Depuis un mois, sur la dune du Pilat, en Gironde, les accidents de parapente se multiplient et engendrent parfois de graves blessures. Erreur de pilotage, surfréquentation, les facteurs sont nombreux et difficiles à maitriser.
A 104 mètres de hauteur, le bassin d’Arcachon se dévoilent. Les pieds dans le sable de la dune du Pilat, des dizaines de parapentistes se préparent au grand saut. Au milieu des clubs et des moniteurs proposant aux touristes un tour dans les airs, les parapentistes solitaires sont nombreux. Ici, la pratique se démocratise de plus en plus, poussée par une réglementation peu contraignante : aucun brevet n’est demandé pour exercer.
Quinze accidents en un mois
Une liberté chérie par les amoureux des sensations de vol, qui pose pourtant problème : au mois de juin, une quinzaine d'accidents de parapentes ont été recensés, dont trois, ces derniers jours. Le dernier date du 2 juillet. Un homme de 33 ans a chuté de trois mètres. Il a été transporté aux urgences d’Arcachon.
Du côté des professionnels, cette série malheureuse inquiète. “On fait de la pédagogie surtout. On communique sur les risques du site, la règlementation locale. La base, c’est le bon sens : si on ne s’en sent pas capable, ou si on ne maîtrise pas tous les éléments, on attend et on se renseigne”, indique Charlie Piccolo, gérant d’une école de parapente.
Des “retours sur expériences” sont quotidiennement menés pour identifier les facteurs qui provoquent ces accidents. “Il y a un déficit d’expérience, des facteurs météos et une méconnaissance du site”, liste Charlie Piccolo.
L'illusion du sable
Face à la mer, les pieds dans le sable, la dune offre un paysage rassurant, loin des dangers visibles de la montagne où s’exercent d’ordinaire les parapentistes. “Le sable, ça fait mal. On a l’impression qu’il va amortir la chute, mais c’est vraiment dur, surtout si on tombe de 5 mètres”, souligne Romain Nicaise, un parapentiste girondin qui passe chaque année des centaines d’heures sur la dune.
À l’illusion du sable s'ajoutent les complexités du vent. Anne Boisseaux est originaire de Chamonix, dans les Alpes. Elle s’entraîne ici pendant des heures. “La première fois que je suis venue, j’ai passé trois semaines les pieds dans le sable pour gérer la technique de vol avec ces conditions particulières”, explique la parapentiste.
On est en météo océane. Le vent fait ce qu’il veut. On voit beaucoup d’erreur de pilotages, des grosses manœuvres sans maîtrise. Il y en a beaucoup qui n’ont pas conscience du danger.
Anne Boisseaux,parapentiste originaire de Chamonix
De plus en plus de pratiquants
Des erreurs de débutants ou liées à la méconnaissance du site qui se multiplient, avec un engouement certain pour la pratique, depuis plusieurs années. “Les accidents viennent beaucoup de solos, des parapentistes qui volent seuls. Ils sont de plus en plus nombreux ici alors qu’il faut aussi composer avec les touristes sur le sable”, souligne Gabriel Bechier, moniteur de vol libre. Des adeptes qui misent aussi sur la vitesse avec des voiles spécialement conçues pour cet objectif.
Autre facteur majeur de cette accidentologie en augmentation : la météo plus défavorable cette année. “On a eu des phénomènes marginaux, des conditions météorologiques plus difficiles”, reconnaît Romain Bechier. Depuis quelques semaines, professionnels et sportifs de haut niveau le répètent à l’envi aux amateurs : avant de “dire bonjour aux mouettes”, mieux vaut se former, sur des sites plus accessibles, pour voler “sans se faire peur, ni se faire mal”.