Girondins de Bordeaux. "Je n'imaginais pas qu'on descendrait si bas", démission de Gérard Lopez, redressement judiciaire, l'existence du club suspendue à un fil

Anciens joueurs, gros sponsor et mairie réagissent vivement au choix "unilatéral" du président des Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez de renoncer au statut professionnel du club. Une décision qui entraîne la perte de ses joueurs et de son centre de formation. Un plan social se prépare.

Bixente Lizarazu, ancien défenseur des Girondins de Bordeaux, n'y est pas allé par quatre chemins sur son compte Instagram : "Gérard Lopez compte rester président et propriétaire ? Sérieux ?" Ce Monsieur doit disparaitre de Bordeaux et du sud-ouest". Un préalable, explique le champion du monde, pour enclencher un projet de reconstruction pérenne de son club de cœur.

Un discours similaire a été tenu, le lendemain, par une autre légende du club bordelais, Alain Giresse. "Je m'associe à Bixente Lizarazu : quand on arrive à détruire un club comme celui-là, à un moment donné, il faut assumer et passer à autre chose", confie, ému, l'ancien international et milieu de terrain des Bordelais.

C'est l'abattement. Je n'imaginais pas que ce club descendrait si bas. C'est une tristesse infinie.

Alain Giresse

Ancien international des Girondins de Bordeaux

"Gérard Lopez doit tourner la page" pour Pierre Hurmic

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, n'a pas caché, lui non plus, son souhait de voir partir l'actuel président du club bordelais. Sa décision de renoncer au statut professionnel acquis par les Girondins en 1937 ne passe pas.

C'est une décision personnelle, unilatérale et brutale du président du club des Girondins.

Pierre Hurmic,

Maire de Bordeaux

"Je demande à Gérard Lopez de tirer les conséquences de cette mauvaise période et des responsabilités qu'il doit assumer", ajoute Pierre Hurmic. "Qu'il tourne la page, qu'une nouvelle page s'ouvre avec de nouveaux investisseurs, de nouveaux propriétaires du club des Girondins", conclut-il.

Le sponsor "Bistro Régent" dans l'attente

Alors que les appels de supporters à la démission du président Gérard Lopez se multiplient aussi sur les réseaux sociaux, et que plusieurs pétitions en ligne sont lancées, un autre supporter du club prend la parole. L'un des grands sponsors des Bordelais : Marc Vanhove.

Le PDG fondateur de la franchise française de restauration “Bistro Régent" regrette "une décision unilatérale" de Gérard Lopez, qu'il ne comprend pas. "Je comprends qu'il veut sauver sa peau, qu'il veut garder le club et la présidence. Il a perdu beaucoup d'argent dans le sport", confie l'homme d'affaires bordelais. "Je ne suis pas là pour lui demander de partir. Je pense que le tribunal de commerce lui demandera de passer le relais", ajoute-t-il.

J'ai mis plusieurs millions d'euros dans ce club, ça me fait mal au cœur de voir cela. Si j'avais pu reprendre ce club, je l'aurais fait, mais je ne peux pas mettre en péril mon entreprise.

Marc Vanhove

PDG de "Bistro Régent", sponsor des Girondins de Bordeaux

Pourquoi ce choix de jouer en amateur ?

Alors, comment expliquer ce choix très controversé de Gérard Lopez de renoncer au statut professionnel des Girondins de Bordeaux ? Premièrement, le club serait déjà endetté à hauteur d'environ 90 millions d'euros. Il n'a donc plus d'argent pour assurer son fonctionnement quotidien et doit alléger sa masse salariale. L'abandon du statut professionnel permet ainsi au club de se séparer des joueurs et de fermer son centre de formation, où évoluent 70 jeunes.

Cette décision devrait permettre, ce mardi 30 juillet, aux Girondins de Bordeaux de solliciter l'aide du tribunal de commerce de Bordeaux pour un placement en redressement judiciaire. Gérard Lopez devra garantir le paiement des charges et des salaires, notamment ceux des 90 employés administratifs du club.

Si le redressement judiciaire est validé, cette procédure d'une durée maximale de 18 mois permettra au club de renégocier ses dettes, avec l'aide d'un administrateur judiciaire. En revanche, si les garanties apportées sont insuffisantes, le tribunal de commerce pourrait prononcer la liquidation judiciaire, signifiant la fin du club crée en 1881, sextuple champion de France.

Quel avenir sportif ?

La saison sportive du championnat de National reprend le week-end des 17 et 18 août. Le temps presse donc pour le club qui doit présenter, d'ici là, un budget devant la DNCG. À condition que le redressement judiciaire soit accordé par le tribunal. Le passage devant la direction nationale du contrôle de gestion, le gendarme financier du football français, est prévu le 1ᵉʳ août.

La DNCG décidera aussi de la division dans laquelle peut évoluer le club. Bordeaux pourrait rester en National ou descendre en Nationale 2, voire 3. Le budget moyen des 18 clubs engagés l'an passé en National était de 5 millions d'euros. Il n'est plus que de 500 000€ en National 3.

Bordeaux devra également constituer une équipe, puisque ses joueurs, jusqu'alors sous contrats professionnels, sont désormais libres. Ils devront probablement aussi trouver un autre stade où évoluer, à défaut de pouvoir payer le loyer annuel du stade Matmut-Atlantique. Un loyer que le propriétaire, Bordeaux Métropole, propose cependant d'abaisser à 600 000€, loin des 4,7 millions d'euros initiaux.

Dans un avenir plus lointain, pour retrouver un statut professionnel, les Girondins de Bordeaux devront remonter en Ligue 2 et s'y maintenir deux saisons consécutives pour retrouver un agrément qui leur permettrait alors de rouvrir leur centre de formation. Des perspectives qui semblent lointaines à présent. L'avenir du club ressemble, d'ores et déjà, à un parcours du combattant.

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