Kalachnikovs, fusils à pompe et lance-roquette : le cerveau présumé d'un trafic d'armes nie tout en bloc

Huit personnes âgées de 22 à 40 ans sont accusées d'avoir fourni en armes plusieurs réseaux de trafic de stupéfiants. Ils comparaissent, du 9 au 11 décembre, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux (Gironde). Au deuxième jour du procès, le principal prévenu nie être le cerveau du trafic, certains prévenus nient eux-mêmes le connaître.

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L'homme âgé de 23 ans était entendu en ce deuxième jour de procès. Gratien Truchon, alias "Barbeu" nie fermement être le chef présumé d'un trafic d'armes de guerre.

"Barbeu" est-il le "cerveau" ?

L'individu minimise ses échanges, comme étant un moyen facile d'obtenir de l'argent.

J'aime les armes, mais je n'en ai jamais vendues... à part les fusils à pompe. Je n'avais pas d'argent et il fallait que je trouve une source de revenus...

Gratien Truchon dit "Barbeu"

Chef présumé d'un trafic d'armes

L'accusé semble avoir réponse à tout. Face à la présidente, Caroline Bonicci, qui lui rappelle la teneur de ses messages explicites, il rétorque : "vous n'avez pas compris ? Je suis un voleur, un menteur, j'essaie d'endormir les gens, c'est tout !"

Ou encore, quand elle revient sur sa participation à des cambriolages pour voler des armes avec Jean-Christophe Pereira alias JC Corléone.

J'ai été condamné sans preuve. Je n'ai rien fait ! J'ai pris six mois parce que je fumais une chicha chez JC...

Gratien Truchon dit "Barbeu"

Chef présumé d'un trafic d'armes

Le procureur, David Arnaud, le questionne sur le pourquoi de cette photo de son fils, âgé de seulement quelques mois, une arme sur le ventre et une liasse de billets de 50 euros à la main. Il ne se démonte pas et précise même qu'il s'agissait d'une arme factice et que l'argent provenait de la vente de sa voiture. 

Gratien Truchon encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Audition des autres prévenus

Cette deuxième journée est consacrée à l'audition des huit prévenus. Parmi eux, certains acheteurs se retrouvent également dans le box comme Jamel Bettouati dit "La Faucheuse", condamnée à 22 ans de réclusion pour un règlement de comptes datant de 2017 et qui, depuis sa cellule, passait commande pour protéger son trafic de stupéfiants sur Toulouse.

Il était entendu ce mardi après-midi. Il nie connaître Gratien Truchon. "On ne s'est pas posé la question de savoir si quelqu'un se faisait passer pour moi...", propose-t-il comme une explication sur le fait de se retrouver aujourd'hui à la barre. 

D'où je le connais, lui ? Je suis jamais allé à Bordeaux. Je le connais pas. Je l'ai jamais vu !

Jamel Bettouati dit "La Faucheuse"

Accusé d'achat d'armes

Son avocat, Me Guerric Brouillou-Laporte, confirme que son client ne sait pas ce qu'il fait dans ce tribunal ce jour. "Monsieur Bettouati, depuis le début de la procédure, conteste le fait d'être à l'origine du trafic ou d'une partie qu'on lui impute. Il réfute être derrière cette ligne téléphonique qui lui est attribuée dans des éléments matériels qui laissent la défense perplexe".

La défense dénonce les éléments d'accusation de l'instruction "qui repose sur des bouts de ficelles : le postulat sur l'identité de la personne qui est derrière cette ligne téléphonique".

L'avocat précise également que M. Bettouati nie connaître M. Truchon et que son client n'est interrogé que sur cette personnalité du dossier, pas sur les autres. "Quand on est renvoyé pour association de malfaiteurs, ça laisse quand même songeur. Il met en avant le fait d'être là en raison de son passif et de son bilan carcéral avec l'affaire médiatique à Toulouse..."

On est là, il faut le dire, quand même un peu sur un délit de sale gueule...

Me Guerric Brouillou-Laporte

Avocat de Jamel Bettauati dit "La Faucheuse"

L'avocat souligne le fait que l'homme accusé est dans une cellule, "accessible aux mains de la justice". Et pourtant, l'avocat du prévenu incarcéré à Toulouse déplore le fait que "les vérifications élémentaires n'ont pas été faites. On aurait pu clôturer le débat sur l'identité et rien n'a été fait. On reste sur des suppositions".

Les armes, une "passion" commune

Autre audition, celle de Myron, le fils de Jean-Christophe Pereira "JC Corléone", qui témoigne, lui, de son goût commun pour les armes avec "Barbeu".

Je suis passionné d'armes et j'en parle. Truchon, c'est un ami. Il a la même passion que moi, donc on en parle.

Myron

Fils de JC Corléone et ami de Truchon

Quant au père, J.C. Pereira, il assure qu'il n'y a "rien dans ce dossier qui peut (le) rattacher à ces armes. Pas une seule fois, je propose une arme à la vente", concédant que, oui, il est "passionné". "Je parle d'armes tous les jours. Énormément".

L'homme se décrit comme un homme "un peu imbu de sa personne" et concernant les conversations captées de son véhicule, il assure : "j'aime bien jouer les gros bras et envoyer des phrases pour envoyer des phrases..."

J'aime bien faire le kakou. Si j'avais dû être condamné pour toutes les conneries que j'ai racontées dans ma voiture, je ne serais pas là que pour trafic d'armes !

Jean-Christophe Pereira

alias JC Corleone

Comme dans un film de gangsters

Dès le premier jour du procès ce 9 décembre, le ton était donné. "Barbeu", "JC Corleone", par les surnoms des protagonistes, des accusés dans cette affaire, on semble être plongé dans un mauvais film de gangsters. Mais les armes sont bien réelles. On parle ici de revente de pistolets, fusils d'assaut ou lance-roquettes. Quant au réseau ? C'est ce que devront déterminer ces trois jours de procès. Quels sont les liens et degrés d'implication de chacun.

"Barbeu", le principal prévenu et chef présumé du trafic, a déjà été condamné en 2020 par un tribunal pour enfants pour des faits passibles de 10 ans d'emprisonnement. Il encourt une peine de 20 ans de prison si la récidive est reconnue.

Autre personnage, Joana, la compagne de "Barbeu" qui, forte de sa licence de tir sportif, fait l'acquisition de onze fusils à pompe en six semaines.

Et puis, il y a aussi "JC Corléone" et son fils, un duo issu de la communauté des gens du voyage, sédentarisés en Gironde, à Saint-Médard-en-Jalles. Ce clan était, selon les enquêteurs, spécialisé dans l'approvisionnement et la vente de kalachnikovs et d'autres armes de guerre, entre mai 2022 et mars 2023. Le fruit de cambriolages minutieusement préparés, mais aussi d'achats auprès d'autres cambrioleurs ou encore d'achats bénéficiant de la complicité de tireurs sportifs.

Et puis les acheteurs qui ne semblent pas prompts à reconnaître une commande ou un achat d'arme via une messagerie cryptée.

La fin du procès est prévue ce mercredi.

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