tout cela va encore prendre du temps", conclut l'avocat.

"C'est très très dur, je ne peux plus travailler", Olivier Béziade

Près d'un an après les faits Olivier Béziade est encore très touché. « Pendant 6 mois, je n'ai rien eu, mais maintenant, je fais tous les mois des crises d’épilepsie", raconte le père de famille. 

"J’ai un traitement à vie. J'ai fait un dossier MDPH pour être reconnu ouvrier handicapé". 


Ce matin , il nous confiait ses difficultés au quotidien. "Je suis électricien de métier et je travaillais comme agent de maîtrise en sécurité incendie. Je n’ai plus le droit de travailler. Là je fais de la rénovation pour mes beaux-parents, pour m’entretenir mais je n’arrive pas à travailler. Là, je bricole deux heures le matin et une heure l’après midi, après je suis trop fatigué », se désole Olivier Béziade.

Le témoignage d'Olivier Béziade, invité du 12/13 en Aquitaine : 
 

"A 25 mètres toucher le point visé, c'est un exploit", syndicat de police

L'agent de police, "est extrêmement affecté par les conséquences de ce tir", a expliqué son avocat à l'AFP. "Jamais il n'a voulu faire de mal. Il reconnaît son tir et sa responsabilité mais il ne comprend pas comment il a pu toucher la tête. Il visait le torse".

Contacté par téléphone Eric Marrocq, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale, "ne nie pas que le pompier ait été blessé". "Mais il faudra dit-il que, de façon précise, on délimite la volonté délibérée du policier de toucher la tête après avoir visé". "Si il y a le moindre doute, notre collègue ne devra pas être inquiété",, annonce-t-il.

"Le LBD n'est pas une arme de précision, à 25 mètres toucher le point visé, c'est un exploit", dit Olivier Marrocq.


"La mise en examen est une chose normale car il y a eu un blessé grave", dit Eric Marrocq. "Nous avons confiance en notre justice pour que cette information judiciaire puisse lever le doute sur une action délibérée ou intentionnelle d'un policier mis en examen dans cette affaire". "On attend beaucoup de cette mise en examen, on soutiendra notre policier" nous a-t-il confié.

Voyez le reportage de Guillaume Decaix et Pascal Lecuyer : 
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