Girondins de Bordeaux : Hatem Ben Arfa, porté disparu

Après un automne prometteur, Hatem Ben Arfa a perdu sa place de titulaire. Bouc émissaire idéal des très mauvais résultats de l'équipe ou erreur de casting? Etat des lieux au moment où Bordeaux tremble pour son avenir en Ligue 1.  

C'était l'époque où tout allait bien, celle des sourires et des amabilités. En ce début octobre, Hatem Ben Arfa est heureux d'avoir signé aux Girondins, pour un an et une année en option. Son nouveau club déploie les grands moyens pour accueillir la star. Sa conférence de presse de présentation se déroule ainsi à l'auditorium du stade Matmut Atlantique, privilège rare. Détendu, souriant, l'ancien milieu offensif de l'équipe de France (17 sélections) se dit heureux et prêt à relever le challenge bordelais :

"Bordeaux est un club historique. Beaucoup de grands joueurs sont passés ici. Je n'ai pas eu de difficultés à venir... Je veux prendre du plaisir et renvoyer la confiance que l'on me donne".   HBA assure également être venu pour travailler avec Jean-Louis Gasset et pas simplement parce que ce dernier l'a carrément qualifié de "génie du football". 

Des débuts prometteurs

A l'automne, le joyau régale à l'entraînement et en matchs. Il marque deux buts, dont un à Rennes, et écoeure ses anciens partenaires du PSG lors d'une deuxième période de haute volée au Parc des Princes (2-2) début décembre. Son entraîneur ne s'en cache pas, il construit l'équipe autour de lui de manière à le mettre dans les meilleures dispositions pour qu'il soit performant. Dans le sillage de son chef d'orchestre, Bordeaux redécouvre l'ambition. En coulisses, on parle même de haut de tableau, et de lutte pour une place européenne en fin de saison. L'intéressé donne rendez-vous au printemps en assurant lors d'une de ses très rares apparitions médiatiques que "Bordeaux sera au-dessus de ses objectifs "  (NDLR : une place dans les dix premiers).  Mais le temps va se gâter.

 

Le clash avec Koscielny

 

En fin d'année, Ben Arfa se blesse. Sans lui en janvier, Bordeaux aligne un nul et trois victoires consécutives, sa meilleure série de la saison.  Plus équilibrée, moins "Ben Arfa" dépendante, l'équipe semble plus solide et plus libérée. Quand il est rétabli, l'ancien parisien retrouve logiquement sa place, mais pas son influence. L'automne est déjà loin et il ne fait plus grand chose de bon pour un joueur de son standing. La tension monte dans le groupe. Après le triste nul 0-0 contre Marseille à domicile le 14 février, le soir où Bordeaux est proche du ridicule en étant inacapable de marquer à onze contre neuf pendant une demi-heure, c'est le clash. Dans le vestiaire, Laurent Koscielny s'en prend à Ben Arfa en lui reprochant son individualisme. Scène classique de déception d'après match? Pas simplement même si Jean-Louis Gasset dédramatise : "Hatem aurait aimé faire gagner ce match, il est parti dans l'idée de faire un exploit, ça part d'un bon sentiment".  Mais l'incident avec le capitaine va laisser des traces. Dans un groupe miné par les conflits internes, Hatem Ben Arfa peut avoir le sentiment d'être le bouc émissaire idéal des maux de l'équipe, à tort ou à raison. 

Depuis, il a perdu son statut d'incontournable. Son statut vient de changer. "Hatem a des défauts mais il fonctionne à l'affectif. Quand il sent qu'il n'a plus la confiance de son entraîneur, il se renferme et c'est fini. Cela a souvent été le cas dans sa carrière. C'est dommage car il a un immense talent", confie un bon connaisseur du joueur.

Une doublure de luxe

 

Face à Metz et le PSG, le Bordelais cire le banc de touche. Son entraîneur, qui écarte la thèse d'un problème Ben Arfa, n'élude pas complètement le sujet début mars : "lorsque ce genre de joueurs n'est pas décisif, il est plus critiqué, c'est logique".  Blessé ensuite au corps et peut-être aussi à l'âme, le soliste est sur le flanc. Quand il est de nouveau en état de jouer, son entraîneur tente de le relancer contre Strasbourg. Mais, comme la plupart de ses coéquipiers, il traverse la rencontre comme un fantôme et ne peut éviter la défaite des siens. Alors que les Girondins ont tant besoin de son talent, HAB est devenu un joueur lambda. Et dimanche dernier lors de la seizième (!) défaite bordelaise de la saison en championnat à Saint-Etienne, il cire de nouveau le banc de touche. Entré en jeu à la 57 ème minute, il n'a pas inversé le cours du match.

Et maintenant?

A six journées de la fin, Bordeaux, au bord de l'implosion,  ne possède plus que six longueurs d'avance sur le dix-huitième, synonyme de barrage pour le maintien. Avec neuf défaites sur les onze dernières journées, la dynamique est inquiétante. Et le naufrage se profile dangereusement. Le match face à Monaco dimanche sera capital pour l'avenir du club. Alors que fera Jean-Louis Gasset, toujours aussi impuissant à inverser la tendance ? Cantonnera-t-il son meneur de jeu à son rôle de doublure de luxe ou lui rendra-t-il les clés du camion?  Les séances d'entraînement de la semaine seront décisives.

Et si Bordeaux assure son maintien, que fera Ben Arfa? Son envie de continuer avec Gasset s'est fortement émoussée. Seule certitude, aucune discussion n'a été engagée avec sa direction pour lever son option d'une année supplémentaire aux Girondins. 

 

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