Ce dimanche 14 juillet, un feu d'artifice "hors normes" sera tiré depuis le miroir d'eau. La Ville et le prestataire de services ont une nouvelle fois travaillé sur une version "plus verte". On vous explique comment cela est possible.
Les produits s'apprêtent à être logés dans les batteries bien alignées. Sur la Garonne, ils sont nombreux à s'activer sur la barge depuis laquelle sera tiré le feu d'artifice. Sophie Debort est la gardienne de cette organisation millimétrée. Elle ne quitte pas les documents permettant de respecter le plan de tir. "On a quinze pages", résume la cheffe de tir. "Ça, c'est le feu d'artifice, produit par produit, qui se déroule en séquence". Et cette année encore, justement, certains de ces produits sont "plus verts". C'était un des vœux du maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic : proposer un feu d'artifice écoresponsable. La Ville a travaillé avec l’artificier Ruggieri pour proposer une nouvelle fois un spectacle pyrotechnique écoresponsable comme c'est le cas depuis 2021. Un feu d'artifice à 40 000 euros.
Un feu d'artifice "hors norme"
L'une de nos équipes a donc rencontré David Proteau, le directeur Général de Ruggieri, avec qui la Ville collabore depuis de nombreuses années. Le contrat a évolué depuis 2021 et l'élection de l'écologiste Pierre Hurmic, le cahier des charges s'est alourdi. Et le spécialiste de la pyrotechnie semble conquit par les avancées obtenues.
Le feu de Bordeaux c'est vraiment un feu hors norme. Il est exemplaire.
David Proteaudirecteur Général de Ruggieri
Moins de métaux lourds et de particules fines
Et pour atteindre cette exemplarité affichée, il a fallu réaliser "des tas de modifications". "Cela passe par la nécessité de revoir les compositions pyrotechniques", explique le spécialiste. "La pyrotechnie, c'est très chimique évidemment. Et en fait, il faut éviter les métaux lourds par exemple. Donc, on a travaillé des nouvelles molécules à base de nitrocellulose qui font que le feu de Bordeaux ce soir n'aura pas de métaux lourds dedans. C'est aussi un feu d'artifice qui dégagera beaucoup moins de particules fines".
C'est 20 ans de laboratoire pour sortir des produits pyrotechniques comme ceux qui sont présentés à Bordeaux.
David Proteaudirecteur Général de Ruggieri
"On a revu toutes les compositions", poursuit David Proteau. "On a banni tout ce qui est plastique, aluminium, et plomb. De manière qu’on ne rejette rien de dangereux, rien de nocif, dans la Garonne. C'est tout un investissement".
Protocole de mise à feu pour les oiseaux
Pour que la santé des oiseaux ne pâtissent pas du spectacle, un protocole de mis à feu a été conçu pour Bordeaux. "Le public va entendre au début du spectacle des coups de canon", nous dévoile David Proteau. "Il pourrait se dire, "tiens, ce sont des ratés (...)". Mais en fait, c'est pour avertir la faune que le feu d'artifice va commencer. Vous alertez pour que les oiseaux aient le temps de se réfugier, de s'en aller, sans se retrouver d'un seul coup dans le bouquet du feu d'artifice, en totale panique et en total stress".
Les codes du succès demeurent
À écouter David Proteau, on comprend bien que ce secteur est en pleine évolution. "Auparavant, une séquence de trente secondes comme celle-ci (il nous montre son ordinateur), elle dégageait 5 kg de matière plastique au-dessus de la Garonne", indique-t-il. "Aujourd'hui, elle en dégage zéro". Une avancée majeure, mais qui reste contrainte par la volonté de continuer à séduire les spectateurs.
On pourrait faire des feux d’artifice parfaitement écoresponsables, mais encore fait-il que les couleurs plaisent au public.
David Proteaudirecteur Général de Ruggieri
"L'objectif, pour nous, c'est de développer des nouvelles compositions dont les couleurs sont quand même pétillantes, vivantes et qui respectent les codes du succès d'un feu d'artifice. Par exemple, les nouvelles compositions dégagent beaucoup moins de fumée. Et la fumée a un avantage, c'est qu'elle transporte la lumière".
D'autres villes, comme Lyon et Carcassonne, ont, elles aussi, fait le choix d'un feu d'artifice écoresponsable pour le 14 juillet cette année.
"On doit encore travailler"
Entre la volonté de plaire au public, et le travail scientifique nécessaire, on comprend que beaucoup reste à faire. "Bien sûr, c'est comme les voitures", sourit le directeur général de Ruggieri. "Par exemple, on sait aujourd'hui que le vert est la couleur la moins propre en pyrotechnie", explique David Proteau. "Et c'est pour cela qu'on en met très très peu sur le feu d'artifice de Bordeaux. En réalité, la pyrotechnie doit encore investir pour être encore plus propre. On doit encore travailler. Il y a des tas de choses à faire, encore plein de pistes pour améliorer l'écoresponsabilité des feux d’artifice".
Entre un feu d’artifice d'il y a 5 ans, et un feu d'artifice aujourd'hui en 2024, vous polluez 70 % en moins.
David Proteaudirecteur Général de Ruggieri
"C'est déjà énorme", insiste David Proteau. "Mais il y a encore des efforts à faire, car le but du jeu, mon but, c'est vraiment qu'on arrive sur des feux d’artifice vraiment très propres".
Si vous souhaitez voir à quoi va ressembler ce feu d'artifice d'un nouveau genre, rendez-vous à 22 h 30 sur les quais de Bordeaux. Le feu d'artifice sera tiré à hauteur du miroir d'eau.