Un homme surnommé "Le Barbeu" est soupçonné d'être à la tête d'un vaste trafic d'armes. Lui et sept autres personnes auraient fourni, ces dernières années, plusieurs réseaux de trafic de drogues. Leur procès s'ouvre, ce lundi 9 décembre, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux.
Des pistolets, des fusils d'assaut, des lance-roquettes... Voilà quelques-unes des armes qui seraient passées entre leurs mains. Huit personnes - dont six sont en détention provisoire - comparaissent, depuis ce lundi 9 décembre et pendant trois jours, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Elles auraient orchestré un trafic d'armes de grande ampleur pour le compte de réseaux criminels.
Un couple de malfaiteurs
Ce procès, qui a commencé ce lundi matin par des renvois et des nullités de la part des différents avocats, a des allures de films de gangsters, avec des prévenus aux surnoms évocateurs comme "Le Barbeu", 23 ans, l'un des pivots présumés de ce trafic d'armes. Ce jeune papa costaud à la barbe bien taillée est poursuivi pour détention, cession de matériel de guerre et association de malfaiteurs.
Déjà condamné en 2020 par un tribunal pour enfants pour des faits passibles de 10 ans d'emprisonnement, le principal prévenu encourt une peine de 20 ans de prison, si l'état de récidive est reconnu. "Son rôle pose question. Mais lui ne reconnaît pas une partie des faits qui lui sont reprochés. Il critique le rôle d'intermédiaire entre les uns et les autres. Il agissait de manière éparse et occasionnelle. L'audience aujourd'hui nous permettra de définir quel était précisément son rôle", explique Maître Takoudju.
C'est un jeune qui était connu initialement pour des délits assez banals, aujourd'hui, on est dans une case de criminalité.
Me Simon TakoudjuAvocat du prévenu "Le Barbeu"
"Est-ce qu'il y a un lien entre ces précédentes affaires et celles d'aujourd'hui ? C'est ce que le parquet essaye de nous dire, mais c'est moins sûr de notre côté de la barre", poursuit l'avocat du prévenu.
Johana, la compagne du "Barbeu", silhouette discrète à la longue queue-de-cheval noire, a acheté, avec sa licence de tir sportif, 11 fusils à pompe en six semaines, chez trois armuriers différents. Le couple prétend vivre d'aides sociales. Pourtant dans le box, "Le Barbeu" s'affiche avec un pull noir d'une marque luxueuse, coûtant environ 400 euros.
"On a fouillé chez lui, il n'y a rien"
Le couple travaillait avec "JC Corleone" et son fils, un duo issu de la communauté des gens du voyage, sédentarisés en Gironde à Saint-Médard-en-Jalles. "Il a un surnom particulier, mais il est plus important et fait plus peur que l'affaire en elle-même, confie son avocat, Maître Blazy. L'enquête présente des personnes comme des trafiquants d'armes importants, mais si on compte le nombre d'armes qui ont réellement fait l'objet d'une transaction, on a peut-être trois ou quatre armes, pas plus, déclare-t-il. On a fouillé chez lui avec un scanner pour essayer de trouver ce qui était caché, on a cherché des comptes bancaires, mais il n'y a rien".
C'est un dossier sans armes et sans argent, ce qui est assez surprenant pour un trafic d'armes.
Me Pierre BlazyAvocat de "JC Corleone"
Ce clan, selon les enquêteurs, est spécialisé dans l'approvisionnement et la vente de kalachnikovs et d'autres armes de guerre. Elles provenaient de cambriolages ciblés et minutieusement préparés, mais aussi d'achats à d'autres équipes de cambrioleurs ou encore d'achats avec la complicité de tireurs sportifs. Les faits se seraient déroulés entre mai 2022 et mars 2023.
Certains acheteurs se retrouvent également dans le box comme "La Faucheuse", condamnée à 22 ans de réclusion pour un règlement de comptes datant de 2017 et qui, depuis sa cellule, passait commande pour protéger son trafic de stupéfiants sur Toulouse.
Ils utilisaient tous des messageries cryptées et des véhicules de location pour déjouer les surveillances. Depuis leur arrestation, en mai 2023, ils ont "fermé leur gueule pour respecter la loi de la rue" comme l'explique "JC Corleone" à son fils sur des écoutes téléphoniques.