Girondins de Bordeaux : Jean-Louis Gasset en première ligne

A sept journées de la fin du championnat, le maintien de Bordeaux en Ligue 1 n'est toujours pas assuré. Après huit défaites en dix journées, les Girondins joueront donc gros dimanche 11 avril à Saint-Etienne. Jean-Louis Gasset, qui affrontera son ancien club, doit vite trouver la solution. 

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Il fait bon être entraîneur aux Girondins de Bordeaux. On peut être à la tête d'une équipe en totale déliquescence depuis des semaines et ne pas être menacé. Si en interne dans les couloirs du Château du Haillan et dans le vestiaire, on ne complimente pas toujours l'entraîneur bordelais, et si son bilan comptable ( 36 points en 31 matchs, une place de quatorzième) ne plaide pas pour lui, son expérience, sa connaissance du jeu et des hommes sont trop importants pour imaginer son président Frédéric Longuépée le démettre de ses fonctions. Même si dans ce milieu il ne faut jamais jurer de rien, surtout si les sept points d'avance sur la dix-huitième place viennent à fondre comme la neige au soleil en ce début de printemps.


Les deux prochains matchs à Saint-Etienne ce dimanche, un concurrent direct pour le maintien, et face à Monaco à la maison le 18 avril, seront ainsi déterminants pour savoir si Bordeaux va ou non trembler jusqu'au bout.


Gasset en clair obscur
 

Dans un monde idéal, l'ancien adjoint de Laurent Blanc à Bordeaux, au PSG et en équipe de France, serait arrivé aux commandes dès début juillet l'an dernier. Tout était prêt pour qu'avec son staff, il entame la si cruciale préparation estivale. Oui mais voilà, les négociations du licenciement de Paulo Sousa, le coach alors en place, avec Frédéric Longuépée ont été interminables. Bordeaux a perdu un mois déterminant dans ce feuilleton. Résultat? Jean-Louis Gasset et ses adjoints n'ont pris leurs fonctions que début août à quelques jours à peine de la première journée de Ligue 1. Même s'il avait décortiqué des dizaines de matchs de l'équipe en vidéo, ce n'est pas l'idéal pour bien préparer une saison. 

A l'époque, l'entraîneur des Girondins connaissait la feuille de route: pas de recrutement en raison de finances dans le rouge cramoisi et un objectif très modeste pour un club de ce standing, finir dans les dix premiers en championnat.

"Jean-Louis va remettre de l'ordre et relever l"équipe", confiait à l'époque un membre du club.

Costil remis en cause

Le nouvel entraîneur découvre ses joueurs et met en pratique ses principes: pour lui, le capitaine doit être un joueur de champ et pas le gardien de but. Il s'en explique avec Benoît Costil à qui il retire le brassard pour le confier à Laurent Koscielny. A la même époque, des rumeurs insistantes évoquent un intérêt prononcé de Jean-Louis Gasset pour son ancien gardien à Saint-Etienne, le Bayonnais Stéphane Ruffier. Un double épisode très mal vécu par Benoît Costil.

Depuis, celui qui assurait toujours le service après-vente médiatique les soirs des matchs sans éluder un seul sujet, et assumer son rôle de leader de vestiaire s'est réfugié dans le silence. Et il a également pris ses distances avec son rôle si fédérateur de grand frère dans le groupe. "Benoît reste irréprochable. La preuve il a continué à être très performant malgré tout ce qui lui a dû supporter" rapporte un très bon connaisseur des arcanes du club. Benoît Costil a -t-il payé en haut lieu sa proximité professionnelle avec l'ancien entraîneur Paulo Sousa?  Ce n'est pas une hypothèse à écarter. 

Ben Arfa, Seri, des choix en questions

Début octobre, alors que les bases sont prometteuses, Bordeaux recrute Hatem Ben Arfa, "un génie du football" selon Jean-Louis Gasset. Dans le sillage de HBA, les Girondins montent en puissance, s'imposent à Rennes et font match nul à Paris. Mieux fin janvier, la sixième place devient accessible et avec elle la perspective d'une deuxième partie de saison haletante. Ben Arfa revient juste de blessure? Personne ne s'inquiète car l'équipe a remporté trois victoires consécutives sans lui en janvier. Otavio, le régulateur du milieu se blesse? Jean-Michaël Seri arrive et cela ressemble à une bonne, affaire. Mais les premiers mauvais signes sont là.
Au soir de Bordeaux-Marseille après un piteux 0-0 à onze contre neuf, Laurent Koscielny reproche à Hatem Ben Arfa son individualisme exacerbé. Une fracture qui ne resoudera pas. Pire pour celui qui était attendu comme l'homme qui allait ramener Bordeaux au sommet, "le génie" est remplaçant contre Metz et surtout contre le PSG. Un choix justifié par son manque de rythme après sa blessure selon son entraîneur. Depuis Hatem Ben Arfa, qui fonctionne beaucoup à l'affectif, n'a plus retrouvé ses fulgurances de l'automne. Face à Strasbourg dimanche dernier, il a sombré, comme ses coéquipiers, pour sa première titularisation depuis un mois.

Et que dire de Jean-Michaël Seri? L'ex milieu de terrain qui régalait Nice (2015-18) est à des années lumières de son niveau de l'époque où il fut sur les tablettes du Barça. Sa saison blanche l'an dernier à Fulham en Angleterre se fait sentir. Il n'apporte pas grand chose et semble le plus souvent à court de rythme.

Et puis Gasset se lâche

Dans un club en pleine tourmente, sportive et extra sportive, avec une ambiance délétère à tous les étages, l'entraîneur lâche une bombe atomique en pleine conférence de presse d'avant match le 19 mars. A une question sur l'avenir de Ben Arfa, il recentre le débat sur lui et annonce qu'il réserve sa réponse sur son maintien en poste la saison prochaine. Mieux, ou pire, au choix, il dézingue sa direction : "on m'avait annoncé un challenge difficile. On m'a menti  car c'est plus dur que je croyais... C'est un tout, c'est une ambiance générale. Il faut  que tout le monde soit sur la même longueur d'ondes... Il y aura des discussions avec les hauts responsables pour savoir ce que tout le monde veut faire". 

La direction du club n'a pas sauté de joie en prenant connaissance de ces propos. Mais Jean-Louis Gasset avait fait des messages à faire passer, en toute connaissance de cause et peut-être une manière de préparer sa sortie.

Dans de telles conditions de défiance, on l'imagine mal continuer la saison prochaine. Même si à Bordeaux ces dernières saisons, on n'a appris à ne jamais jurer de rien.

Mais aujourd'hui, l'essentiel est ailleurs : le maintien en Ligue 1. A Jean-Louis Gasset de trouver la solution pour éviter la catastrophe sportive et économique. Cela devient urgent.

 

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