Les faits remontent au 19 septembre 2020. En pleine nuit, Amar Bey, 49 ans, est abattu de trois coups de fusil devant sa compagne, à leur domicile de Barsac. Le procès du suspect s'ouvrait ce vendredi devant les assises de la Gironde.
Au banc des accusés ce matin, le seul et unique suspect de l’affaire : Patrick Guimpier, 59 ans, ancien ouvrier viticole, collègue de travail et camarade de chasse de celui qu’il est accusé d’avoir assassiné. Dans la salle d’audience face à lui, la compagne et les enfants d’Amar Bey, venus chercher des explications à ce qui s’apparente, pour l’instant, à un meurtre gratuit.
Un profil de fêtard
Pour cette première journée d’audience, les proches de l’accusé font le portrait d’un homme jovial et festif, adepte de longs "apéros pétanque", toujours prêt à mettre l’ambiance en soirée. Patrick, ou "Patoche", a deux passions : la chasse, et les copains… le tout souvent arrosé de beaucoup d’alcool. C’est un fêtard, mais jamais agressif. Quoique, selon ses camarades de chasse, il en voulait tout de même un peu, à une personne : Amar Bey, un ancien collègue de travail. Des témoins évoquent une dispute lors d’un repas…
Ils ne s'étaient pas revus depuis trois ans, mais les deux hommes ont été proches : ils partageaient la même passion pour la chasse. C’est même Patrick qui avait aidé Amar à trouver du travail au château Menota à Barsac en 2015, où il était lui-même chef de culture. Mais en 2019, Patrick perd son emploi, et son logement de fonction. Logement attribué à un membre de la famille d’Amar Bey. De quoi entretenir du ressentiment, peut-être. De là à expliquer son geste…
« Ce ressentiment diffus est pour l’instant la seule piste que nous ayons concernant un éventuel mobile. »
Julien PloutonAvocat de la famille de la victime
Voir le rappel des faits par France 3 Aquitaine
"Patoche ? Qu'est-ce que tu fais ?"
Dans la nuit du 19 septembre 2020, Amar Bey et sa femme sont réveillés par un véhicule qui semble rôder autour de leur domicile, une maison au cœur des vignes. Pensant à un cambriolage, sur le qui-vive, l’homme s’empare de son fusil de chasse et enjambe la fenêtre de leur chambre située en rez-de-chaussée, alors que le véhicule suspect effectue un second passage. Sa compagne, restée dans la chambre, aurait entendu cette phrase prononcée par son mari : "Patoche ? Qu’est-ce que tu fais ? "… juste avant que les coups de feu ne retentissent, trois au total. Amar Bey, 49 ans et père de cinq enfants meurt sur le coup.
Un dossier accablant
"Patoche", Patrick Guimpier se rend aux forces de l’ordre dès le lendemain matin, mais nie les faits, évoquant un trou de mémoire et une soirée trop arrosée. Il devra pourtant expliquer les nombreux éléments le désignant : le sang de la victime retrouvé sur son fusil par les enquêteurs, et sur une surchemise dans sa voiture. Des éléments de géolocalisation téléphonique et de vidéosurveillance montrent qu’il se trouvait bien dans les environs au moment des faits. Sans oublier, le témoignage de la femme d’Amar Bey, qui affirme avoir aperçu son visage, avant que son mari ne soit abattu.
Le procès se tient à la Cour d’assises de Bordeaux jusqu’à mercredi. L'accusé risque la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat.