Le ministre de la Justice s’est rendu à la maison d'arrêt de Gradignan, près de Bordeaux, où il a signé une charte avec les syndicats pénitentiaires. Il a évoqué les travaux de réhabilitation du site, mais aussi la nécessaire réinsertion des prisonniers. Extraits de ses déclarations.
Eric Dupont-Moretti s’est rendu à la maison d’arrêt de Gradignan ce lundi 19 avril. Il est arrivé en milieu d’après-midi, un mois après sa dernière visite à Bordeaux. Un déplacement hautement symbolique visant notamment à placer les surveillants pénitentiaires au cœur de son action.
Réhabilitation de la prison et « module respect »
Mais avant d’évoquer ce sujet, il a évoqué les travaux de réhabilitation en cours au centre pénitentiaire de Gradignan. "Vous savez qu’ici vont être engagés d’importants travaux de rénovation dans le cadre de la première tranche des travaux pour les réhabilitations des établissements pénitentiaires ", a rappelé le ministre.
Donc nous avons visité les lieux d’où vont sortir les nouveaux bâtiments, certains vont être détruits.
Il en est ensuite venu au thème de la réinsertion, dans laquelle le personnel pénitentiaire doit avoir un rôle fondamental. "Par ailleurs, [la raison] de ma présence ici, c’est également ce qu’on appelle "le module respect". C’est-à-dire une façon d’envisager la réinsertion et un personnel pénitentiaire qui donne toute son énergie pour permettre à la réinsertion d’avoir une véritable réalité tangible".
"Le surveillant ne doit pas être un porte-clefs"
Ce matin, avant l’arrivée d’Eric Dupont-Moretti, les représentants syndicaux annonçaient déjà qu’ils allaient signer cette charte.
"C’est une base de travail, et le début de quelque chose que l’on espère prometteur", estimait Hubert Gratraud, permanent du syndicat Force ouvrière (FO) Pénitentiaire de Gradignan qui a cosigné le document. Des signatures que le ministre n’a pas manqué de mettre en avant.
« J’ai eu l’honneur de signer avec les trois grandes organisations syndicales pénitentiaires une charte sur le rôle du surveillant qui ne doit pas être qu’un porte-clefs, je l’ai dit, mais qui doit être un véritable acteur de la vie pénitentiaire et du parcours des détenus notamment dans le cadre de l’évaluation du parcours du détenu lorsque se profile la fin de peine", a-t-il déclaré. "Là aussi, c’est un gage extrêmement important pour lutter contre la récidive, qui est notre préoccupation commune".
"Ce n’est pas tous les jours que les trois grands syndicats cosignent une charte"
« La charte, je le redis, c’est l’approbation des trois grands syndicats pénitentiaires", s’est réjoui Eric Dupont-Moretti. "Ce n’est pas tous les jours que les trois grands syndicats cosignent une charte. Et ce n’est pas tous les jours qu’ils cosignent une charte avec le ministre de la Justice".
Cette charte, c’est une conception nouvelle des choses, qui permet d’avantage de proximité, davantage de respect, davantage de réinsertion.
"On ne peut pas concevoir la prison sans concevoir la réinsertion", a-t-il poursuivi. "C’est un véritable travail qui a été engagé par les organisations syndicales et je les remercie infiniment, et par la chancellerie qui aboutit aujourd’hui à la signature de ce document ».
Opération séduction pour une profession qui peine à recruter ?
"Nous avons recruté 4800 personnels supplémentaires", a répondu le ministre de la Justice. "Et ce n’est pas une opération séduction. C’est une demande des organisations syndicales. Moi je suis très sensible à l’image de ces personnels pénitentiaires."
Je vais vous dire le courage qu’ils ont eu face à la Covid 19, par exemple. On l’oublie souvent.
"Il y a un taux de contamination qui est de l’ordre de 0,01 %. Ils ont maintenu les parloirs familles dans des conditions extrêmement difficiles. Il y a des agents pénitentiaires qui sont morts. Ils ont tenu cette maison. À l’étranger, quand on regarde, il y a eu des mutineries. Il n’y a pas eu cela en France. Et moi, je les félicite de ça". On se souvient pourtant de la mutinerie de la prison d'Uzerche en Corrèze. Deux bâtiments avaient été mis hors d'usage et 333 détenus avaient dû être transférés. C'était le 22 mars 2020.
"Non ce n’est pas une opération de séduction", a conclu le ministre. "C’est changer les mentalités, changer leurs conditions de travail, changer la réinsertion ».
Interrogé sur une revalorisation financière des personnels pénitentiaires, le ministre a rapidement répondu "elle est encours", avant de clore cette interview donnée à la presse.