La précarité de l'habitat a de lourdes conséquences sur la santé des gens du voyage. Selon une étude réalisée à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine, ils sont deux fois plus nombreux à renoncer aux soins que dans la population générale. L'association des amis des voyageurs de la Gironde réclame la création de structures d'accueil pérenne pour ces familles, très exposées aux risques environnementaux.
Ils font régulièrement les grands titres de la presse quand des dizaines de caravanes squattent un terrain privé. Pour autant, leurs conditions de vie quotidienne sont souvent méconnues. Une étude épidémiologique, menée entre novembre 2019 et mars 2022 en Nouvelle-Aquitaine par Santé publique France, démontre que les conditions d'habitat des gens du voyage ont un impact direct sur leur état de santé.
Menée sur environ un millier d'adultes et trois cents enfants, cette étude nous apprend que la moitié des majeurs interrogés déclarent un état de santé moyen à très mauvais. Ils sont aussi deux fois plus nombreux à renoncer aux soins, par rapport au reste de la population générale en France.
Difficultés d'accès aux soins
En Gironde, l’association départementale des amis du voyage a participé à cette étude en réalisant le questionnaire auprès des plus précaires, qu'ils accompagnent. Pour son président, Fabrice Lantoine, elle confirme les constatations faîtes depuis des années : plus les conditions d'habitats sont mauvaises, plus l'état de santé de ces populations se dégrade.
L'étude montre la corrélation entre l'état de santé des gens du voyage et les risques environnementaux auxquels ils sont plus exposés que le reste de la population.
Fabrice LantoineDirecteur de l’association départementale des amis du voyage en Gironde
Diabète, dépression ou obésité
Les gens du voyage vieillissent plus mal que le reste de la population et l'espérance de vie est moindre, explique Fabrice Lantoine. Parmi les adultes, 36,6 % souffrent d’obésité. Le diabète, l'hypertension et les épisodes dépressifs majeurs sont des maladies fréquentes.
Près d'une personne sur deux reconnait également avoir renoncé aux soins sur l'année écoulée. "Les gens du voyage ont du mal à effectuer des démarches de prévention pour leur santé, parfois en raison d'un problème d'illettrisme pour prendre rendez-vous. Il faut aussi trouver un praticien qui accueille ce public, et cela peut parfois être compliqué", ajoute le président de l'Adav 33.
"Pas d'équipement d'accueil sur Bordeaux"
L’association des amis des voyageurs de la Gironde s’adresse aux gens du voyage, mais aussi aux professionnels concernés du secteur comme les collectivités.
"Les gens du voyage en Gironde seraient entre 13 000 et 15 000. Il n'y a pas de statistiques officielles, explique Fabrice Lantoine. Les aires d'accueils provisoires ne sont pas assez nombreuses. Elles sont donc occupées en permanence par des familles qui n'ont pas de solutions pérennes pour s'installer", constate-t-il.
On estime donc que 300 à 500 caravanes tournent en permanence pour trouver une place dans le département.
Fabrice LantoineDirecteur de l’Adav 33
"Certes, il existe des aires de grands passages, occupées lors de grands mouvements de populations, par exemple pour des événements religieux. Mais pas assez de projets d'habitats pour les sédentaires ou semi-sédentaires, alors que la loi l'impose", ajoute Fabrice Lantoine. Il se désole de constater que Bordeaux ne dispose d'aucun équipement public pour l'accueil des gens du voyage.
L'étude de Santé publique France relève ainsi que l’insécurité du logement concernait 74 % des ménages et que 22 % n’avaient pas accès à l’eau courante.
"J'espère que cette étude va permettre d'accélérer la mise en place d'équipements d'accueil et d'habitats adéquats pour les gens du voyage. Les collectivités, l'État doivent suivre. Nous, associations, on ne fera pas tout, tout seul", alerte Fabrice Lantoine.