Les syndicats enseignants appellent à un rassemblement à 14 heures devant le rectorat de Bordeaux ce mardi 2 avril pour contester la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques dans les collèges. Des mobilisations sont également organisées à Périgueux, Agen, Pau et Bayonne.
"Nous ne trierons pas nos élèves". C'est le mot d'ordre du syndicat SNES-FSU qui parle également de "choc des savoirs" pour qualifier la mise en place de groupes de niveau dans les collèges par le gouvernement, à partir de la prochaine rentrée de septembre.
Manque de moyens
"Nous sommes complètement hostiles à cette organisation de l'enseignement. Avec la note de service du 18 mars 2024, c'est clair : les groupes de niveau sont demandés dans les collèges. Et sans aucun cadrage national. Cela va augmenter l'autonomie des établissements, en fonction des moyens.
On est opposés aux groupes de niveau, car pour cela, il faudrait à minima des effectifs supplémentaires pour que cela fonctionne. C'est prévu, mais uniquement pour les élèves en difficulté, estimés en groupe de quinze. Et ce n'est pas garanti", déplore Sonia Meljac, secrétaire du SNES-FSU et professeure de lettres classiques à Mont-de-Marsan, dans les Landes.
Des classes de 30 élèves
"En Dordogne, par exemple, le groupe des élèves très faibles peut aller jusqu' 22 dans certains établissements", assure la secrétaire académique du syndicat enseignant d'Aquitaine, ajoutant que "le rectorat ne nous donne pas les moyens".
Le syndicat SNES-FSU défend le système de répartition actuel. "Dans les petits établissements ruraux, il y a 23 à 24 élèves par classe, mais en centre-ville comme à Bordeaux, les effectifs montent à plus de 30", constate la syndicaliste qui relève que la moyenne nationale est de 26 élèves par classe.
Il faut conserver des classes entières et hétérogènes, bénéfiques à tous les élèves de tous niveaux, avec des effectifs réduits à 20.
Sonia Meljac,secrétaire académique SNES-FSU Aquitaine
Le syndicat SNES-FSU de Gironde a posté un message sur son compte Facebook le lundi 1ᵉʳ avril appelant à la mobilisation contre "le tri des élèves" par groupes de niveau aujourd'hui.
🚨 À demain pour la manif en groupe de niveau : RDV 14h devant le Rectorat de #Bordeaux !#NonAuChocDesSavoirs#NousNeTrieronsPasNosEleves pic.twitter.com/yzmiDaAkys
— SNES-FSU Gironde (@SnesFSU33) April 1, 2024
Que dit l'arrêté publié ?
Dans un arrêté publié le 15 mars au JO, les collégiens seront répartis en fonction de leurs compétences.
Le texte sur l'organisation de l'enseignement dans les classes de collège a été publié au JO le 15 mars. Dans son article 4-1, il est écrit que " les enseignements communs de français et de mathématiques, sur tout l'horaire, sont organisés en groupes pour l'ensemble des classes et des niveaux du collège.
Les groupes sont constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs. Les groupes des élèves les plus en difficulté bénéficient d'effectifs réduits.
Par dérogation, et afin de garantir la cohérence des progressions pédagogiques des différents groupes, les élèves peuvent être, pour une ou plusieurs périodes, une à dix semaines dans l'année, regroupés conformément à leur classe de référence pour ces enseignements. La composition des groupes est réexaminée au cours de l'année scolaire, notamment à l'occasion des regroupements, afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves. "
Les manifestations sont prévues à 14 heures devant le rectorat à Bordeaux et devant la DSDEN à Périgueux. À Agen, la mobilisation était prévue à 8 heures. À la mi-journée, 50 % des enseignants étaient en grève dans les établissements de la région, qui ont fait remonter l'information au syndicat.
Vendredi 29 mars, lors de la visite de Nicole Belloubet, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, à Bordeaux, une délégation de professeurs s'est entretenue avec la conseillère sociale de la ministre. "La conseillère sociale nous a affirmé qu'il y avait eu des avancées, car la mention "groupe de niveau" a disparu du texte du BO. Mais la formulation signifie clairement cela selon nous. On ne partage pas son point de vue", note le syndicat.
Appel à une manifestation nationale
Une note de service, publiée au BO spécial du 18 mars 2024, a été diffusé aux chefs d’établissement et explicite comment organiser les groupes de niveau en mathématiques et en français l’an prochain.
Les futurs groupes d'élèves en français et en mathématiques en classes de 6ᵉ et de 5ᵉ seront en place dès la rentrée 2024, puis pour les classes de 4ᵉ et de 3ᵉ en 2025.
Réuni en congrès entre le 18 et le 22 mars, le SNES-FSU a appelé à une manifestation nationale, en mai ou juin, après les vacances de Printemps, la date n'est pas encore fixée.
On est déterminés à continuer, car c'est un changement profond d'orientation, et c'est inacceptable !
Sonia Meljac,secrétaire académique SNES-FSU Aquitaine
"Face à des élèves en difficulté, on va proposer des contenus moindres que pour les élèves en réussite. Le Premier ministre Gabriel Attal a bien qu'il fallait "cultiver l'excellence". Pour les meilleurs, cela risque de tourner à la compétition entre eux. Et pour le groupe d'élèves moyens ou faibles, il n'y aura plus de tête de classe. Et sans tête de classe, on est moins stimulé", conclut Sonia Meljac.
Les enseignants s'inquiètent par ailleurs de la volonté du gouvernement de faire du DNB (brevet des collèges), "une sorte de sas" avec obtention obligatoire pour intégrer la classe de Seconde. "Cela va pousser certains élèves vers l'apprentissage".