La cantine de l'école impose les paniers repas aux enfants allergiques, les parents s'insurgent

Depuis la rentrée 2022, la ville de Villenave-d'Ornon en Gironde impose aux parents des enfants sujets aux allergies alimentaires d’apporter chaque jour leur panier repas dans les cantines scolaires. Les parents sont dans l’incompréhension et réclament davantage de souplesse.

Charline est la maman d’un petit garçon de 7 ans. Son fils est allergique au kiwi. Une intolérance détectée à l’âge de 3 ans. "Liam a toujours mangé à la cantine et ça ne posait pas de soucis. Quand il y avait des kiwis, et bien, il prenait une pomme et tout se passait très bien, et puis cette année, on m’a annoncé que Liam ne pouvait plus manger normalement à la cantine et qu’il fallait que je fasse un panier repas tous les jours !".

Je connais un enfant qui est intolérant au poisson, juste au poisson ! Et bien, lui aussi doit désormais apporter son repas tous les midis !

Charline, maman d'un enfant allergique

Rédaction Web France 3 Aquitaine

La maman dénonce les conditions imposées par la municipalité de Villenave-d'Ornon, commune de la métropole bordelaise, dans ses écoles maternelles et primaires. Contactée, celle-ci explique avoir changé les règles du jeu à la rentrée 2022 à cause des pénuries de certains aliments et des problèmes de livraison liés à la guerre en Ukraine.

Ruptures alimentaires

"Nous ne sommes pas capables de savoir si ce que nous affichons comme menu sur le site des écoles sera réellement livré à cause des ruptures alimentaires. Il y en a eu beaucoup et il y en a encore dans les commandes. On ne maîtrise pas les changements, explique Nadine Dulucq, adjointe au maire en charge de la restauration scolaire.
La semaine dernière, le fournisseur a bien livré un gâteau, mais pas celui qui avait été demandé. Les allergènes sont donc différents."

Une décision qui, pour l’élue, permet d’éviter les incidents. "On a quand même de temps en temps des enfants qui vont piocher dans l’assiette de l’autre et on n’est jamais à l’abri d’une intervention des secours".

Aujourd’hui, nous ne maîtrisons pas tous les allergènes et nous préférons mettre la sécurité de l’enfant en premier.

Nadine Dulucq, adjointe en charge de la restauration scolaire

Rédaction Web France 3 Aquitaine

Un argument balayé par Marie- Pierre Chatelas-Latry. "Des problèmes de livraison, on en a toujours connu et ça n’a jamais généré une situation pareille", réplique la présidente de l’organisation Peerl qui accompagne les parents dans leur démarche. 

Les allergies alimentaires multipliées par deux en dix ans 

Œuf, lait, arachide, fruits, ces dernières années, le nombre d’allergies alimentaires a considérablement augmenté chez les enfants. En 2020, elles concernaient près de 8 % des moins de 12 ans, d’après le ministère de la Santé et de la Prévention. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans. Une situation qui pousse les collectivités à s’adapter et qui relève parfois du casse-tête.
La prise en charge peut être différente d’un endroit à l’autre. Les collectivités ne gèrent pas toutes de la même manière les protocoles d’accueil individualisés (PAI). Il s’agit d’un contrat, rédigé par le médecin scolaire, l'allergologue de l'enfant, ses parents, la direction de l'école, et parfois l'équipe de restauration, où sont mentionnées les conditions de l'accueil de l'enfant ainsi que les mises en garde spécifiques. Leur application peut varier en fonction des territoires. Certains peuvent proposer à l’élève un plat dans lequel l’aliment allergène est remplacé. Ce n’est pas l’option retenue à Villenave-d'Ornon.

Un menu pour tous et pas de cas par cas 

Avec 3 000 repas à livrer chaque jour, la municipalité affirme ne pas pouvoir mettre en place de projet individualisé. 

"Nous n’avons pas les conditions. Dans les collèges, il y a un cuisinier par établissement. Nous, c’est une liaison froide. On prépare 3 000 repas dans la cuisine centrale. Ils sont ensuite livrés dans les satellites, où ils sont réchauffés. Ce n’est pas une cuisine individualisée avec une liaison chaude", détaille Nadine Dulucq. 

Et c’est bien ce que reprochent les mamans des enfants concernés. Marie-Pierre Chatelas-Latry souhaite une réponse au cas par cas. Elle souligne qu’il n’y a que 38 dossiers de PAI alimentaires à Villenave-d’Ornon. "L’enfant doit pouvoir vivre avec son allergie. Il la connaît. Il est éduqué par ses parents, son médecin, il doit pouvoir apprendre à vivre avec et manger avec les autres en toute sécurité". 

Et la présidente de l’organisation Peerl de se référer à une circulaire du 10 février 2021. Laquelle stipule que "le panier repas n'est pas la première solution à envisager. Il doit répondre à des conditions strictes de mise en œuvre. Il convient que tout enfant ayant un régime alimentaire particulier défini dans le projet d'accueil individualisé, puisse profiter des services de restauration collective".

Un argument irrecevable pour Nadine Dulucq, qui souligne que le texte n’a aucune valeur d’obligation. L’élue en charge de la restauration scolaire, n'exclut pas de revoir sa décision dans les prochains mois si les livraisons des produits alimentaires sont "sécurisés" . 

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